DOI Heft:
Nr. 28 (16 Décembre 1904)
DOI Artikel:La classification des marbres, [3]
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221
La classification des marbres
(suite et fin)
Il y a élasticité notable dans les marbres
homogènes ou fortement cimentés; elle se
manifeste alors par la sonorité sous le choc
du marteau. On la voit avec évidence en fai-
sant vibrer une baguette de marbre, ce qui
donne à penser qu'on pourrait construire un
harmonica de cette matière. Nous avons pu
constater l'élasticité même au moyen d'une
baguette en griotte dont le ciment était bien
serré et adhérent. La baguette, en forme de
règle,avait lm10 de long sur 5 centimètres de
large et 2 centimètres d'épaisseur; elle
vibrait facilement d'un centimètre en son
milieu. Les marbres élastiques sont suscep-
tibles de porter une lourde charge sans se
rompre.
La flexion sans élasticité est en quelque
sorte un pli durable que la pesanteur imprime
à une plaque de marbre placée sur sa
tranche dans une situation oblique.
Le marbre homogène débité en tranche et
posé dans ces conditions se comporte comme
une feuille de carton : lentement il fléchit, se
courbe, se voile et gauchit. Nous avons
mesuré une plaque de turquin d'Ossen, elle
avait lm15 de long et 18 millimètres d'épais-
seur; sa flexion acquise était de 22 millimètres
en flèche comptée à l'intérieur.
Le tait de la cassure naturelle d'une part
et celui de la flexion de l'autre nous condui-
sent à l'étude de la passe du marbre.
Si nous considérons une masse de marbre
à sa première consolidation, son dépôt en lit,
puis la pression à laquelle elle sera soumise
produiront une fissilité naturelle, parallèle
au plan horizontal. Cette fissilité sera d'au-
tant plus manifeste que le dépôt aura été plus
fortement ou plus longtemps pressé dans cette
position primitive. Si, par la suite, le plan de
stratification est déplacé, et il l'est parfois
jusqu'à occuper une position presque verti-
cale, les parties dont se compose la masse
que nous examinons seront dérangées de leur
équilibre, et, à la longue, un nouveau plan de
fissilité se produira et il sera encore paral-
lèle au plan horizontal. Ces deux plans se
coupent dans un certain angle et la masse se
débite alors en rhomboïdes.
Certains amas de marbres ont subi posté-
rieurement à leur dépôt une sorte de tor-
sion qui a produit une disposition fibreuse,
noueuse, ronceuse, très nuisible au travail.
D'autres, par suite de leur composition frag-
mentaire ou des circonstances de leur conso-
lidation, n'ont pas de plan de fissilité défini.
En vue de la facilité du travail, de la soli-
dité de la pose et de la bonne conservation
des pièces travaillées, il importe de connaître
les plans de fissilité quand ils existent ; en
effet,une plaque de marbre sciée et polie dans
le sens de la fissilité, appuyée à ses bords
seulement, fléchira à la longue en forme d'arc
sans perdre de sa solidité, quoique sans élasti-
cité; par contre, le même marbre scié et poli
en plaque perpendiculaire au plan de fissilité,
puis posé dans les mêmes conditions d'équi-
libre, se disloquera et se rompra certaine-
ment.
Dès lors, nous devons définir ce que les
marbriers entendent par passe et contre-
passe.
La passe est le plan de plus facile fente, ce
(pie nous venons de nommer le plan de fissi-
lité (1).
Un marbre peut avoir deux passes : Tune
parallèle au joint de stratification, joint mar-
qué par un lit de fossiles ou d'une matière
différente de la couche (schiste, argile) ou par
un défaut de continuité dans la substance;
l'autre, parallèle au lit de carrière. Le savoir-
faire des marbriers le leur fait aisément
reconnaître. Le bloc de marbre est le plus
souvent extrait en tenant compte de la passe
qui en forme le plus grand côté. Les marbres
amygdalins si répandus dans les Pyrénées
ont d'habitude les deux passes, et les ovoïdes
ou amandes dont ils se composent ont pres-
que toujours leur grand axe dans le sens de
(1) La définition manque dans Littré, mais il cite contre-
passe : « Sciera contre-passe, scierie marbre en débitant les
tranches sur la hauteur du bloc. >»
La classification des marbres
(suite et fin)
Il y a élasticité notable dans les marbres
homogènes ou fortement cimentés; elle se
manifeste alors par la sonorité sous le choc
du marteau. On la voit avec évidence en fai-
sant vibrer une baguette de marbre, ce qui
donne à penser qu'on pourrait construire un
harmonica de cette matière. Nous avons pu
constater l'élasticité même au moyen d'une
baguette en griotte dont le ciment était bien
serré et adhérent. La baguette, en forme de
règle,avait lm10 de long sur 5 centimètres de
large et 2 centimètres d'épaisseur; elle
vibrait facilement d'un centimètre en son
milieu. Les marbres élastiques sont suscep-
tibles de porter une lourde charge sans se
rompre.
La flexion sans élasticité est en quelque
sorte un pli durable que la pesanteur imprime
à une plaque de marbre placée sur sa
tranche dans une situation oblique.
Le marbre homogène débité en tranche et
posé dans ces conditions se comporte comme
une feuille de carton : lentement il fléchit, se
courbe, se voile et gauchit. Nous avons
mesuré une plaque de turquin d'Ossen, elle
avait lm15 de long et 18 millimètres d'épais-
seur; sa flexion acquise était de 22 millimètres
en flèche comptée à l'intérieur.
Le tait de la cassure naturelle d'une part
et celui de la flexion de l'autre nous condui-
sent à l'étude de la passe du marbre.
Si nous considérons une masse de marbre
à sa première consolidation, son dépôt en lit,
puis la pression à laquelle elle sera soumise
produiront une fissilité naturelle, parallèle
au plan horizontal. Cette fissilité sera d'au-
tant plus manifeste que le dépôt aura été plus
fortement ou plus longtemps pressé dans cette
position primitive. Si, par la suite, le plan de
stratification est déplacé, et il l'est parfois
jusqu'à occuper une position presque verti-
cale, les parties dont se compose la masse
que nous examinons seront dérangées de leur
équilibre, et, à la longue, un nouveau plan de
fissilité se produira et il sera encore paral-
lèle au plan horizontal. Ces deux plans se
coupent dans un certain angle et la masse se
débite alors en rhomboïdes.
Certains amas de marbres ont subi posté-
rieurement à leur dépôt une sorte de tor-
sion qui a produit une disposition fibreuse,
noueuse, ronceuse, très nuisible au travail.
D'autres, par suite de leur composition frag-
mentaire ou des circonstances de leur conso-
lidation, n'ont pas de plan de fissilité défini.
En vue de la facilité du travail, de la soli-
dité de la pose et de la bonne conservation
des pièces travaillées, il importe de connaître
les plans de fissilité quand ils existent ; en
effet,une plaque de marbre sciée et polie dans
le sens de la fissilité, appuyée à ses bords
seulement, fléchira à la longue en forme d'arc
sans perdre de sa solidité, quoique sans élasti-
cité; par contre, le même marbre scié et poli
en plaque perpendiculaire au plan de fissilité,
puis posé dans les mêmes conditions d'équi-
libre, se disloquera et se rompra certaine-
ment.
Dès lors, nous devons définir ce que les
marbriers entendent par passe et contre-
passe.
La passe est le plan de plus facile fente, ce
(pie nous venons de nommer le plan de fissi-
lité (1).
Un marbre peut avoir deux passes : Tune
parallèle au joint de stratification, joint mar-
qué par un lit de fossiles ou d'une matière
différente de la couche (schiste, argile) ou par
un défaut de continuité dans la substance;
l'autre, parallèle au lit de carrière. Le savoir-
faire des marbriers le leur fait aisément
reconnaître. Le bloc de marbre est le plus
souvent extrait en tenant compte de la passe
qui en forme le plus grand côté. Les marbres
amygdalins si répandus dans les Pyrénées
ont d'habitude les deux passes, et les ovoïdes
ou amandes dont ils se composent ont pres-
que toujours leur grand axe dans le sens de
(1) La définition manque dans Littré, mais il cite contre-
passe : « Sciera contre-passe, scierie marbre en débitant les
tranches sur la hauteur du bloc. >»