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Journal de la marbrerie et de l'art décoratif: bimensuel — 1.1903-1904 (Nr. 1-28)

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Nr. 9 (1er Mars 1904)
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Biographie, [2]: Xavier Schœllkopf
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https://doi.org/10.11588/diglit.17192#0078

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longtemps? N'est-ce pas une révolution con-
tre cet esprit pratique - l'horrible mot en
art! — qui domine ces dernières années?
L'utilitarisme, cet ennemi irréconciliable de
l'idéal et du beau, gagnait trop de terrain, on
y a opposé le style moderne qui est, au point
de vue industriel propre, son antipode.

Pour concilier les deux élé-
ments de tout travail : la pensée
qui guide et la main ou l'outil
qui exécute, la conception et la
réalisation pratique, il faut sa-
crifier beaucoup de l'un à l'au-
tre.

Les lignes du genre esthétique
ne sont harmonieuses que gran-
des; les courbes, les arêtes, les
saillies capricieuses lui sont chè-
res, et ces particularités obligent
l'industriel, travaillant une ma-
tière non malleable, à sacrifier
un déchet énorme qui doit figu-
rer dans le prix de vente.

C'est pour cela même que nous
estimons que le style moderne ne
fait que traverser une époque
transitoire. Sa beauté, bien con-
çu, est indiscutable, le consacre
et l'impose. Mais il faudra que ce
style cède en partie au point de
vue de l'exécution ; il fera un
pas dans ce sens, l'industriel fera
l'autre en modifiant, en appro-
priant ses outils, en y formant
ses ouvriers.

Xavier Schœllkopf a pu don-
ner la mesure de son talent, et
nous croyons bien qu'il n'a pas
toujours rencontré les « pierres d'achoppe-
ment » auxquelles se buttent tant d'archi-
tectes.

La merveille d'hôtel qu'il fit pour Yvette
Guilbert en serait une preuve.

La façade que nous reproduisons éveille à
l'esprit l'idée de répulsion, de mépris des
lignes banales, mais elle n'a rien de l'extra-
vagance qui brise le charme de tant d'oeuvres
de style moderne, qui pourraient être jolies
sans la forme outree/|u'on leur donne.

Schœllkopf dit : «Je ne ferai pas avive chose,
je ferai mieux. »

Les saillies jaillissent d'elles-mêmes, les
lignes sont caressantes, prennent forme gra-
duellement, toujours liées à la matière dont
elles naissent ; les contours se fondent dans
une harmonie qui, bien que douce, ne relève

pas de mollesse ou de manque de caractère.

Voilà la vraie forme du style moderne —
du style Viollet-le-Duc, puisque l'immortel
artiste en fut l'initiateur. — C'est simple et
beau, vivant et expressif.

Peut-être la ferronnerie du «bowwindow»,
que l'on remarquera, rappelle-t-elle ces bal-
cons espagnols où Henri Pille, sous sa plume
fouilleuse et délicate, aimait à faire apparaître
la silhouette gracieuse d'une Carmencita
écoutant l'aubade de son amant, mais la mine
 
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