DOI Heft:
Nr. 21 (1er Seotenbre 1904)
DOI Artikel:Carrare, [1]
DOI Seite / Zitierlink:https://doi.org/10.11588/diglit.17192#0172
chicanes sans nombre et usent à la solution
des procès le meilleur de leur* énergie et des
profits de leur travail.
Et pourtant, si nous les prenons tous indi-
viduellement, nous pouvons dire que les
maîtres de carrières sont intelligents, très
intelligents même, ce qui est d'ailleurs une
des qualités de la race; mais l'initiative leur
manque terriblement.
Pour en citer un exemple frappant, il nous
suffira de dire que le lil hélicoïdal était
employé depuis plus de vingt ans dans toutes
les carrières de l'Europe avant de l'être à
Carrare. Tous les efforts pour faire com-
prendre aux patrons de Carrare les immenses
avantages de l'emploi de ce mince fil d'acier
de 4 à 5 millimètres d'épaisseur, qui coupe où
l'on veut les roches de marbre,avaient échoué
devant des objections puériles : difficultés de
monter l'eau et le sable, de transporter
l'énergie, etc., etc., tandis qu'une simple con-
tribution de quelques francs par mètre cube
extrait aurait permis d'installer à frais com-
muns n'importe quel service de captation ou
d'élévation des eaux, et n'importe quel trans-
port d'énergie, soit par la télédynamique,
l'air comprimé, l'eau sous pression ou l'élec-
tricité.
Tout à coup, il y a deux ou trois ans, sous
l'impulsion d'un nouveau venu, un Belge,
installé directeur de l'entreprise la plus
importante de Carrare, laquelle appartient
d'ailleurs à une maison française, les maîtres
de carrières italiens se mirent, par esprit
d'imitation, à installer un peu partout des
fils hélicoïdaux avec des transports de force
par l'électricité. Ils se sont aperçus subitement
que cette très vieille invention était pratique
et avantageuse et qu'on 11e faisait que de la
mauvaise exploitation par les anciens sys-
tèmes. L'un d'eux a même imaginé 1111 per-
fectionnement très ingénieux, dénommé la
poulie pénétrante, dont on peut aisément dis-
cuter l'utilité pratique, mais dont la valeur
théorique est des plus intéressante.
Pourquoi les Italiens ont-ils tant tardé à
employer le fil hélicoïdal? Pourquoi leurs
scieries sont-elles encore formées d'appareils
surannés? Pourquoi exploitent-ils encore
brutalement et sauvagement à la poudre?
Pourquoi leurs moyens de dérochement sont-
ils encore aussi primitifs, sans le moindre
outil mécanique? Pourquoi leurs routes man-
quent-elles du moindre entretien? Pourquoi
l'organisation du travail est-elle si défec-
tueuse, les petits carriers luttant les uns
contre les autres et se jalousant terrible-
ment, au lieu d'unir leurs efforts dans une
amélioration continue de leur exploitation ?
C'est parce que les Italiens n'ont pas le sens
industriel, lequel n'est que du raisonnement
trop simple et trop terre-à-terre; c'est parce
qu'ils n'ont rien du gros bon sens pratique
des Anglais et des Américains, moins artistes,
mais plus gens d'affaires.
Les carrières de Carrare vont dans la mon-
tagne jusqu'à 1,200 mètres d'altitude et plus.
L'énorme quantité de déchetsqu'on y déverse
donne aux montagnes de la région l'aspect de
sommets couverts de neiges éternelles. C'est
l'impression qu'on en a de très loin et qu'on
garde même jusqu'au moment où 011 en est
absolument rapproché.
La région comprend trois centres : Car-
rara, Massa et Seravezza, le premier de beau-
coup le plus important.
Il existe au total 1,250 carrières, dont
500 en exploitation avec 10,000 ouvriers
occupés au travail du marbre. Carrare, qui a
44,000 habitants, représente plus de la moi-
tié de ces chiffres et possède une Académie
des beaux-arts instruisant 160 élèves.
Sans vouloir faire trop de statistique, nous
dirons que la production totale est de 280,000
tonnes pour 11 millions de lires environ,
dont 90,000 tonnes de marbres sciés et
15,000 tonnes de marbres autrement travail-
lés. Les trois quarts de ces marbres sont
exportés comme suit :
Aux Etats-Unis
. 42,000
tonnes
En Angleterre.
31,000
»
» France .
29,000
»
» Allemagne.
24,000
»
» Belgique .
9,000
»
» Autriche
8,000
»
» Russie .
4,000
»
» Egypte .
4,000
»
des procès le meilleur de leur* énergie et des
profits de leur travail.
Et pourtant, si nous les prenons tous indi-
viduellement, nous pouvons dire que les
maîtres de carrières sont intelligents, très
intelligents même, ce qui est d'ailleurs une
des qualités de la race; mais l'initiative leur
manque terriblement.
Pour en citer un exemple frappant, il nous
suffira de dire que le lil hélicoïdal était
employé depuis plus de vingt ans dans toutes
les carrières de l'Europe avant de l'être à
Carrare. Tous les efforts pour faire com-
prendre aux patrons de Carrare les immenses
avantages de l'emploi de ce mince fil d'acier
de 4 à 5 millimètres d'épaisseur, qui coupe où
l'on veut les roches de marbre,avaient échoué
devant des objections puériles : difficultés de
monter l'eau et le sable, de transporter
l'énergie, etc., etc., tandis qu'une simple con-
tribution de quelques francs par mètre cube
extrait aurait permis d'installer à frais com-
muns n'importe quel service de captation ou
d'élévation des eaux, et n'importe quel trans-
port d'énergie, soit par la télédynamique,
l'air comprimé, l'eau sous pression ou l'élec-
tricité.
Tout à coup, il y a deux ou trois ans, sous
l'impulsion d'un nouveau venu, un Belge,
installé directeur de l'entreprise la plus
importante de Carrare, laquelle appartient
d'ailleurs à une maison française, les maîtres
de carrières italiens se mirent, par esprit
d'imitation, à installer un peu partout des
fils hélicoïdaux avec des transports de force
par l'électricité. Ils se sont aperçus subitement
que cette très vieille invention était pratique
et avantageuse et qu'on 11e faisait que de la
mauvaise exploitation par les anciens sys-
tèmes. L'un d'eux a même imaginé 1111 per-
fectionnement très ingénieux, dénommé la
poulie pénétrante, dont on peut aisément dis-
cuter l'utilité pratique, mais dont la valeur
théorique est des plus intéressante.
Pourquoi les Italiens ont-ils tant tardé à
employer le fil hélicoïdal? Pourquoi leurs
scieries sont-elles encore formées d'appareils
surannés? Pourquoi exploitent-ils encore
brutalement et sauvagement à la poudre?
Pourquoi leurs moyens de dérochement sont-
ils encore aussi primitifs, sans le moindre
outil mécanique? Pourquoi leurs routes man-
quent-elles du moindre entretien? Pourquoi
l'organisation du travail est-elle si défec-
tueuse, les petits carriers luttant les uns
contre les autres et se jalousant terrible-
ment, au lieu d'unir leurs efforts dans une
amélioration continue de leur exploitation ?
C'est parce que les Italiens n'ont pas le sens
industriel, lequel n'est que du raisonnement
trop simple et trop terre-à-terre; c'est parce
qu'ils n'ont rien du gros bon sens pratique
des Anglais et des Américains, moins artistes,
mais plus gens d'affaires.
Les carrières de Carrare vont dans la mon-
tagne jusqu'à 1,200 mètres d'altitude et plus.
L'énorme quantité de déchetsqu'on y déverse
donne aux montagnes de la région l'aspect de
sommets couverts de neiges éternelles. C'est
l'impression qu'on en a de très loin et qu'on
garde même jusqu'au moment où 011 en est
absolument rapproché.
La région comprend trois centres : Car-
rara, Massa et Seravezza, le premier de beau-
coup le plus important.
Il existe au total 1,250 carrières, dont
500 en exploitation avec 10,000 ouvriers
occupés au travail du marbre. Carrare, qui a
44,000 habitants, représente plus de la moi-
tié de ces chiffres et possède une Académie
des beaux-arts instruisant 160 élèves.
Sans vouloir faire trop de statistique, nous
dirons que la production totale est de 280,000
tonnes pour 11 millions de lires environ,
dont 90,000 tonnes de marbres sciés et
15,000 tonnes de marbres autrement travail-
lés. Les trois quarts de ces marbres sont
exportés comme suit :
Aux Etats-Unis
. 42,000
tonnes
En Angleterre.
31,000
»
» France .
29,000
»
» Allemagne.
24,000
»
» Belgique .
9,000
»
» Autriche
8,000
»
» Russie .
4,000
»
» Egypte .
4,000
»