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et les longerons n'est pas la moindre besogne.
Ces longues cordes font cinq à six tours sur
l'épaule d'un lisseur,puis cinq à six tours sur
l'épaule d'un autre et ainsi de suite, de sorte
que la corde est remontée par 5 à 10 hommes
qui ont une marche solidaire. Jamais on n'a
pensé à remonter ces objets par un cabes-
tan, ni à user du même engin pour descendre
les blocs.
Ce travail de lissage coûte 10 centimes par
palme cube pour les carrières très basses et
jusque 65 centimes pour les hautes carrières;
ce qui donne fr. 6.40 à fr. 41.60 par mètre
cube.
Il nous reste à parler de la confection du
bloc à la carrière même.
L'extraction du marbre, sauf dans quel-
ques carrières où l'on vient tout récemment
d'employer le til hélicoïdal, se fait encore
avec une sauvagerie incroyable. On arrache
littéralement la matière qu'on a devant soi.
Les crics, les leviers, les vérins, les coins, la
poudre sont les moyens dont on dispose.
Dans les carrières bien conduites des
autres pays, où l'on a à exploiter des marbres
se présentant en masses de même importance
et de même compacité, et notamment en Bel-
gique, où certainement la science de l'exploi-
tation des carrières a été le plus étudiée, on
délimite une masse à exploiter dans l'année,
disons, par exemple, 20 mètres en largeur,
10 mètres en profondeur et 8 mètres en hauteur.
Cela fait, on creuse à la main un couloir verti-
cal, nommé coupe, qui contourne la masse à
exploiter et qui a exactement la largeur
nécessaire au passage des ouvriers, c'est-à-
dire 60 à 70 centimètres; ou bien on scie par
le fil hélicoïdal la même coupe. Quand la
masse est ainsi délimitée, on la divise au
moyen de coins, suivant ses défauts naturels,
chaque fois que c'est possible et qu'il existe
de tels défauts; ensuite,au moyen de crics,de
leviers ou de puissants cabestans, on amène
chaque fragment, aussi gros qu'il soit, pour
l'équarrir le plus économiquement possible.
Dans le système de Carrare, au contraire,
on ajoute aux défauts inhérents à la matière
des quantités de cassures qui font qu'un ren-
dement naturel de 70 p. c. tombe vite à 10
ou 20 p. c., et que des masses, ayant natu-
rellement de grandes dimensions, sont subdi-
visées en petits blocs qui coûtent plus cher
et valent moins. Mais il y a plus. Dans les
carrières de grande puissance, on arrache le
marbre au moyen d'une forte mine de pou-
dre, soit 100 kilogrammes ou plus, qui enlève
violemment du rocher des milliers de mètres
cubes de marbre, ébranle la montagne, As-
sure le marbre et l'émiette tellement que le
rendement tombe à 10 p. c.
Que l'on agisse ainsi dans une montagne
de granit, c'est-à-dire là où la matière est en
quantité infinie et n'a aucune valeur par elle-
même, nous l'admettons. Mais que l'on tra-
vaille avec une telle brutalité au marbre
précieux, en recouvrant les carrières de
montagnes de déchets, comblant les vallées
et compromettant l'avenir, voilà ce que nous
ne comprenons pas.
Et ce que nous comprenons moins encore,
c'est l'attitude du corps des mines d'Italie,
qui tolère un tel vandalisme, comme si le
propriétaire d'une couple d'ares de terrain
avait, de par la loi, la propriété de cette par-
celle jusqu'au centre de la terre, et comme
s'il ne gaspillait pas par égoïsme une partie
du patrimoine commun.
S'il n'y avait pas d'autre moyen d'exploi-
ter, on pourrait admettre la tolérance des
ingénieurs du gouvernement, mais s'ils les
ignoraient autrefois, ils ne peuvent plus ne
pas connaître les systèmes d'exploitation au
111 hélicoïdal que l'on emploie depuis une
couple d'années avec succès à Carrare.
Il est donc temps de mettre le holà, d'au-
tant plus qu'en dehors du gaspillage de la
fortune publique, il y a une question d'encom-
brement par les déblais qui se pose actuelle-
ment comme une question de vie ou de mort
pour beaucoup de carrières de Carrare.
Tous ces systèmes d'extraction reviennent à
peu près au même prix, soit à 10 ou 20 francs
par mètre cube suivant le rendement et les
défauts naturels de la roche.
La masse extraite, il faut la débiter en
blocs parallélipipèdes rectangles.
Ce travail d'équarrissage se paye 15 centimes
par palme cube, soit fr. 9.60 par mètre cube.
et les longerons n'est pas la moindre besogne.
Ces longues cordes font cinq à six tours sur
l'épaule d'un lisseur,puis cinq à six tours sur
l'épaule d'un autre et ainsi de suite, de sorte
que la corde est remontée par 5 à 10 hommes
qui ont une marche solidaire. Jamais on n'a
pensé à remonter ces objets par un cabes-
tan, ni à user du même engin pour descendre
les blocs.
Ce travail de lissage coûte 10 centimes par
palme cube pour les carrières très basses et
jusque 65 centimes pour les hautes carrières;
ce qui donne fr. 6.40 à fr. 41.60 par mètre
cube.
Il nous reste à parler de la confection du
bloc à la carrière même.
L'extraction du marbre, sauf dans quel-
ques carrières où l'on vient tout récemment
d'employer le til hélicoïdal, se fait encore
avec une sauvagerie incroyable. On arrache
littéralement la matière qu'on a devant soi.
Les crics, les leviers, les vérins, les coins, la
poudre sont les moyens dont on dispose.
Dans les carrières bien conduites des
autres pays, où l'on a à exploiter des marbres
se présentant en masses de même importance
et de même compacité, et notamment en Bel-
gique, où certainement la science de l'exploi-
tation des carrières a été le plus étudiée, on
délimite une masse à exploiter dans l'année,
disons, par exemple, 20 mètres en largeur,
10 mètres en profondeur et 8 mètres en hauteur.
Cela fait, on creuse à la main un couloir verti-
cal, nommé coupe, qui contourne la masse à
exploiter et qui a exactement la largeur
nécessaire au passage des ouvriers, c'est-à-
dire 60 à 70 centimètres; ou bien on scie par
le fil hélicoïdal la même coupe. Quand la
masse est ainsi délimitée, on la divise au
moyen de coins, suivant ses défauts naturels,
chaque fois que c'est possible et qu'il existe
de tels défauts; ensuite,au moyen de crics,de
leviers ou de puissants cabestans, on amène
chaque fragment, aussi gros qu'il soit, pour
l'équarrir le plus économiquement possible.
Dans le système de Carrare, au contraire,
on ajoute aux défauts inhérents à la matière
des quantités de cassures qui font qu'un ren-
dement naturel de 70 p. c. tombe vite à 10
ou 20 p. c., et que des masses, ayant natu-
rellement de grandes dimensions, sont subdi-
visées en petits blocs qui coûtent plus cher
et valent moins. Mais il y a plus. Dans les
carrières de grande puissance, on arrache le
marbre au moyen d'une forte mine de pou-
dre, soit 100 kilogrammes ou plus, qui enlève
violemment du rocher des milliers de mètres
cubes de marbre, ébranle la montagne, As-
sure le marbre et l'émiette tellement que le
rendement tombe à 10 p. c.
Que l'on agisse ainsi dans une montagne
de granit, c'est-à-dire là où la matière est en
quantité infinie et n'a aucune valeur par elle-
même, nous l'admettons. Mais que l'on tra-
vaille avec une telle brutalité au marbre
précieux, en recouvrant les carrières de
montagnes de déchets, comblant les vallées
et compromettant l'avenir, voilà ce que nous
ne comprenons pas.
Et ce que nous comprenons moins encore,
c'est l'attitude du corps des mines d'Italie,
qui tolère un tel vandalisme, comme si le
propriétaire d'une couple d'ares de terrain
avait, de par la loi, la propriété de cette par-
celle jusqu'au centre de la terre, et comme
s'il ne gaspillait pas par égoïsme une partie
du patrimoine commun.
S'il n'y avait pas d'autre moyen d'exploi-
ter, on pourrait admettre la tolérance des
ingénieurs du gouvernement, mais s'ils les
ignoraient autrefois, ils ne peuvent plus ne
pas connaître les systèmes d'exploitation au
111 hélicoïdal que l'on emploie depuis une
couple d'années avec succès à Carrare.
Il est donc temps de mettre le holà, d'au-
tant plus qu'en dehors du gaspillage de la
fortune publique, il y a une question d'encom-
brement par les déblais qui se pose actuelle-
ment comme une question de vie ou de mort
pour beaucoup de carrières de Carrare.
Tous ces systèmes d'extraction reviennent à
peu près au même prix, soit à 10 ou 20 francs
par mètre cube suivant le rendement et les
défauts naturels de la roche.
La masse extraite, il faut la débiter en
blocs parallélipipèdes rectangles.
Ce travail d'équarrissage se paye 15 centimes
par palme cube, soit fr. 9.60 par mètre cube.