Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

DOI Heft:
Notre bibliothèque
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0022

DWork-Logo
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
12

L'ART.

blanc et du noir sont évitées avec un soin trop constant, pour
n'être pas prémédité. Des quatorze eaux-fortes de ce volume, je
n'en trouve que deux qui aient une certaine couleur, la huitième
par Bida et la quatorzième par Hédouin. Encore y pourrait-on
relever certaines mollesses et le tirage est-il trop gris. Je sais bien
que le gris plaît à beaucoup de personnes et qu'il a parfois des
délicatesses séduisantes. Mais il n'en faut pas abuser, et surtout
il faut qu'il soit à sa place.

Ainsi, pour prendre un exemple, remarquez la première
page du livre. L'écusson de la maison Hachette, très finement
gravé au burin, est tiré avec une encre pâle qui fait ici le meil-
leur effet. C'est doux à l'œil et d'une finesse délicate qu'un noir
plus intense ferait disparaître. Forcez la nuance, et cet écusson,
au lieu d'être un ornement, devient une tache au milieu de la
page. Comment se fait-il que la même nuance devienne insuf-
fisante aux autres places? Pourquoi ce gris délicat de l'écusson
paraît-il mou dans les gravures à l'eau-forte du reste du volume?
La raison en est que l'écusson se trouve placé immédiatement I
au-dessous du titre rouge, qui n'entre pas en lutte avec le gris
de l'écusson, tandis qu'aux autres pages le noir éclatant de
l'encre choisie pour l'impression du livre écrase et tue les gra-
vures. Les gravures, étant nécessairement tirées à part, ont été
examinées sans le texte, et, en effet, elles gagnent à être vues
seules quand on a laissé à l'œil le temps de perdre l'impression
du noir intense des caractères.

C'est une chicane, mais elle a son importance comme signe
d'une sorte d'énervement dans le goût du public, et je considère
comme très important qu'une maison comme la maison Ha-
chette lutte contre cet envahissement de l'anémie artistique. I

Plus qu'aucune autre elle a l'autorité, et je crois que sans se
mettre en révolte contre son public elle peut, par son exemple,
réagir contre cet affaissement dans le gris, qui est en toutes
choses le mal de notre génération.

D'ailleurs, moi aussi je suis du public, et les livres que
publie cette maison sont si beaux que je ne puis m'empècher
d'exprimer le regret qu'il y manque quelque chose pour être
parfaits. Caractères, impression, papier, encre, tout y est étudié,
combiné avec un soin et une science auxquels on ne saurait rien
ajouter. Supposez le reste au même niveau, et il serait impos-
sible de rien imaginer de plus complet. Et vraiment serait-ce
impossible à obtenir ? Au lieu de remettre toute l'illustration
d'un livre à un seul artiste, qui nécessairement a certaines apti-
tudes plus appropriées à tel genre de sujets qu'à tel autre, pour-
quoi ne pas choisir parmi les artistes ceux dont la nature et le
tempérament se trouveraient dans le rapport le plus intime avec
les matières données? Il n'y a pas de talent universel ; quel que
soit celui d'un artiste, il est impossible qu'il ait la souplesse
nécessaire pour traiter avec un égal succès des sujets divers, et
pour ne pas ramener fatalement cette diversité, qui est dans les
choses et qui en fait le charme, à l'uniformité qui est toujours
plus ou moins dans l'esprit et dans le tempérament d'un homme.
Quel livre que celui qui serait édité dans ces conditions par des
fabricants de livres aussi habiles que les directeurs de la maison
Hachette, et où ils auraient réussi à choisir exactement pour
chaque illustration l'homme qui serait le mieux fait pour elle!
Quel livre! mais quel rêve!

Eugène Véron.

CLXV

La Vanité.
Eau-forte de Jacques Callot.

Hisloircde la gravure en Italie,
en Espagne, en Allemagne,
dans les Pays-Bas, en An-
gleterre et en France, suivie
d'indications pour former
une collection d'estampes, par
Georges Duplessis, conser-
vateur adjoint à la Bibliothè-
que nationale.— Unvolume
in-8° de 528 pages, contenant
75 reproductions de gravures
anciennes exécutées pour la
plupart par le procédé de
M. Amand-Durand. Paris.
Hachette. 1880.

Notre savant collaborateur,
M. Georges Duplessis, conservateur adjoint à la Bibliothèque
nationale (département des estampes), vient d'achever un livre
qui lui a demandé de longues années de recherches et de tra-
vail, une histoire complète de la gravure. Les amateurs qui

se sont occupés d'estampes comprendront sans peine ce que
suppose d'études, de voyages, de comparaisons un pareil sujet.
On ne peut lire ce volume sans être effrayé de la somme de
documents précis et résumés qui s'y trouvent accumulés.

Il ne s'agit pas ici, en effet, de considérations plus ou moins
générales sur la gravure, ni de développements esthétiques sur
les mérites relatifs des différentes écoles de gravure. M. Du-
plessis s'est interdit tout ce qui pouvait grossir inutilement son
volume. Son plan se réduit à donner le plus de choses possible
dans le moins de mots possible. Des noms, des dates, des titres
de gravures avec une appréciation rapide et concise de chacune,
voilà le fond du livre. Quant à l'ordre qui jette sa clarté au
milieu.de ce formidable amoncellement de faits, il est d'une
netteté, d'une limpidité qui ne laissent rien à désirer, et qui
n'étaient possibles qu'à un homme aussi complètement maître
de sa matière.

Après une étude très condensée et très complète des origines
de la gravure, en dix pages, il entre directement dans son sujet
en commençant l'histoire de la gravure par le pays où elle a jeté
d'abord le plus vif éclat, c'est-à-dire l'Italie. Puis dans chaque
 
Annotationen