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Navarro, Felipe Benicio: Une loterie d'oeuvres d'art, à Madrid au profit des inondés de Murcie
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L'ART.
ment de la réalité qui frappe l'esprit par sa justesse. La Côte de
Normandie par M. Shandy a bien la lumière et les tons de cette
contrée. Le Paysage de M. Ferriz se fait remarquer par la
gamme harmonieuse des verts de ses arbres et les reflets du ciel
dans les flaques d'eau du terrain.
Le genre était aussi très bien représenté: d'abord M. Enri-
que Mélida, dont l'Art s'est déjà occupé l'année dernière et à
qui le public parisien a témoigné plus d'une fois de l'estime, a
donné une charmante Maja quêtant pour les inondés. Cet artiste,
qui s'est adonné à la représentation des scènes espagnoles du
dernier siècle, ne suit que son inspiration personnelle et dans la
façon de traiter ses sujets et dans sa facture, qui s'écarte égale-
ment de l'école fortuniste et des imitateurs de Goya. Une
grande finesse dans la coloration et dans la touche, avec une
délicatesse exquise dans les détails, qui sont toujours justes, sans
être tourmentés, caractérisent les œuvres de cet artiste, aussi
prisées par le public étranger que par celui de son pays.
M. Aguirre se montre dans sa Chula plus fortuniste, ainsi que
M. Morquera dans l'Homme heureux, qui est d'une coloration
brillante. M. Esquivel cherche la minutie dans la facture, quoi-
que son style ne ressemble, en aucune façon, à celui des fortu-
nistes. Son Hebrée a eu, cependant, un grand succès. Lui aussi
est un coloriste. M. Hoffmcyer penche vers le fortunisme dans
son Buffon, et M. Balaca, qui essaye en Espagne le genre de
M. Détaille et de M. de Neuville, réussit parfois à produire des
scènes militaires et des types tout à fait espagnols et d'un carac-
Dessin de Ferriz, d'après son tableau.
tère très juste, comme dans son Ordonnance d'artillerie qui a
figuré à l'exposition de Y Athénée. M. Gimenez excelle dans les
scènes d'animaux et son charmant tableau représentant un
Renard chassant des perdrix a obtenu un vrai succès.
Deux Natures mortes par M. Carména ont été aussi très
remarquées.
Le portrait a été bien représenté par S. E. don Frédéric
Madrazo, directeur de l'Académie de San Fernando, qui a eu
l'obligeance de donner une Étude de tête très remarquable, et par
M. Suarez Slanos, qui est professeur à la môme école. M. Sua-
rez Slanos est un artiste très apprécié en Espagne et son Étude
de tête est une merveille de délicatesse et d'expression.
Il faut citer encore le Saint Joachim de M. Maureta, très
réussi de dessin, d'expression et de couleur, et deux esquisses de
M. Sans, directeur du Musée du Prado, pour les Evangélistes
qui devaient faire pendant à ceux du regretté Rosales pour les
retombées des voûtes de la coupole de Saint-Thomas, à
Madrid.
Enfin une Course de taureaux dans un village, de M. Gon-
zalvez, et un Fauconnier, imitation de tapisserie allemande, par
M. Mélida (Arthur), avec quelques autres petites toiles et un des-
sin de M. Madrazo ont complété dignement l'exposition de
Y Athénée. La sculpture y a été aussi bien représentée par une
belle statue de M. Martin, professeur à l'Académie de San Fer-
nando. C'est une Sapho dont l'idée est bien trouvée et dont l'exé-
cution est parfaite.
La loterie a produit à peu près dix mille francs, qu'on des-
tine à la construction de quelques petites maisons pour les
laboureurs de Murcie.
Felipe Benicio Navarro.
L'ART.
ment de la réalité qui frappe l'esprit par sa justesse. La Côte de
Normandie par M. Shandy a bien la lumière et les tons de cette
contrée. Le Paysage de M. Ferriz se fait remarquer par la
gamme harmonieuse des verts de ses arbres et les reflets du ciel
dans les flaques d'eau du terrain.
Le genre était aussi très bien représenté: d'abord M. Enri-
que Mélida, dont l'Art s'est déjà occupé l'année dernière et à
qui le public parisien a témoigné plus d'une fois de l'estime, a
donné une charmante Maja quêtant pour les inondés. Cet artiste,
qui s'est adonné à la représentation des scènes espagnoles du
dernier siècle, ne suit que son inspiration personnelle et dans la
façon de traiter ses sujets et dans sa facture, qui s'écarte égale-
ment de l'école fortuniste et des imitateurs de Goya. Une
grande finesse dans la coloration et dans la touche, avec une
délicatesse exquise dans les détails, qui sont toujours justes, sans
être tourmentés, caractérisent les œuvres de cet artiste, aussi
prisées par le public étranger que par celui de son pays.
M. Aguirre se montre dans sa Chula plus fortuniste, ainsi que
M. Morquera dans l'Homme heureux, qui est d'une coloration
brillante. M. Esquivel cherche la minutie dans la facture, quoi-
que son style ne ressemble, en aucune façon, à celui des fortu-
nistes. Son Hebrée a eu, cependant, un grand succès. Lui aussi
est un coloriste. M. Hoffmcyer penche vers le fortunisme dans
son Buffon, et M. Balaca, qui essaye en Espagne le genre de
M. Détaille et de M. de Neuville, réussit parfois à produire des
scènes militaires et des types tout à fait espagnols et d'un carac-
Dessin de Ferriz, d'après son tableau.
tère très juste, comme dans son Ordonnance d'artillerie qui a
figuré à l'exposition de Y Athénée. M. Gimenez excelle dans les
scènes d'animaux et son charmant tableau représentant un
Renard chassant des perdrix a obtenu un vrai succès.
Deux Natures mortes par M. Carména ont été aussi très
remarquées.
Le portrait a été bien représenté par S. E. don Frédéric
Madrazo, directeur de l'Académie de San Fernando, qui a eu
l'obligeance de donner une Étude de tête très remarquable, et par
M. Suarez Slanos, qui est professeur à la môme école. M. Sua-
rez Slanos est un artiste très apprécié en Espagne et son Étude
de tête est une merveille de délicatesse et d'expression.
Il faut citer encore le Saint Joachim de M. Maureta, très
réussi de dessin, d'expression et de couleur, et deux esquisses de
M. Sans, directeur du Musée du Prado, pour les Evangélistes
qui devaient faire pendant à ceux du regretté Rosales pour les
retombées des voûtes de la coupole de Saint-Thomas, à
Madrid.
Enfin une Course de taureaux dans un village, de M. Gon-
zalvez, et un Fauconnier, imitation de tapisserie allemande, par
M. Mélida (Arthur), avec quelques autres petites toiles et un des-
sin de M. Madrazo ont complété dignement l'exposition de
Y Athénée. La sculpture y a été aussi bien représentée par une
belle statue de M. Martin, professeur à l'Académie de San Fer-
nando. C'est une Sapho dont l'idée est bien trouvée et dont l'exé-
cution est parfaite.
La loterie a produit à peu près dix mille francs, qu'on des-
tine à la construction de quelques petites maisons pour les
laboureurs de Murcie.
Felipe Benicio Navarro.