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L'ART.
qui prouve de la part de l'artiste une certaine puissance d'assimilation, car il est Israélite,
représentaient, le premier : Jésus bénissant les enfants; le second : la Vocation de saint Pierre;
le troisième : Sainte Geneviève guérissant sa mère.
Ces différentes scènes étaient largement conçues; le sujet se présentait bien, et se concevait
aisément. Le pinceau de M. Hirsch a la même liberté d'allures sur le verre qu'il aurait sur une
toile ou sur un panneau, et toutes ses physionomies sont aimables et sympathiques. On aime à
les voir et l'on se plaît à les revoir.
Mais toute l'exposition de M. Hirsch n'était pas là, et sans parler de ses fac-similés des
vitraux de la cathédrale d'Auch, dont il a accompli une heureuse et intelligente restauration,
nous avons trouvé encore au Trocadéro d'intéressantes grisailles signées de son nom.
C'était d'abord, dans le pavillon de tête, du côté de l'ouest, cinq grandes compositions
consacrées à YHistoire de la peinture en France. Là nous voyions François Ier et Léonard de Vinci
contemplant le tableau de Jean Cousin, le Jugement dernier; ceci, c'était la peinture d'histoire;
Avec Lesueur, peignant à la Grande-Chartreuse la Vie de saint Bruno, nous avions la peinture
murale ;
Pinaigrier penché sur un vitrail nous représentait naturellement la peinture sur verre ;
Claude Lorrain dans son atelier symbolisait la peinture de genre ou le paysage, et des
moines enluminant un manuscrit, l'art de la miniature, si cher au moyen-âge.
Quatre autres grisailles, placées dans la galerie circulaire, nous racontaient de la même façon
pittoresque l'histoire de l'orfèvrerie.
Nous rencontrions tout d'abord l'orfèvrerie repoussée et le travail au burin ;
C'était ensuite la ciselure, avec Benvenuto Cellini, façonnant une aiguière;
Venaient à leur tour les émaux cloisonnés, caprice du moment, dont notre époque s'est
follement éprise;
Puis, pour clore la série et résumer ce grand ensemble, citons Saint Eloi, patron des orfèvres,
montrant au roi Dagobert les deux trônes constellés de pierreries qu'il a confectionnés pour lui.
M. Hirsch, dans ces différents sujets, avait fait preuve à un égal degré de l'ingéniosité de son
esprit et de l'habileté de sa main. Il avait l'intérêt et le charme. Ses grisailles étaient peintes sur
verres légèrement teintés, qui n'ont pas la monotonie des verres complètement blancs, et qui
altèrent beaucoup moins la lumière que ne le font les vitraux de couleur. C'est la première fois
que ce genre de vitrail a été essayé, et nous pouvons dire qu'il a complètement réussi. Les
peintres-verriers du xvi" siècle, — époque où Ton fit beaucoup de grisailles, —> n'avaient à leur
service qu'une seule espèce de verre blanc. Ils n'ont donc pu arriver à cette richesse et à cette
vérité de nuances qui ont fait la fortune et le charme des verrières si parfaitement décoratives
de M. Hirsch au Trocadéro.
La force n'est pas sans doute la qualité dominante de M. Erdmann, mais il traite les sujets
religieux avec une grande naïveté de sentiment et un archaïsme qui n'est pas sans grâce. 11 traite
aussi les sujets mondains avec une élégance très réelle qui n'exclut point une certaine
puissance de coloration.
M. Marquant-Vogel, de Reims, exposait un Christ au cœur saignant, — le Sacré-Cœur
si en vogue aujourd'hui ; — l'expression de la tête de Jésus, à la fois doucereuse et bellâtre,
faisait moins songer à un dieu qu'à un garçon coiffeur, mais la partie supérieure de la verrière
était d'une grande et belle harmonie.
A côté du Sacré-Cœur, M. Vogel exposait une figure de Sarah, femme d'Abraham et mère
d'Isaac, dont le type juif, très reconnaissable, n'enlevait rien à cette belle création de sa grandeur
austère et de sa sereine beauté. Le vêtement bien drapé accusait les splendeurs de la plus riche
palette. i
M. Marquant-Vogel, dans une autre verrière aux vastes proportions, qui décorait la galerie
parallèle à l'École militaire, a fait preuve d'une grande puissance de coloration et d'un grand
sentiment décoratif. Cette belle verrière ne déparerait point l'abside de la plus magnifique
cathédrale.
L'ART.
qui prouve de la part de l'artiste une certaine puissance d'assimilation, car il est Israélite,
représentaient, le premier : Jésus bénissant les enfants; le second : la Vocation de saint Pierre;
le troisième : Sainte Geneviève guérissant sa mère.
Ces différentes scènes étaient largement conçues; le sujet se présentait bien, et se concevait
aisément. Le pinceau de M. Hirsch a la même liberté d'allures sur le verre qu'il aurait sur une
toile ou sur un panneau, et toutes ses physionomies sont aimables et sympathiques. On aime à
les voir et l'on se plaît à les revoir.
Mais toute l'exposition de M. Hirsch n'était pas là, et sans parler de ses fac-similés des
vitraux de la cathédrale d'Auch, dont il a accompli une heureuse et intelligente restauration,
nous avons trouvé encore au Trocadéro d'intéressantes grisailles signées de son nom.
C'était d'abord, dans le pavillon de tête, du côté de l'ouest, cinq grandes compositions
consacrées à YHistoire de la peinture en France. Là nous voyions François Ier et Léonard de Vinci
contemplant le tableau de Jean Cousin, le Jugement dernier; ceci, c'était la peinture d'histoire;
Avec Lesueur, peignant à la Grande-Chartreuse la Vie de saint Bruno, nous avions la peinture
murale ;
Pinaigrier penché sur un vitrail nous représentait naturellement la peinture sur verre ;
Claude Lorrain dans son atelier symbolisait la peinture de genre ou le paysage, et des
moines enluminant un manuscrit, l'art de la miniature, si cher au moyen-âge.
Quatre autres grisailles, placées dans la galerie circulaire, nous racontaient de la même façon
pittoresque l'histoire de l'orfèvrerie.
Nous rencontrions tout d'abord l'orfèvrerie repoussée et le travail au burin ;
C'était ensuite la ciselure, avec Benvenuto Cellini, façonnant une aiguière;
Venaient à leur tour les émaux cloisonnés, caprice du moment, dont notre époque s'est
follement éprise;
Puis, pour clore la série et résumer ce grand ensemble, citons Saint Eloi, patron des orfèvres,
montrant au roi Dagobert les deux trônes constellés de pierreries qu'il a confectionnés pour lui.
M. Hirsch, dans ces différents sujets, avait fait preuve à un égal degré de l'ingéniosité de son
esprit et de l'habileté de sa main. Il avait l'intérêt et le charme. Ses grisailles étaient peintes sur
verres légèrement teintés, qui n'ont pas la monotonie des verres complètement blancs, et qui
altèrent beaucoup moins la lumière que ne le font les vitraux de couleur. C'est la première fois
que ce genre de vitrail a été essayé, et nous pouvons dire qu'il a complètement réussi. Les
peintres-verriers du xvi" siècle, — époque où Ton fit beaucoup de grisailles, —> n'avaient à leur
service qu'une seule espèce de verre blanc. Ils n'ont donc pu arriver à cette richesse et à cette
vérité de nuances qui ont fait la fortune et le charme des verrières si parfaitement décoratives
de M. Hirsch au Trocadéro.
La force n'est pas sans doute la qualité dominante de M. Erdmann, mais il traite les sujets
religieux avec une grande naïveté de sentiment et un archaïsme qui n'est pas sans grâce. 11 traite
aussi les sujets mondains avec une élégance très réelle qui n'exclut point une certaine
puissance de coloration.
M. Marquant-Vogel, de Reims, exposait un Christ au cœur saignant, — le Sacré-Cœur
si en vogue aujourd'hui ; — l'expression de la tête de Jésus, à la fois doucereuse et bellâtre,
faisait moins songer à un dieu qu'à un garçon coiffeur, mais la partie supérieure de la verrière
était d'une grande et belle harmonie.
A côté du Sacré-Cœur, M. Vogel exposait une figure de Sarah, femme d'Abraham et mère
d'Isaac, dont le type juif, très reconnaissable, n'enlevait rien à cette belle création de sa grandeur
austère et de sa sereine beauté. Le vêtement bien drapé accusait les splendeurs de la plus riche
palette. i
M. Marquant-Vogel, dans une autre verrière aux vastes proportions, qui décorait la galerie
parallèle à l'École militaire, a fait preuve d'une grande puissance de coloration et d'un grand
sentiment décoratif. Cette belle verrière ne déparerait point l'abside de la plus magnifique
cathédrale.