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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 6.1880 (Teil 1)

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Courrier des musées
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https://doi.org/10.11588/diglit.18607#0323

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COURRIER DES MUSÉES.

les yeux, ce beau pavage, dont la tonalité douce contrastait avec
la vibration de couleurs de son voisin de l'autel. Le décor, où
dominaient le jaune et le bleu, sur fond blanc brillant, formait
une suite de compartiments réguliers dans lesquels était
inscrite la devise du maître de céans (Claude Durfé) : deux C
adossés (l'un retourné), traversés d'une barre; ensuite un motif
d'ornement varié, alternant avec des tètes de chérubins traitées
largement dans le style des verrières de Jean Cousin. La fré-
quence de la devise, répétée uniformément, me frappa et j'en
relevai le dessin que je retrouve aujourd'hui après de longues
années d'oubli. C'étaient bien là les devises etpourtraits baillés au
céramiste rouennais, par Claude Durfé, fondateur delà chapelle,
gouverneur de monseigneur le Dauphin... C'était là, croyons-
nous, les carreaux de terre esmaillée dont la façon et fourniture
fait le sujet du payement effectué par Antoine Rageau, le 22 sep-
tembre 1557, pour le compte dudit Claude Durfé. L'importance
de la somme payée (539 livres tournois y compris 12 livres pour
l'emballage) se trouve ainsi justifiée par l'importance de la
livraison. »

Le département de la sculpture antique n'a reçu aucun don,
mais a fait plusieurs achats dans ces derniers temps ; nous cite-
rons : des inscriptions et objets figurés provenant de l'Yémen,
antiquités connues sous le nom de « Himyarites »; •— une Mi-
nerve, d'un très beau travail, provenant d'Athènes;— un miroir
grec en bronze, d'un bon style, sur lequel sont gravées deux
figures, dont l'une est le génie Corinthos, et l'autre la nymphe
Leucas; — plusieurs vases peints; un lot de figurines, de frag-
ments de statuettes provenant de la Troade. L'achat le plus
important, au point de vue historique, est celui de deux vases
rapportés de Cervetri par M. F. Lenormant et cédés au Louvre
par celui-ci, ce sont deux vases étrusques de la plus ancienne
époque, à peintures en blanc sur le fond rouge-brun de la terre.
Sur l'un on voit un char attaqué par un lion, imitation mani-
feste de l'art assyrien, et un combat naval entre deux vaisseaux
des formes les plus singulières. L'autre montre deux lions
affrontés, de style asiatique, et deux autres compositions, retra-
çant des mythes grecs, la Naissance de Minerve et la Chasse du
sanglier de Calydon. Il porte en outre une inscription étrusque,
l'une des plus vieilles connues. La représentation de fables hel-
léniques n'avait pas encore été constatée sur des monuments de
la céramique peinte étrusque d'aussi ancienne date, car les deux
vases peuvent être hardiment attribués au vin0 ou au vu" siècle
av. J.-C. M. Lenormant a cédé également au musée quelques
autres antiquités, recueillies dans le cours de son voyage dans
la Grande-Grèce. Les plus importantes sont des terres cuites
grecques de Tarente, d'un très beau style et d'un cachet fort
original. Elles ouvrent une nouvelle classe dans ces petits mo-
numents si hautement appréciés des amateurs et des artistes.

Ne quittons pas le Louvre sans annoncer une nouvelle inté-
ressante. Après quelques pourparlers avec la famille Duchâtel
qui, on se le rappelle, avait mis pour condition au legs des cinq
tableaux de Memling, Ant. Moro et Ingres, que ceux-ci seraient
placés dans une salle spéciale, M. Barbet de Jouy a obtenu l'au-
torisation de les installer dans la salle dite de Luini. Il est
certain qu'à l'endroit écarté où ces œuvres se trouvaient, au
milieu du désert formé par les galeries de l'ancien musée des
Souverains, le public ne voyait pas ces chefs-d'œuvre et ne pou-
vait avoir l'idée de les y aller chercher. V. C.

Musée du Luxembourg. — En dépit des plus vives protesta-
tions de la presse, malgré les multiples démarches de l'infatigable
conservateur, M. Éticnne Arago, aucune solution n'est signalée

à l'horizon pour le problème du local qui pourrait être affecté à
notre musée contemporain. Le Sénat, qui a donné congé aux
œuvres d'art installées depuis nombre d'années dans le palais, les
renverra-t-il demain, dans huit jours, ou seulement dans un
mois ? Se conduira-t-il en propriétaire galant, connaissant ses
privilèges et n'en voulant pas abuser, ou bien enverra-t-il bru-
talement les huissiers? On ne saurait le dire, et il faut bien
avouer qu'un pareil état de choses n'est guère tolérable. Cette
crainte permanente d'expulsion est une véritable épée de Damo-
clès suspendue nuit et jour sur les toiles du Luxembourg. Si
l'on ne frémit pas outre mesure à la pensée que dans cette
situation un accident pourrait arriver aux œuvres de M. Caba-
nel et à celles de même valeur, du moins on ne peut admettre
une incertitude aussi prolongée pour les autres. C'est pourquoi
on doit user de tous ces moyens pour porter devant le Sénat la
cause de l'art trop délaissée en cette affaire.

Voici la pétition qui circule en ce moment dans les ateliers
et que nous ne saurions trop recommander à l'attention des
artistes :

A Messieurs les Président, Vice-Présidents et Membres du
Sénat, au Palais du Luxembourg, à Paris.

« Messieurs,

« D'après un avis récemment donné à M. le conservateur
du Musée du Luxembourg, ce Musée doit être prochainement
fermé et ses salles affectées désormais au service des bureaux du
Sénat.

« Par suite de cette décision, le Musée du Luxembourg où
se trouvent, en attendant qu'elles entrent au Louvre, quelques-
unes des œuvres les plus importantes des maîtres de l'école con-
temporaine, va donc être, en fait, complètement supprimé,
puisque après de longues et consciencieuses recherches on n'a pu
trouver à Paris un édifice convenable pour l'y transporter.

« En présence de cette éventualité, qui serait des plus
regrettables, si, comme tout le porte à le craindre, elle venait à
se réaliser,

« Nous, artistes et amateurs soussignés,

« Dans l'intérêt de l'art contemporain, dans l'intérêt d'un
grand nombre d'entré nous qui font au Luxembourg de fré-
quentes et utiles visites, nous venons solliciter de votre bien-
veillance, Messieurs les Sénateurs, d'intervenir auprès de qui de
droit, pour qu'au moins, la mesure dont il s'agit ne soit pas prise
avant qu'on n'ait trouvé au Luxembourg ou ailleurs un local
pour y réinstaller dans des conditions convenables et définitives,
s'il est possible, ce Musée des artistes contemporains qui est un
des établissements les plus intéressants et les plus utiles de
Paris.

« Dans l'espoir que vous voudrez bien prendre en sérieuse
considération la présente demande, nous sommes, avec un pro-
fond respect, Messieurs les Sénateurs, vos très humbles et
obéissants serviteurs. »

Il faut espérer que le grand nombre de signatures dont cette
pétition se couvre actuellement décidera le Sénat à faire droit à
la juste requête qui y est exprimée. Les artistes et les amateurs
qui n'auraient point reçu un exemplaire de cette pétition et qui
voudraient la signer, peuvent écrire à M. A. Dalligny, directeur
du Journal des Arts, 18, boulevard Montmartre. On en trouvera
également dans nos bureaux, 33, avenue de l'Opéra, où nous
centralisons des signatures.
 
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