UNE COLLECTION RUSSE'
(fin)
VIII
l nous faut reparler des Quatre Têtes de nègres qu'a si bien
gravées la pointe de M. Edmond Ramus2 ; cette merveil-
leuse étude « mérite plus d'écriture » ; Rubens n'en a pas
seulement fait un chef-d'œuvre par la maîtrise du dessin,
par la puissance du modelé, parla vitalité inouïe de l'expres-
sion, par l'intensité du caractère qui révèle l'observateur de
génie, celui dont le pinceau analyse et fixe définitivement
pour la postérité aussi bien le moral que le physique de
toute une race.
Le Michel-Ange anversois a su faire plus encore. Ces
quatre simples études jetées sur la même toile sont devenues
un véritable tableau se tenant étonnamment d'ensemble de
par le souverain prestige du coloriste. Il lui a suffi d'un noir
à dessous verdâtres avec des "-lacis du même ton bronzé
o
pour réunir ces quatre têtes dans une même harmonie; c'est
la magie de la palette qui est leur lien et les transforme en
un tout accompli.
On ne peut se défendre d'indignation au souvenir des
• WÈ$ÊF$&!^~^' ' comédies qu'a jouées M. Ingres devant les créations d'un tel
"^^k^^-WS-i^^^^ • géant, M. Ingres, l'impeccable M. Ingres se voilant la face
d'un pan de sa pudique redingote pour ne pas souiller ses
y'\^:J regards en les arrêtant sur les œuvres de l'illustre Flamand!
Lettre composée et dessinée pour fArt par j. Hàbert-Dys. M- Ingres dont la moindre composition abonde en fautes
grossières de dessin, M. Ingres discutant, critiquant, anathé-
matisant le magistral dessin de Rubens, cela touche aux suprêmes limites du burlesque. Jamais
la sévérité du dessinateur, jamais son extrême conscience n'éclatèrent plus à son honneur que
dans cette étude de la collection Narischkine, dont le catalogue de Pommersfelden de 1719 avait
1. Voir l'Art, g' année, tome i", pages 53, 68, 92, u3 et 23i.
2. Voir l'Art, 9° année, tome i", page g3.
(fin)
VIII
l nous faut reparler des Quatre Têtes de nègres qu'a si bien
gravées la pointe de M. Edmond Ramus2 ; cette merveil-
leuse étude « mérite plus d'écriture » ; Rubens n'en a pas
seulement fait un chef-d'œuvre par la maîtrise du dessin,
par la puissance du modelé, parla vitalité inouïe de l'expres-
sion, par l'intensité du caractère qui révèle l'observateur de
génie, celui dont le pinceau analyse et fixe définitivement
pour la postérité aussi bien le moral que le physique de
toute une race.
Le Michel-Ange anversois a su faire plus encore. Ces
quatre simples études jetées sur la même toile sont devenues
un véritable tableau se tenant étonnamment d'ensemble de
par le souverain prestige du coloriste. Il lui a suffi d'un noir
à dessous verdâtres avec des "-lacis du même ton bronzé
o
pour réunir ces quatre têtes dans une même harmonie; c'est
la magie de la palette qui est leur lien et les transforme en
un tout accompli.
On ne peut se défendre d'indignation au souvenir des
• WÈ$ÊF$&!^~^' ' comédies qu'a jouées M. Ingres devant les créations d'un tel
"^^k^^-WS-i^^^^ • géant, M. Ingres, l'impeccable M. Ingres se voilant la face
d'un pan de sa pudique redingote pour ne pas souiller ses
y'\^:J regards en les arrêtant sur les œuvres de l'illustre Flamand!
Lettre composée et dessinée pour fArt par j. Hàbert-Dys. M- Ingres dont la moindre composition abonde en fautes
grossières de dessin, M. Ingres discutant, critiquant, anathé-
matisant le magistral dessin de Rubens, cela touche aux suprêmes limites du burlesque. Jamais
la sévérité du dessinateur, jamais son extrême conscience n'éclatèrent plus à son honneur que
dans cette étude de la collection Narischkine, dont le catalogue de Pommersfelden de 1719 avait
1. Voir l'Art, g' année, tome i", pages 53, 68, 92, u3 et 23i.
2. Voir l'Art, 9° année, tome i", page g3.