LE LAMPADAIRE DE BRONZE
DU MUSÉE DE CORTONE
armi les cités de l'Étrurie, il en est peu
qui puissent revendiquer une aussi haute
antiquité que Cortone, la rivale dArezzo
^ et de Pérouse, une des douze « lucumonies »
ou capitales, entre lesquelles était partagé,
longtemps avant la fondation de Rome, le
gouvernement de la puissante confédération
tyrrhénienne de l'Italie centrale. Les blocs
gigantesques qui forment encore aujourd'hui
ses remparts, la prétendue grotte de Pytha-
gore, digne pendant de nos dolmens celti-
ques, et par-dessus tout les innombrables
onzes, terres cuites, monnaies, trouvés dans la ville
dans les environs rendent témoignage de la splen-
deur de Cortone clans ces temps quasi-fabuleux. Pour
l'archéologue, il n'est point de pèlerinage à la fois plus riche
en beautés pittoresques et plus instructif.
Dès le siècle dernier, quelques hommes d'étude et quelques
hommes de bonne volonté entreprirent de se consacrer à la
discussion de monuments si importants pour l'histoire de la
primitive Italie. En 1726, des patriciens cortonais, à la tète
desquels brillèrent les Venuti, jetèrent les bases d'une société
qui devint rapidement célèbre sous le titre d'Académie étrusque
Lettre de Théodore de Bry. , .~, TT , TT • 11 i 1 ' t> 1 1 11 ' 1 '
Dessin de h. Toussaint. de Cortone. Un parent des Venuti, 1 abbe Balclelh, en léguant
à ces chercheurs ardents et désintéressés sa riche bibliothèque
et un précieux cabinet d'antiques, formé principalement à Rome, mit entre leurs mains les
instruments de travail indispensables; bientôt, l'engouement public s'en mêlant, l'Académie
devint célèbre, non seulement en Italie, mais encore au dehors : on vit les savants les plus
autorisés de l'Europe entière briguer le titre d'académiciens de Cortone.
Aujourd'hui, si l'Académie, depuis longtemps frappée de mort, ne subsiste plus que pour
nous donner le spectacle de son impuissance, en regard des efforts si honorables de ses fonda-
teurs, en revanche le Musée, dont le cabinet de l'abbé Baldelli forme le noyau, se distingue
autant par la richesse de certaines de ses séries que par la haute valeur de quelques pièces
isolées. Parmi celles-ci le lampadaire de bronze, découvert en 1840, dans les environs de la ville,
mérite au premier chef de fixer l'attention des archéologues. Cette pièce monumentale, qui mesure
oni,58 de diamètre et om,3o d'épaisseur, et qui pèse 54 kilogrammes, se compose d'un disque
irrégulier, sur lequel se profilent seize becs, semblables aux pétales d'un gigantesque héliotrope.
DU MUSÉE DE CORTONE
armi les cités de l'Étrurie, il en est peu
qui puissent revendiquer une aussi haute
antiquité que Cortone, la rivale dArezzo
^ et de Pérouse, une des douze « lucumonies »
ou capitales, entre lesquelles était partagé,
longtemps avant la fondation de Rome, le
gouvernement de la puissante confédération
tyrrhénienne de l'Italie centrale. Les blocs
gigantesques qui forment encore aujourd'hui
ses remparts, la prétendue grotte de Pytha-
gore, digne pendant de nos dolmens celti-
ques, et par-dessus tout les innombrables
onzes, terres cuites, monnaies, trouvés dans la ville
dans les environs rendent témoignage de la splen-
deur de Cortone clans ces temps quasi-fabuleux. Pour
l'archéologue, il n'est point de pèlerinage à la fois plus riche
en beautés pittoresques et plus instructif.
Dès le siècle dernier, quelques hommes d'étude et quelques
hommes de bonne volonté entreprirent de se consacrer à la
discussion de monuments si importants pour l'histoire de la
primitive Italie. En 1726, des patriciens cortonais, à la tète
desquels brillèrent les Venuti, jetèrent les bases d'une société
qui devint rapidement célèbre sous le titre d'Académie étrusque
Lettre de Théodore de Bry. , .~, TT , TT • 11 i 1 ' t> 1 1 11 ' 1 '
Dessin de h. Toussaint. de Cortone. Un parent des Venuti, 1 abbe Balclelh, en léguant
à ces chercheurs ardents et désintéressés sa riche bibliothèque
et un précieux cabinet d'antiques, formé principalement à Rome, mit entre leurs mains les
instruments de travail indispensables; bientôt, l'engouement public s'en mêlant, l'Académie
devint célèbre, non seulement en Italie, mais encore au dehors : on vit les savants les plus
autorisés de l'Europe entière briguer le titre d'académiciens de Cortone.
Aujourd'hui, si l'Académie, depuis longtemps frappée de mort, ne subsiste plus que pour
nous donner le spectacle de son impuissance, en regard des efforts si honorables de ses fonda-
teurs, en revanche le Musée, dont le cabinet de l'abbé Baldelli forme le noyau, se distingue
autant par la richesse de certaines de ses séries que par la haute valeur de quelques pièces
isolées. Parmi celles-ci le lampadaire de bronze, découvert en 1840, dans les environs de la ville,
mérite au premier chef de fixer l'attention des archéologues. Cette pièce monumentale, qui mesure
oni,58 de diamètre et om,3o d'épaisseur, et qui pèse 54 kilogrammes, se compose d'un disque
irrégulier, sur lequel se profilent seize becs, semblables aux pétales d'un gigantesque héliotrope.