L' art: revue hebdomadaire illustrée (9.1883 (Teil 2))

SCENES DE LA VIE D'ARTISTE

LES DESSINS A LA PLUME

Paul Delaroche. — Comment! les dessins à la plume? Mais cela
est si peu de chose que cela ne compte pas!

Horace Vernèt. — Très grave erreur. Tout compte, en fait d'art.

On le voit, il s'agissait d'une discussion amiable ou plutôt d'une
causerie intime entre le gendre et le beau-père. En plus d'un point,
ces deux grands ouvriers de l'art n'étaient guère d'accord. Tandis
que celui auquel nous devons la Mort du duc de Guise, ce superbe
tableau d'histoire, stipulait pour la sévérité de son noble métier, celui
qui nous a laissé la Smalah d'Abd-el-Kader, autre tableau d'histoire
d'une si haute portée, tenait mordicus pour qu'on ne méprisât rien de
ce qui est propre à mettre un génie en relief. La peinture à l'huile,
rien de plus beau tant que ça dure, mais il n'y a pas qu'elle. Nous
vénérons l'eau-forte; nous aimons le pastel; nous payons l'aquarelle
des prix fous; nous allons jusqu'à accorder une, certaine place à la
sépia. Pourquoi dédaignerait-on le dessin à la plume? Entre nous, en
effet, si, demain, l'on venait à trouver quelque part, à Venise, dans
un ancien palais de doge ou bien dans quelque hôtellerie des Marches,
un bout de papier portant quelques traits venant du Corrège ou de
Paul Véronèse, est-ce qu'il faudrait ne pas se hâter de le recueillir?
Est-ce qu'on ne cataloguerait pas cette relique? Est-ce que, pour les

i. Voir l'Art, 8' année, tome IV, page 261, et 9e année, tome II, page 21.

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Encadrement composé et dessiné pour « l'Art » par j. Habert-Dys.
Tome XXXIII. 34