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Gauchez, Léon: Blenheim Palace
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L'ART.
famille Ansidei de Pérouse, — ce Raphaël me laisse calme, parfaitement calme, et, dût-on me
jeter la pierre, je n'hésite pas à certifier qu'il y a considérablement de convention dans l'admiration
professée à soh sujet.
Une Sainte Dorothée donnée tantôt au Sanzio, tantôt à Sébastien del Piombo, n'est ni de
l'un ni de l'autre, mais est d'une belle allure.
Les Van Dyck sont nombreux, trop nombreux, — une vingtaine, — presque tous des Van
Dyck anglais, c'est-à-dire datant de l'époque où l'atelier du maître, transformé en manufacture
à la mode, inondait les Trois-Royaumes de portraits plus que discutables; il est facile de voir
que trop souvent leur auteur officiel n'y a pas donné le moindre coup de pinceau.
Jorclaens honore autrement, à Blenheim Palace, l'école flamande par sa magistrale Déposition
de la croix, un des vrais chefs-d'œuvre de ce maître que l'on est loin encore de comprendre et
d'admirer autant qu'il le mérite.
A titre d'intéressante curiosité, il faut signaler plus de cent pastiches de Teniers d'après des
maîtres italiens; ils décorent la salle de billard. Le peintre favori de l'archiduc Léopold-
Guillaume les exécuta d'après les originaux de la galerie de ce prince, pour les graveurs du
Theatrum Pictorium Davidis Teniers.
En réalité, il n'y a guère', après les Rubens, que les Reynolds qui retiennent exception-
nellement le connaisseur et l'artiste. Le nom de Sir Joshua se rencontre onze fois dans le
catalogue de Blenheim. 11 se montre chez le duc de Marlborough, non seulement un des plus
exquis séducteurs du pinceau, mais un des maîtres les plus variés du portrait. Sa grande toile
de huit figures, peinte en 1778 et représentant Georges Spencer, troisième duc de Marlborough,
et sa famille, est, en ce genre, un modèle de composition où l'esprit s'unit merveilleusement à la
dignité.
III
C'est par la chapelle que se termine la visite de la partie du palais libéralement ouverte au
public ; on y voit le remarquable monument funéraire commandé au sculpteur anversois, Michel
Rysbrack', par la duchesse de Marlborough, en l'honneur du vainqueur de Ramillies, de
Malplaquet et de Blenheim.
IV
L'accès des appartements privés, auxquels appartient la Billiard Room, ne s'obtient que très
rarement. Ce que j'y ai vu de plus digne d'attention, c'est une collection de cinquante à soixante
portraits en miniature et une série d'émaux de Limoges qui se recommande, malheureusement,
bien plus par la quantité que par la qualité 2; en pièces tout à fait de choix il n'y a réellement
qu'une aiguière de Suzanne de Court, deux grands plats, l'un de Jean Courtois, sujet tiré de
Y Apocalypse ; l'autre, de Pierre Raymond, représente Abraham et Melchisédech ; trois ou quatre
petites plaques rectangulaires d'une extrême finesse m'ont aussi tout particulièrement intéressé.
L. Gauchez.
1. Né en 1C94, mort en 1770.
2. La très riche collection de camées et d'intailles de Blenheim F'alace a été vendue un million de francs il y a quelques années, et l'an
dernier le duc a vendu sa précieuse bibliothèque — The Sunderland Library — qui a réalisé plus de douze cent mille francs. La collection
d'émaux de Limoges sera vendue dans quelques jours, le 14 juin, chez MM. Christie, Manson et Woods, les célèbres commissaires-priseurs
de King Street, St. James's Square.
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.
L'ART.
famille Ansidei de Pérouse, — ce Raphaël me laisse calme, parfaitement calme, et, dût-on me
jeter la pierre, je n'hésite pas à certifier qu'il y a considérablement de convention dans l'admiration
professée à soh sujet.
Une Sainte Dorothée donnée tantôt au Sanzio, tantôt à Sébastien del Piombo, n'est ni de
l'un ni de l'autre, mais est d'une belle allure.
Les Van Dyck sont nombreux, trop nombreux, — une vingtaine, — presque tous des Van
Dyck anglais, c'est-à-dire datant de l'époque où l'atelier du maître, transformé en manufacture
à la mode, inondait les Trois-Royaumes de portraits plus que discutables; il est facile de voir
que trop souvent leur auteur officiel n'y a pas donné le moindre coup de pinceau.
Jorclaens honore autrement, à Blenheim Palace, l'école flamande par sa magistrale Déposition
de la croix, un des vrais chefs-d'œuvre de ce maître que l'on est loin encore de comprendre et
d'admirer autant qu'il le mérite.
A titre d'intéressante curiosité, il faut signaler plus de cent pastiches de Teniers d'après des
maîtres italiens; ils décorent la salle de billard. Le peintre favori de l'archiduc Léopold-
Guillaume les exécuta d'après les originaux de la galerie de ce prince, pour les graveurs du
Theatrum Pictorium Davidis Teniers.
En réalité, il n'y a guère', après les Rubens, que les Reynolds qui retiennent exception-
nellement le connaisseur et l'artiste. Le nom de Sir Joshua se rencontre onze fois dans le
catalogue de Blenheim. 11 se montre chez le duc de Marlborough, non seulement un des plus
exquis séducteurs du pinceau, mais un des maîtres les plus variés du portrait. Sa grande toile
de huit figures, peinte en 1778 et représentant Georges Spencer, troisième duc de Marlborough,
et sa famille, est, en ce genre, un modèle de composition où l'esprit s'unit merveilleusement à la
dignité.
III
C'est par la chapelle que se termine la visite de la partie du palais libéralement ouverte au
public ; on y voit le remarquable monument funéraire commandé au sculpteur anversois, Michel
Rysbrack', par la duchesse de Marlborough, en l'honneur du vainqueur de Ramillies, de
Malplaquet et de Blenheim.
IV
L'accès des appartements privés, auxquels appartient la Billiard Room, ne s'obtient que très
rarement. Ce que j'y ai vu de plus digne d'attention, c'est une collection de cinquante à soixante
portraits en miniature et une série d'émaux de Limoges qui se recommande, malheureusement,
bien plus par la quantité que par la qualité 2; en pièces tout à fait de choix il n'y a réellement
qu'une aiguière de Suzanne de Court, deux grands plats, l'un de Jean Courtois, sujet tiré de
Y Apocalypse ; l'autre, de Pierre Raymond, représente Abraham et Melchisédech ; trois ou quatre
petites plaques rectangulaires d'une extrême finesse m'ont aussi tout particulièrement intéressé.
L. Gauchez.
1. Né en 1C94, mort en 1770.
2. La très riche collection de camées et d'intailles de Blenheim F'alace a été vendue un million de francs il y a quelques années, et l'an
dernier le duc a vendu sa précieuse bibliothèque — The Sunderland Library — qui a réalisé plus de douze cent mille francs. La collection
d'émaux de Limoges sera vendue dans quelques jours, le 14 juin, chez MM. Christie, Manson et Woods, les célèbres commissaires-priseurs
de King Street, St. James's Square.
Le Directeur-Gérant : EUGÈNE VÉRON.