WJ
LE CENTENAIRE DU SALON
(fin)
Nous avons successivement noté les dates des cent premières Expositions. Les diverses et
très nombreuses modifications apportées à la composition des jurys sont plus intéressantes encore
à relever.
Le premier jury date, comme nous l'avons dit, de 1748. Il est alors formé du directeur de
l'Académie, de deux recteurs, deux adjoints à recteur et douze membres choisis par leurs
collègues parmi les professeurs et conseillers de l'Académie. La Révolution le supprime en
décrétant la liberté, mais l'administration se réserve le droit, dans un but politique et pour la
^ sauvegarde des bonnes mœurs, d'éliminer certaines œuvres. Lorsque le jury sera rétabli, ce
sera l'administration qui le composera elle-même des membres des quatre classes de l'Institut,
sous le Consulat, et seulement des membres de la classe des Beaux-Arts, pendant toute la
durée du premier Empire. La Restauration, moins absolue, nommera une commission composée
de membres de l'Académie ou d'amateurs et de fonctionnaires de l'administration, mais elle aura
soin d'assurer la majorité aux académiciens en ne composant les sections que de quatre fonc-
tionnaires contre cinq membres de l'Institut. A partir de i83i, les trois classes de l'Académie,
peinture, sculpture et gravure, sont seules chargées d'admettre les œuvres présentées et cle
désigner à l'administration les récompenses à décerner.
Ce jury, sans être sévère, se montra souvent fort exclusif. Des plaintes s'élevèrent de plus
en plus vives chaque année. On aspirait à une liberté sans limite, que donna la révolution
de 1848. Une commission de quarante artistes élus par les exposants fut seule chargée du
classement, de concert avec l'administration, par un arrêté du 28 février, signé Ledru-Rollin.
Mais ceux-là mêmes qui avaient été les plus ardents à réclamer leur affranchissement furent les
premiers à demander un tempérament au régime qui ouvrait les salles de l'Exposition à
5,i8o ouvrages dont quelques centaines seulement méritaient d'être admis. Un nouveau règle-
ment, établi dès 1849, imposa aux artistes un jury élu par tous les exposants. L'administration
gardait la présidence du classement dont le jury était également chargé. Les œuvres des
membres de l'Institut, des prix de Rome, des artistes décorés et de ceux ayant obtenu des
médailles ou récompenses, de première et deuxième classe, étaient reçues sans examen. Ce sont
les exempts.
Le rèo-lement de i85o autorisait les artistes à élire un certain nombre d'amateurs comme
jurés d'admission, et, modification plus importante, il instituait un jury spécial « pour apprécier
le mérite des ouvrages d'art admis et désigner au ministre de l'Intérieur les artistes qui se sont
rendus dignes de recevoir des récompenses ou des encouragements ». Celui-ci était composé cle
membres nommés directement par le ministre et des membres du jury d'admission ayant obtenu
le plus grand nombre de suffrages. Les médailles étaient de trois classes (i,5oo fr., 5oo fr., et
25o fr.). On créait en outre une médaille d'honneur, d'une valeur de 4,000 fr., que devaient
décerner toutes les sections du jury réunies. Celle-ci restait acquise à l'artiste couronné jusqu'à
ce qu'un autre en fût jugé digne.
Cette division du jury paraît mauvaise sans doute, car, en i852, c'est la même commission
Voir l'Art, g* année, tome ii, page 101.
Encadrement de F. Magnini.
Tome XXXIII. i9
LE CENTENAIRE DU SALON
(fin)
Nous avons successivement noté les dates des cent premières Expositions. Les diverses et
très nombreuses modifications apportées à la composition des jurys sont plus intéressantes encore
à relever.
Le premier jury date, comme nous l'avons dit, de 1748. Il est alors formé du directeur de
l'Académie, de deux recteurs, deux adjoints à recteur et douze membres choisis par leurs
collègues parmi les professeurs et conseillers de l'Académie. La Révolution le supprime en
décrétant la liberté, mais l'administration se réserve le droit, dans un but politique et pour la
^ sauvegarde des bonnes mœurs, d'éliminer certaines œuvres. Lorsque le jury sera rétabli, ce
sera l'administration qui le composera elle-même des membres des quatre classes de l'Institut,
sous le Consulat, et seulement des membres de la classe des Beaux-Arts, pendant toute la
durée du premier Empire. La Restauration, moins absolue, nommera une commission composée
de membres de l'Académie ou d'amateurs et de fonctionnaires de l'administration, mais elle aura
soin d'assurer la majorité aux académiciens en ne composant les sections que de quatre fonc-
tionnaires contre cinq membres de l'Institut. A partir de i83i, les trois classes de l'Académie,
peinture, sculpture et gravure, sont seules chargées d'admettre les œuvres présentées et cle
désigner à l'administration les récompenses à décerner.
Ce jury, sans être sévère, se montra souvent fort exclusif. Des plaintes s'élevèrent de plus
en plus vives chaque année. On aspirait à une liberté sans limite, que donna la révolution
de 1848. Une commission de quarante artistes élus par les exposants fut seule chargée du
classement, de concert avec l'administration, par un arrêté du 28 février, signé Ledru-Rollin.
Mais ceux-là mêmes qui avaient été les plus ardents à réclamer leur affranchissement furent les
premiers à demander un tempérament au régime qui ouvrait les salles de l'Exposition à
5,i8o ouvrages dont quelques centaines seulement méritaient d'être admis. Un nouveau règle-
ment, établi dès 1849, imposa aux artistes un jury élu par tous les exposants. L'administration
gardait la présidence du classement dont le jury était également chargé. Les œuvres des
membres de l'Institut, des prix de Rome, des artistes décorés et de ceux ayant obtenu des
médailles ou récompenses, de première et deuxième classe, étaient reçues sans examen. Ce sont
les exempts.
Le rèo-lement de i85o autorisait les artistes à élire un certain nombre d'amateurs comme
jurés d'admission, et, modification plus importante, il instituait un jury spécial « pour apprécier
le mérite des ouvrages d'art admis et désigner au ministre de l'Intérieur les artistes qui se sont
rendus dignes de recevoir des récompenses ou des encouragements ». Celui-ci était composé cle
membres nommés directement par le ministre et des membres du jury d'admission ayant obtenu
le plus grand nombre de suffrages. Les médailles étaient de trois classes (i,5oo fr., 5oo fr., et
25o fr.). On créait en outre une médaille d'honneur, d'une valeur de 4,000 fr., que devaient
décerner toutes les sections du jury réunies. Celle-ci restait acquise à l'artiste couronné jusqu'à
ce qu'un autre en fût jugé digne.
Cette division du jury paraît mauvaise sans doute, car, en i852, c'est la même commission
Voir l'Art, g* année, tome ii, page 101.
Encadrement de F. Magnini.
Tome XXXIII. i9