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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 2)

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Delaborde, Henri: La gravure à Modène et à Bologna
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https://doi.org/10.11588/diglit.19295#0152

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LA GRAVURE A MODÈNE ET A BOLOGNE

AU XVe ET AU XVIe SIÈCLE

Giovanni Battista del Porto, appelé communément le
maître à l'oiseau, en raison de la marque qu'il avait adoptée,
et Nicolo Rosex ou de Rossi1, dit Nicolctto de Modène,
représentent dans l'histoire de la gravure italienne au
xv° siècle, ou plutôt tout au commencement du xvie, une
phase épisodique et des entreprises toutes locales. Ni l'un
ni l'autre probablement n'aspirait à exercer une influence
décisive sur la marche de l'art contemporain et à le rendre,
par l'autorité des exemples donnés, tributaire du génie
modenais. Leur ambition à tous, deux devait être de faire
preuve d'habileté pour leur compte, sans visées présomp-
tueuses, sans exagération sur l'importance du résultat par
delà les limites de leur pays, ou s'ils pouvaient en retirer
quelque honneur au dehors, avec l'espoir d'utiliser cette
bonne fortune dans un intérêt surtout commercial.

Rien de moins propre d'ailleurs à faire soupçonner une
arrière-pensée de domination que l'ensemble des œuvres
produites par les deux graveurs. Celles qu'a laissées le
« maître à l'oiseau » se recommandent par l'élégance du dessin et du style, par la grâce,
toujours très profane il est vrai, quelquefois même plus que profane, avec laquelle il traite les
figures de jeunes femmes ou d'adolescents. Elles dénotent chez lui une imagination séduite, à
l'exclusion du reste, par les charmes tout extérieurs de la personne humaine, un sentiment
délicat de la forme, mais de la forme dans son acception purement agréable, en un mot une
préoccupation constante des moyens de plaire au regard et d'amuser l'esprit, dût cette recherche
même aboutir dans les termes à quelque chose d'un peu efféminé.

Un pareil talent n'est pas de ceux qui font école. Il est de ceux au contraire qui interrompent
le progrès général en n'exprimant que la fantaisie personnelle, en substituant au respect réfléchi
de la tradition l'esprit de caprice et d'aventure. Que sont devenues déjà sous le burin de Battista
del Porto les chastes grâces du style florentin ou la mâle poétique de Mantegna? Quelque habile
qu'il se montre, le graveur modenais appartient, au moins comme précurseur, à la famille des
artistes de la décadence. L'art, tel qu'il le comprend et qu'il le pratique, n'est déjà plus qu'une
industrie futile, un mode de récréation analogue aux galanteries littéraires inspirées vers la même
époque à quelques beaux esprits par une étude superficielle de la mythologie antique. Si des
planches telles que Galatée ou Léda et ses enfants prouvent la dextérité de celui qui les a faites
et même, jusqu'à un certain point, la finesse de son goût, elles accusent aussi l'indigence de
ses facultés pour tout ce qui tient aux conditions morales de l'art, aux émotions qu'il doit susciter
dans notre cœur, au sentiment du beau qu'il a la mission de stimuler ou de développer en nous.
Battista del Porto n'arrive guère qu'à nous informer du joli, et ce ne sont là, tant s'en faut, ni des
enseignements qui suffisent, ni des mérites qu'on soit tenu de louer bien haut.

Quant à Nicoletto de Modène, la part d'éloges à laquelle il a droit nous semble plus restreinte
encore, bien que le nombre considérable des ouvrages qu'il a signés et l'extrême bienveillance

i. Une pièce datée de l'année i boo et signée de Rubeis, — le Jugement de Paris, •— ne permettrait-elle pas en effet de reconnaître le
nom de Rossi tout aussi bien que celui de Rosex sous la forme latine que le graveur a cru devoir employer ?

Nicoletto de Modène. — Saint Roch,
 
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