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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 2)

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Dargenty, G.: Salon de 1883, [5]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19295#0275

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SALON DE 1883'

(fin)

La sculpture m'est chère, parce qu'elle est sévère et
chaste, parce qu'elle échappe à toutes les pollutions.

J'aime la sculpture, parce qu'elle ne subit pas le
joug de la mode, parce qu'elle est indépendante, grande
et cligne. Je l'aime, parce qu'elle est ennemie de l'exa-
gération et de l'outrance.

« La sculpture, dit Diderot, ne souffre ni le bouffon,
ni le burlesque, ni le plaisant, rarement même le comique.
Le marbre ne rit pas... Elle est voluptueuse, mais jamais
ordurière. Elle garde encore dans la volupté je ne sais
quoi de recherché, de rare, d'exquis, qui m'annonce que
son travail est long, pénible, difficile... La sculpture
suppose un enthousiasme opiniâtre et profond, une verve
forte et tranquille en apparence, un feu couvert et caché
qui bout au dedans. C'est une muse violente, mais silen-
cieuse et secrète. »

J'ajoute, après le maître, que la sculpture est de
tous les arts le plus sincère, celui dans la pratique
V; duquel l'habileté compte le moins, où la ficelle, n'a pas

de prise. Rebelle au maquillage, elle tue impitoyablement
le maquilleur. Sa vertu obstinée échappe à toutes les
séductions déshonnêtes. Personne ne se peut vanter de
l'avoir jamais chiffonnée, et le dédain de sa lèvre hau-
taine fait rentrer sous terre tous les Grévins qui osent
toucher les plis de sa tunique immaculée.

Et c'est pourquoi, tandis que sa cadette, inconstante,
'"i"6'^**^- sceptique, ignorante, voluptueuse et frivole, se galvaude

Le corail. au ruisseau, elle, l'incorruptible aînée, demeure studieuse

Dessin de Géry Bichard, d'après la statue plâtre f i *. • • • r. j. „

' y f et calme sur les crêtes saines et vivifiantes.

de J. P. Aube. (Salon de i883.)

Oui, certes, c'est une consolation que de s'asseoir
au pur foyer d'une matrone quand on vient de subir les tristes agaceries du trottoir.

Qu'il me soit permis, en entrant dans le salon de sculpture, de saluer tout d'abord et très
bas les deux merveilleux tableaux de plâtre de M. Dalou, plus colorés dans leur blanche
uniformité que toutes les toiles peintes, poncées, vernies et empâtées sur lesquelles se sont
écrasés en vain tant de tubes de couleurs variées.

C'est à ces deux hauts-reliefs que s'est accrochée la grande médaille.

Pour de pareils morceaux, ai-je déjà dit ailleurs, il ne peut y avoir d'éloges trop violents.
C'est la plus belle page de sculpture qu'il nous ait été donné de voir depuis que le bas-relief
de l'Arc de triomphe est né sous le ciseau magistral de Rude. Il est des gens qui deviennent
célèbres par une accumulation de succès répétés. 11 en est d'autres qui se révèlent tout d'un
coup, qui tombent comme le tonnerre, éclatent comme un coup de foudre et pulvérisent tout

i. Voir l'Art, cf année, tome II, pages 153, 164 et 190.

Tome XXXIII. 35

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