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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 2)

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Monceaux, Henri: Les sculptures du Château de Fleurigny, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.19295#0095

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72 L'ART.

Cette porte de l'archevêché, comme on l'a fait remarquer avant nous, sans pouvoir nommer
son auteur, est splendide et n'a rien de comparable pour la finesse de ses sculptures et l'élégance
de leur ensemble.

Les rinceaux de feuillage les plus riches, les arabesques les plus gracieuses y sont dessinés
avec profusion et sculptés avec une rare perfection qui dénote un véritable artiste.

La frise, composée de feuillages et de rinceaux au milieu desquels se jouent de charmants
petits génies, supporte deux médaillons cantonnés de coquilles et entourés de couronnes de fleurs
et de fruits exactement comme à Fleurigny. Ces médaillons encadraient deux bustes aujourd'hui
effacés pour la plus grande partie, ainsi que les armoiries d'Etienne Poncher qui se trouvaient
au milieu et qu'on ne distingue plus1.

Deux statuettes sont placées de chaque côté du tympan et représentent deux hommes d'armes,
sentinelles vigilantes qui paraissent garder la porte. Au-dessus, deux petits pilastres accompagnés
d'arabesques et de fines sculptures du plus bel effet se dressent de chaque côté d'une grande
coquille de pèlerin, souvenir des croisades et qui rappelle les armoiries de l'archevêque placées
plus bas.

On peut dire sans craindre d'être démenti que cet admirable portail, malheureusement en
mauvais état et négligé par la municipalité sénonaise, est un des plus beaux spécimens de
l'ornementation de l'époque de la Renaissance, M. Victor Petit ajoute à la description qu'il en a
donnée en 1847, dans son Guide dans la ville de Seiis : « La même délicatesse de travail se
retrouvait dans tout l'édifice; les pilastres, les corniches et surtout les embrasures des fenêtres
et des portes étaient couverts de ciselures. Pourquoi a-t-il fallu qu'en 1832, par suite d'une
décision inexplicable, on ait abattu la moitié de ce splendide édifice? L'année i832 a été fatale
aux vieux édifices de la ville de Sens; leurs débris jonchaient le sol de ses places et de ses
promenades publiques. »

Mais retournons au château de Fleurigny et observons, en pénétrant dans la cour intérieure,
que les tours et les bâtiments qui complétaient le quadrilatère du côté du midi ont été démolis
jusqu'aux fossés, à une époque déjà éloignée et lorsque les nécessités de la défense ne se sont
plus fait sentir. Une pelouse entourée de fleurs a remplacé de ce côté le noir bâtiment féodal, et
un élégant pavillon octogone, parallèle à la chapelle, termine les constructions du côté du
couchant.

Aussi la cour intérieure du manoir, inondée d'air et de lumière, a-t-elle un aspect tout
différent de celui de l'entrée que nous décrivions tout à l'heure. L'irrégularité des constructions
disparaît au milieu du feuillage des arbres, et la Renaissance nous apparaît dans toute sa grâce
et sa splendeur lorsqu'on aperçoit la chapelle dont le pignon aigu est surmonté d'un élégant
clocher.

Nous reviendrons bientôt sur cette chapelle et sa description nous aidera à trouver l'archi-
tecte et le sculpteur qui l'ornèrent. Mais avant de l'aborder, il nous faut admirer l'ancienne
galerie voûtée en ogives à nervures qui fait face au midi et dont les pilastres extérieurs sont
couverts d'arabesques d'une suprême élégance.

Puis nous entrons dans l'ancienne salle dite des Gardes. C'est là qu'il nous faut admirer
l'une des plus belles cheminées sculptées que l'art de la Renaissance nous ait laissées. Cette
pièce est d'autant plus précieuse qu'elle semble avoir été créée pour nous montrer tout à la foi9
l'art français dans son enfance et dans sa splendeur.

Cette cheminée, en effet, a dû être faite en deux fois et la partie basse est beaucoup plus
ancienne que la partie supérieure dont les ornements attestent une science, une sûreté de main,
une perfection qui manquent à l'autre partie.

Le linteau, placé à près de deux mètres au-dessus du sol, est orné, ainsi que les piliers qui
le soutiennent, de feuillages, de cordes roulées et de bandelettes tournées en spirale et soutenues

1. L'archevêque de Sens, Etienne Poncher, était un riche et puissant seigneur, qui fut ambassadeur de François I01' en plusieurs
circonstances. Il portait pour armoiries : D'or au chevron de gueules, brisé à la cime d'une tête de Maure de sable tortillée d'argent, accom-
pagnée is trois coquilles de sable.'
 
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