SALON DE 1883. 191
Cela dit, il faut bien avouer que le jury ne s'est pas trop mal tiré de la tâche ardue qui
consistait à trier dans cette masse d'oeuvres médiocres celles qui s'élèvent un tantinet au-dessus
des autres. Je viens de passer les lauréats en revue et, à part quelques omissions regrettables,
il me semble que la besogne est passablement faite. Je m'empresse pourtant de faire une
restriction, car je déclare absolument incompréhensible l'attribution d'une première médaille à
M. Henri Martin.
Je me suis posté devant cette grande toile avec un désir absolument sincère d'y découvrir
les qualités maîtresses qui lui valurent faveur si exceptionnelle, et je me suis retiré confus,
courbant la tête sous l'opprobre de mon ineptie.
Non, vous me croirez si vous voulez, il ne m'a pas été possible de me rendre compte des
secrètes qualités qui se cachent sous une composition "poncive, une peinture plate, un effet
dramatique nul et des colorations fausses, qui, en apparence du moins, constituent les seuls éléments
Une Meule, en Flandre.
Dessin de Henri Pluchart, d'après son tableau. (Salon de i883.)
remarquables de cette Francesca et de ce Paolo suspendus au-dessus de la grande fournaise,
dans l'attitude de gens qui savent que tout cet appareil effrayant ne tire pas à conséquence et
n'a que la valeur d'un arsenal maçonnique.
Il y a au fond de tout cela quelque coup monté qui m'échappe.
En donnant à M. Giron une deuxième médaille, on n'a fait que rendre justice à son talent
et à ses efforts. Nous avons dit ce que nous pensions des Deux Sœurs. Nous n'avions pas parlé
de M. Gélibert dont les deux toiles, Prise d'un renard et Chasse d'un vieux loup, sont assez
médiocres; mais, à le bien prendre en ce temps de disette d'animaliers, je ne trouve pas mauvais
qu'on encourage M. Gélibert. Une deuxième médaille à M. Marais, c'est aller un peu loin. Le
Gué est une toile terne, pauvrement peinte, très monotone; les animaux sont sans vie, sauf la
vache du premier plan qui valait peut-être une troisième médaille; mais ne chicanons pas
M. Marais, qui fit jadis beaucoup mieux et rattrapera peut-être son ancienne manière, qui était
la bonne. La Ferme Coursimont, de M. Sauzay, est une de ces toiles dont on ne dit rien.
Cela dit, il faut bien avouer que le jury ne s'est pas trop mal tiré de la tâche ardue qui
consistait à trier dans cette masse d'oeuvres médiocres celles qui s'élèvent un tantinet au-dessus
des autres. Je viens de passer les lauréats en revue et, à part quelques omissions regrettables,
il me semble que la besogne est passablement faite. Je m'empresse pourtant de faire une
restriction, car je déclare absolument incompréhensible l'attribution d'une première médaille à
M. Henri Martin.
Je me suis posté devant cette grande toile avec un désir absolument sincère d'y découvrir
les qualités maîtresses qui lui valurent faveur si exceptionnelle, et je me suis retiré confus,
courbant la tête sous l'opprobre de mon ineptie.
Non, vous me croirez si vous voulez, il ne m'a pas été possible de me rendre compte des
secrètes qualités qui se cachent sous une composition "poncive, une peinture plate, un effet
dramatique nul et des colorations fausses, qui, en apparence du moins, constituent les seuls éléments
Une Meule, en Flandre.
Dessin de Henri Pluchart, d'après son tableau. (Salon de i883.)
remarquables de cette Francesca et de ce Paolo suspendus au-dessus de la grande fournaise,
dans l'attitude de gens qui savent que tout cet appareil effrayant ne tire pas à conséquence et
n'a que la valeur d'un arsenal maçonnique.
Il y a au fond de tout cela quelque coup monté qui m'échappe.
En donnant à M. Giron une deuxième médaille, on n'a fait que rendre justice à son talent
et à ses efforts. Nous avons dit ce que nous pensions des Deux Sœurs. Nous n'avions pas parlé
de M. Gélibert dont les deux toiles, Prise d'un renard et Chasse d'un vieux loup, sont assez
médiocres; mais, à le bien prendre en ce temps de disette d'animaliers, je ne trouve pas mauvais
qu'on encourage M. Gélibert. Une deuxième médaille à M. Marais, c'est aller un peu loin. Le
Gué est une toile terne, pauvrement peinte, très monotone; les animaux sont sans vie, sauf la
vache du premier plan qui valait peut-être une troisième médaille; mais ne chicanons pas
M. Marais, qui fit jadis beaucoup mieux et rattrapera peut-être son ancienne manière, qui était
la bonne. La Ferme Coursimont, de M. Sauzay, est une de ces toiles dont on ne dit rien.