Overview
Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

L' art: revue hebdomadaire illustrée — 9.1883 (Teil 2)

DOI Artikel:
Véron, Eugène: Le Palais de Longchamps à Marseille
DOI Seite / Zitierlink:
https://doi.org/10.11588/diglit.19295#0244

DWork-Logo
Überblick
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
202 L'ART.

pour lui faire remarquer que, jusqu'à présent, les adversaires de M. Bartholdi n'avaient mis
en avant aucun autre argument que ces deux pièces, absolument insuffisantes pour détruire
l'ensemble des faits énoncés par le Mémoire et la Note que j'avais entre les mains ; je
demandais si la commission Espérandieu n'avait pas l'intention de faire valoir d'autres raisons,
et j'offrais d'ouvrir les pages de l'Art à une discussion contradictoire, où les partisans d'Espé-
randieu et ceux de M. Bartholdi auraient pu développer leurs arguments.

Cette offre ne fut pas acceptée. On se contenta de me répondre que la commission Espéran-
dieu s'occupait de réunir toutes les preuves nécessaires et qu'une fois la brochure imprimée, on
me l'enverrait. Il y a de cela environ dix mois. Je n'ai rien reçu. Ce n'est pas une raison pour
enterrer la question. Je demeure, pour mon compte, absolument convaincu que l'idée dont l'exé-
cution constitue la valeur artistique du palais de Longchamps appartient à M. Bartholdi; et je
tiens à expliquer d'où me vient cette conviction. Si je me trompe, si les faits avancés par
M. Bartholdi ne sont pas exacts ou si je les interprète mal, je suis tout prêt à le reconnaître,
à la seule condition qu'on prenne la peine de me le démontrer.

Voici les faits :

Les Marseillais avaient fait de grandes dépenses pour amener dans leur ville les eaux de la
Durance sur le plateau de Longchamps, et ils voulaient élever un château d'eau à l'extrémité de
l'avenue de Longchamps, à la base de la colline. Au sommet de la même colline, on se proposait
de construire prochainement un muséum d'histoire naturelle. Les fondations existaient depuis 1839,
et depuis cette époque on avait cherché vainement un projet qui parût satisfaisant. D'un autre
côté, la ville avait l'intention de bâtir sous peu un musée de peinture, dont l'emplacement était à
peu près arrêté dans le centre de la ville.

Personne ne songeait à réunir ces trois édifices en demi-cercle, à mi-côte de la colline. C'est
M. Bartholdi qui, le premier, en dehors de tout programme, conçut cette idée, comme le
constate la délibération du conseil municipal de Marseille du 18 avril 185g. Or cette idée, sur
laquelle Espérandieu ne peut réclamer aucun droit de priorité, puisqu'il n'est intervenu dans
l'affaire qu'en 1861, cette idée, c'est tout le monument. Tout le reste en découle et n'est plus
qu'affaire d'arrangement et de goût. L'inventeur, l'artiste, c'est celui qui a trouvé cela, qui a jeté
cette idée dans la circulation. Qu'aujourd'hui on la trouve si simple, qu'on ne songe, plus à en
reconnaître la valeur, et qu'on s'imagine qu'elle a dû se présenter tout naturellement à Espéran-
dieu comme elle s'était présentée à M. Bartholdi, cela prouve uniquement que c'était bien là
l'idée vraie, exacte, esthétique, celle qui convenait mieux que toute autre au monument projeté.
Comme toutes les idées simples et grandes, celle-ci s'adapte si exactement au but cherché, que
chacun peut croire qu'il l'eût trouvée, pour peu qu'il se fût donné la peine de la chercher.

Et cependant elle avait échappé à tout le monde; là est le fait capital, essentiel; et si nous
pouvons démontrer que c'est bien M. Bartholdi qui l'a trouvée, nous aurons, par le fait même,
établi son droit absolu d'inventeur sur le palais de Longchamps, et replacé l'arrangeur au second
rang, qui seul lui convient.

Or, s'il y a un fait constant, c'est que le plan de M. Bartholdi (projet n° 2), présenté le
18 avril 185g, comprenait la construction du muséum d'histoire naturelle et du musée de peinture
reliés des deux côtés au château d'eau par une colonnade à jour, le tout accompagné d'un
ensemble de dispositions décoratives de bassins, de rampes et de terrasses. Le grand aspect de
cette conception séduisit tout le conseil et causa un revirement complet dans les idées arrêtées
jusqu'à ce jour.

Le conseil ouvrit un crédit de 3,000 francs pour frais d'études de ce projet. La commission
des architectes nommés pour l'étudier, tout en faisant certaines réserves, déclara que « c'était une
grande idée ».

Il s'agit donc maintenant de démontrer que cette conception mère appartient bien à M. Bar-
tholdi. C'est ce que nous allons tâcher de faire.

La voici, telle que nous la trouvons formulée par M. Bartholdi lui-même :

« Substituer aux anciens projets une combinaison comprenant à mi-hauteur de la colline
 
Annotationen