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Soldi, Émile: Des origines de l'art dans l'antiquité par MM. G. Perrot et Chipiez, [5]
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DES ORIGINES DE L'ART DANS L'ANTIQUITE. 237
ÏHistoire de l'art. Nous avons beaucoup appris dans le nouvel ouvrage publié par la maison
Hachette et tout le monde gagnera à le lire1.
DO'.'...
Bien des passages de ce livre nous ont ému et charmé ; nous terminerons cet article par la
page où M. G. Perrot rappelle sa visite avec Mariette aux fouilles de Saqqarah. Quatre cents
enfants ou adolescents faisant la corvée au Serapeum, après s'être nourris d'une galette et d'un
oignon, s'étaient peu à peu endormis en chantant.
« Je n'oublierai jamais, écrit-il2, le charme de cette nuit passée au désert, ni l'aspect
étrange et fantastique que prend sous la lune cette mer de sable. On ne sait où bon est, ni ce
que représente l'uniforme et vaste blancheur de cette nappe horizontale. N'était qu'aucune étoile
ne se réfléchit dans cette immensité et que les rayons n'y scintillent pas comme ils le font dans
l'eau môme la plus calme, on se croirait en plein Océan. Le sommeil vint lentement; tout en
écoutant mourir ces voix qui s'affaiblissaient et tombaient l'une après l'autre, je songeais au peu
qu'il fallait à ces enfants, au peu qu'il fallait à leurs pères pour être heureux et gais, pour
s'endormir en chantant, sans souci de la veille ni du lendemain, et je comparais ce facile bonheur
à l'existence inquiète et toute compliquée de gènes et d'ambitions que nous allions reprendre, au
bout de quelques jours, clans les villes de l'Occident, après avoir joui toute une année, une
année qui n'aurait dû jamais finir, des libres chevauchées à travers le steppe ou la foret et de la
vie variée du voyage. »
Ce passage est d'un poète. N'est-il pas d'une ravissante mélancolie? Au reste, tout l'ouvrage
est imprégné de la satisfaction avec laquelle les savants auteurs de Y Histoire de l'art poursuivent
l'heureuse et belle tâche qu'ils se sont imposée, celle qui dessine le chemin où l'homme va
vers le beau, la tête levée vers le ciel !
L'art sous ses formes multiples et variées s'est toujours partagé l'empire du monde, aucun
peuple ne l'a renié, presque tous ont été sensibles aux beautés du ciel et de la terre, et si l'état
matériel de leur civilisation ou les ressources de leur pays ne leur ont pas permis d'en reproduire
les effets, de les imiter, de rendre leurs sensations, ils ont toujours adoré les splendeurs de la
nature. Tous à un degré plus ou moins grand ont eu le sentiment de l'art. Car tout peuple
primitif, après les explosions de jalousie qui lui faisaient détruire une civilisation artistique, n'a
pas tardé à être gagné à son tour et à se disputer les débris des ruines qu'il avait semées.
Aussi comme dans les temps de paix l'art s'étend et s'impose! C'est le véritable conquérant. La
monnaie n'était pas encore inventée que les Phéniciens exportaient partout leurs coupes délicieuses.
Les vainqueurs par les armes sèment partout la vengeance, les vainqueurs par les arts
récoltent partout les hommages et l'admiration.
Emile Soldk
ouvrage avec un article spécial sur la question intitulée : Pratique de la gravure en creux et en relief. — Enfin nous signalons : l'Histoire
de la vie et des ouvrages de G. Picklcr, par Gio Gérard de Rossi ; La Gravure sur diamant, par le marquis Girolamo d'Adda, 1867; Histoire
de la gravure en pierre fine, par M. Blondel, dans les derniers numéros de la Revue de l'Art ancien et moderne. M. Blondel fait remonter
à l'Inde l'origine de la gravure et de ses instruments.
1. Nous aurions le désir qu'un ouvrage aussi considérable fasse partie de l'éducation, entre dans les lycées, devienne même populaire.
Il serait facile d'en faire une petite édition; de diminuer le texte, surtout dans quelques parties un peu sévères; de conserver seulement
les petits clichés qui n'augmentent pas le prix du tirage; d'avoir ainsi un manuel supérieur à ceux de l'étranger. Qu'on ne se récrie pas sur
notre exigence. En Allemagne l'histoire de l'art fait partie des études sérieuses, de même que les musées sont organisés pour l'instruction
plutôt que pour le plaisir des oisifs. Partout chez eux des écriteaùx sur les salles, des étiquettes sur les objets, apprennent aux visiteurs
quels sont le style, la date, la provenance, l'historique et l'esthétique des objets.
1. Histoire de l'Art, tome I»1', page 44.
Tome XXXIII.
36
ÏHistoire de l'art. Nous avons beaucoup appris dans le nouvel ouvrage publié par la maison
Hachette et tout le monde gagnera à le lire1.
DO'.'...
Bien des passages de ce livre nous ont ému et charmé ; nous terminerons cet article par la
page où M. G. Perrot rappelle sa visite avec Mariette aux fouilles de Saqqarah. Quatre cents
enfants ou adolescents faisant la corvée au Serapeum, après s'être nourris d'une galette et d'un
oignon, s'étaient peu à peu endormis en chantant.
« Je n'oublierai jamais, écrit-il2, le charme de cette nuit passée au désert, ni l'aspect
étrange et fantastique que prend sous la lune cette mer de sable. On ne sait où bon est, ni ce
que représente l'uniforme et vaste blancheur de cette nappe horizontale. N'était qu'aucune étoile
ne se réfléchit dans cette immensité et que les rayons n'y scintillent pas comme ils le font dans
l'eau môme la plus calme, on se croirait en plein Océan. Le sommeil vint lentement; tout en
écoutant mourir ces voix qui s'affaiblissaient et tombaient l'une après l'autre, je songeais au peu
qu'il fallait à ces enfants, au peu qu'il fallait à leurs pères pour être heureux et gais, pour
s'endormir en chantant, sans souci de la veille ni du lendemain, et je comparais ce facile bonheur
à l'existence inquiète et toute compliquée de gènes et d'ambitions que nous allions reprendre, au
bout de quelques jours, clans les villes de l'Occident, après avoir joui toute une année, une
année qui n'aurait dû jamais finir, des libres chevauchées à travers le steppe ou la foret et de la
vie variée du voyage. »
Ce passage est d'un poète. N'est-il pas d'une ravissante mélancolie? Au reste, tout l'ouvrage
est imprégné de la satisfaction avec laquelle les savants auteurs de Y Histoire de l'art poursuivent
l'heureuse et belle tâche qu'ils se sont imposée, celle qui dessine le chemin où l'homme va
vers le beau, la tête levée vers le ciel !
L'art sous ses formes multiples et variées s'est toujours partagé l'empire du monde, aucun
peuple ne l'a renié, presque tous ont été sensibles aux beautés du ciel et de la terre, et si l'état
matériel de leur civilisation ou les ressources de leur pays ne leur ont pas permis d'en reproduire
les effets, de les imiter, de rendre leurs sensations, ils ont toujours adoré les splendeurs de la
nature. Tous à un degré plus ou moins grand ont eu le sentiment de l'art. Car tout peuple
primitif, après les explosions de jalousie qui lui faisaient détruire une civilisation artistique, n'a
pas tardé à être gagné à son tour et à se disputer les débris des ruines qu'il avait semées.
Aussi comme dans les temps de paix l'art s'étend et s'impose! C'est le véritable conquérant. La
monnaie n'était pas encore inventée que les Phéniciens exportaient partout leurs coupes délicieuses.
Les vainqueurs par les armes sèment partout la vengeance, les vainqueurs par les arts
récoltent partout les hommages et l'admiration.
Emile Soldk
ouvrage avec un article spécial sur la question intitulée : Pratique de la gravure en creux et en relief. — Enfin nous signalons : l'Histoire
de la vie et des ouvrages de G. Picklcr, par Gio Gérard de Rossi ; La Gravure sur diamant, par le marquis Girolamo d'Adda, 1867; Histoire
de la gravure en pierre fine, par M. Blondel, dans les derniers numéros de la Revue de l'Art ancien et moderne. M. Blondel fait remonter
à l'Inde l'origine de la gravure et de ses instruments.
1. Nous aurions le désir qu'un ouvrage aussi considérable fasse partie de l'éducation, entre dans les lycées, devienne même populaire.
Il serait facile d'en faire une petite édition; de diminuer le texte, surtout dans quelques parties un peu sévères; de conserver seulement
les petits clichés qui n'augmentent pas le prix du tirage; d'avoir ainsi un manuel supérieur à ceux de l'étranger. Qu'on ne se récrie pas sur
notre exigence. En Allemagne l'histoire de l'art fait partie des études sérieuses, de même que les musées sont organisés pour l'instruction
plutôt que pour le plaisir des oisifs. Partout chez eux des écriteaùx sur les salles, des étiquettes sur les objets, apprennent aux visiteurs
quels sont le style, la date, la provenance, l'historique et l'esthétique des objets.
1. Histoire de l'Art, tome I»1', page 44.
Tome XXXIII.
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