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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Chennevières, Henry de: Miniaturistes et orfèvres de cour, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0153

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MINIATURISTES ET ORFÈVRES DE COUR.

Ce relevé, autrement étendu d’ailleurs sur la feuille
originale par suite d'idem et de répétitions d’objets adres-
sés à d'autres destinataires, donne déjà belle matière à
explications.

Le roi, le Dauphin et les princesses avaient donc cha-
cun leurs miniaturistes préférés : Charlier, Drouais, Vin-
cent, Penel, pour Mesdames de France, Liotard pour Sa
Majesté, Lebrun pour le Dauphin.

Liotard est ce drôle d’homme, Génevois par hasard, et
bien le plus agité des peintres de son temps. Il avait par-
couru l’Europe et fait la curiosité de presque toutes les
capitales avec ses allures et sa robe de faux musulman.
Comme ses goûts de voyage l’avaient amené à Constanti-
nople, il se plaisait à être surnommé le peintre turc. L’on
juge du succès d’engouement d’un pareil original à Paris
et à Versailles ! La consécration de la mode lui vint, d’ail-
leurs, tout aussitôt, car il eut à exécuter d’office plusieurs
miniatures et pastels du roi, à la grande jalousie des por-
traitistes ordinaires.

Pour avoir moins de bruit autour de ses travaux,
Charlier n'en fut pas moins répandu. Jacques Charlier est
un élève lointain de François Lemoyne ou plutôt un imi-
tateur de Boucher. On pourrait même lui faire un tort de
ses trop continuelles copies de l’œuvre du maître des
« Grâces » et mettre en doute sa petite personnalité, si ses
portraits-miniatures ne balançaient, et bien au delà, l’im-
pression assez banale de ses sujets de seconde main. Aussi
ne faut-il pas le croire copiste d’instinct sur première vue;
il vaudrait mieux le plaindre, au contraire, d’avoir dû tra-
vailler pour la mode en couvrant mille dessus de tabatières
de motifs de Boucher. Pourtant, c’est peut-être le cas
d’avouer en toute franchise l’infériorité relative de ces
miniaturistes vis-à-vis les peintres de portrait bien origi-
naux. A l’exception de Liotard et de Hall, aucun de ces
ouvriers de l’infiniment petit ne peut passer, à vrai dire,
pour un artiste absolu. Ils avaient tous, plus ou moins, à
se contenter de reproduire les effigies officielles de la
famille royale, déjà établies et consacrées par le pinceau
de Largillière, Nattier, Tocqué, Parrocel, Vanloo. Les
plus hardis d’entre eux modifiaient, avec de jolies qualités
d’arrangement, soit un détail de costume, soit un rien de
pose, mais là se bornait leur initiative en matière d’inter-
prétation. Ils n’avaient pas mission, du reste, pour autre

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chose. Leurs travaux faits en dehors de la cour étaient
donc les seuls à prouver, comme entente individuelle du
portrait. La donation Philippe Lenoir, au Louvre, ren-
ferme deux Charlier, l’un, Tabatière avec sujets, d’après
Boucher, l’autre, une miniature de Jeune Femme assise
dans un paysage, petits ouvrages très typiques tous les
deux au point de vue du procédé manuel de l’homme.
Charlier modèle en juxtaposant ses touches de gouache
d’une manière assez grasse. La coloration habituelle de
ses verts tendres et de ses roses passés est légère et atti-
rante, et marque une préoccupation de chercheur d’effets
doux.

Le Drouais de notre compte des Menus est Hubert
Drouais, le père de François Drouais et le fondateur de
cette famille de peintres. A la suite de ses plus importantes
figures historiées, celles de Christophe de Verdun, de
Robert Le Lorrain, de Bouchardon, de la Pélissier, de la
Gaussin, de la Camargo, Hubert Drouais s’étant adonné
aux portraits en petit, genre Tournières, des connaisseurs,
ses amis, lui inspirèrent le goût de la miniature. « A peine,
dit le Nécrologe de Castillon, à peine eut-il tenté quelques
essais dans cette partie, qu’il parvint, par les études qu’il
avait faites dans le grand, à un degré et une facilité qui le
firent regarder comme un des premiers dans ce genre. »
Aussi ses mérites connus le désignèrent-ils au service de
la cour. Sa fraîcheur et son éclat de coloris le rendirent
même l’un des plus remarqués entre ses compagnons de
travail.

Sur le Génevois Vincent, rien d’écrit n’est encore venu
à notre connaissance. On le sait maître de Saint-Luc
en ip56 et il porte, dans un almanach de 1780, le titre de
« peintre de Mesdames de France et de monseigneur le
duc de Penthièvre », mais voilà toute sa biographie.
Outre des miniatures, Vincent exécutait encore, avec
Mérelle et M1Ie Nivelon, de grandes copies à l’huile des
portraits de la famille royale, d’après les premiers peintres
de Sa Majesté. C’est donc une vie de copiste, du petit au
grand.

Penel ne paraît pas avoir occupé davantage les trom-
pettes de la renommée, ni d’ailleurs les deux Lebrun père
et fils, mais ce sont peut-être là de fortes injustices du sort.

Henry de Chennevières.
 
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