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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 14.1888 (Teil 1)

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Leroi, Paul: Le musée cantonal de Fribourg
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https://doi.org/10.11588/diglit.25872#0305

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LE MUSEE CANTONAL DE FRIBOURG.

M1Ie Adèle d’Affry, née en 1836, était tille du comte
Louis d’Affry, petit-fils du grand landammann suisse
d’Atfry, et de la comtesse, née de Maillardoz.

A dix-neuf ans, Mlle d’Affry épousait Don Carlo
Colonna, duc de Castiglione, fils cadet du prince Colonna,
chef d’une des plus illustres familles du patriciat romain.
Un an ne s’était pas écoulé qu’elle était veuve, et veuve
sans enfant. Elle résolut de ne jamais se remarier et de se
consacrer tout entière à l’art, à la sculpture surtout qui,
de tout temps, avait exercé sur elle une véritable fascina-
tion. Mais sa vocation était plus forte que sa santé ; chez
elle, la lame usa promptement le fourreau ; elle eut la
suprême joie de connaître quelques succès éclatants, puis
il lui fallut renoncer à l’ébauchoir, au ciseau, et, le 16 juil-
let 187g, Marcello, à peine âgée de quarante-trois ans,
s’éteignait à Castellamare, entre les bras de sa mère.

Deux ans auparavant, se sentant perdue, elle avait pris
des dispositions testamentaires pour laisser à sa ville natale,
à Fribourg, la plupart de ses oeuvres.

Le 29 juillet 1881, le ministre d’Autriche à Berne,
M. le baron d’Ottenfels, beau-frère et exécuteur testamcn-

Bacchante.

Dessin de Charles E. Wilson, d'après le buste de Marcello.

(Musée Cantonal de Fribourg.)

taire de la duchesse, fit remise à l’Etat du Musée Mar-
cello, qui fut inauguré le jour même.

La sœur de Marcello, Mme d’Ottenfels, esprit des plus
distingués, poète noblement inspiré, a voué le culte le plus
passionnément justifié à cette chère mémoire, et, à l’oc-
casion de cette inauguration, elle a écrit, sous le titre
d'Anankè, Souvenirs de VOuverture d’un Musée, des
strophes ailées, des vers ardents, dont la Revue Interna-
tionale, de Rome, eut la bonne fortune d’offrir la primeur
à ses abonnés. On nous saura gré de reproduire ici les
passages consacrés à quelques-unes des principales œuvres
de Marcello :

Oui, c’est toi la première
Dont la main coutumière
Lui versa le poison,

Vénitienne au front calme,

Bianca, première palme
De sa verte saison ;

C'est ton succès rapide
Qui vers la cime aride
Sut entraîner ses pas,

Infusant à sa lèvre
La gloire, cette fièvre
Dont on ne guérit pas !

C'est toi, sombre Gorgone,

A l'étrange couronne,

Qui nous menace en vain,
Car ta beauté fatale
Sous les nœuds du crotale
Garde un reflet divin.

Car toujours la couleuvre
Siffle autour du chef-d’œuvre
Trop pur pour son regard,
Et, quand l’art lui résiste.
C’est au cœur de l’artiste
Qu’elle enfonce son dard.

Dessin de Charles E. Wilson, d’après le buste de Marcello,
(Musée du Luxembourg.)

C’est toi, beau cheik farouche,

Dont nul charme ne touche,

L’œil d’aigle ou de forban,

Fauve éclair de ton âme,

Qui luit comme la lame
De ton fier yatagan ;

Toi qui vas solitaire,

Loin des bruits de la terre,

Loin des chemins tracés,

Image du génie,

Dans la plaine infinie,

Seul avec tes pensers.

C’est toi, fille des treilles,

Sous tes grappes vermeilles
Ployant ton front lassé
Dans cette chaste ivresse,

Doux ferment que la Grèce
Dans ta coupe a versé.
 
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