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L’ART.
quisser la carte mobilière de la France au xvie siècle » A
défaut de signatures et de marques, il a su admirablement
reconnaître des groupes, établir des parentés, constituer
des familles.
Rien n’est plus attrayant que cette revue rapide et pré-
cise. D’abord le Nord, où l’auteur distingue un groupe
flamand et un groupe picard. Là, les vestiges les plus
célèbres du passé sont les boiseries des stalles d’Amiens et
les portes de la cathédrale de Beauvais. Puis, la Norman-
die, où les riches armateurs de Rouen et de Dieppe, fiers
de leur prospérité commerciale inouïe, menaient un train
de princes. Dans ces villes, où le bois domine et sert à
construire des maisons entières, nous rencontrons des
œuvres « d’un ciseau mâle, franc et généreux ». Dans les
portes de Saint-Maclou, l’auteur croit reconnaître Goujon.
Quant à l’école normande, sa décadence est assez prompte.
Armoire. — Lyonnais.
(Collection de M. le baron Adolphe de Rothschild.) — Gravure extraite de : le Meuble en France.
La Bretagne offre moins d’intéiêt. « A part quelques
rares exceptions, le meuble breton est une imitation assez
grossière du meuble normand. »
L’école la plus féconde et la plus brillante est celle de
l’Ile-de-France (comprenant l’Orléanais, l’Anjou, le Maine,
la Touraine et le Berry). C’est elle qui tient la tête. Elle
subit la domination des artistes les meilleurs, depuis
Michel Colomb, jusqu’à Primatice, jusqu’à Goujon. C’est
par l’influence de celui-ci que l’on rencontre, sur les
armoires, les chaires et les cabinets, ces nymphes debout
ou couchées, ces cygnes au col allongé, et toute cette
« décoration somptueuse et discrète à la fois, pleine de
grâce, de jeunesse et de distinction ». Après la disparition
de Goujon, de Du Cerceau et de Germain Pilon, l’école
est en décadence.
La Champagne et la Lorraine forment aussi un groupe
intéressant. Troyes est le centre principal de cette activité.
Parmi les maîtres dignes d’étude, l’auteur cite François
L’ART.
quisser la carte mobilière de la France au xvie siècle » A
défaut de signatures et de marques, il a su admirablement
reconnaître des groupes, établir des parentés, constituer
des familles.
Rien n’est plus attrayant que cette revue rapide et pré-
cise. D’abord le Nord, où l’auteur distingue un groupe
flamand et un groupe picard. Là, les vestiges les plus
célèbres du passé sont les boiseries des stalles d’Amiens et
les portes de la cathédrale de Beauvais. Puis, la Norman-
die, où les riches armateurs de Rouen et de Dieppe, fiers
de leur prospérité commerciale inouïe, menaient un train
de princes. Dans ces villes, où le bois domine et sert à
construire des maisons entières, nous rencontrons des
œuvres « d’un ciseau mâle, franc et généreux ». Dans les
portes de Saint-Maclou, l’auteur croit reconnaître Goujon.
Quant à l’école normande, sa décadence est assez prompte.
Armoire. — Lyonnais.
(Collection de M. le baron Adolphe de Rothschild.) — Gravure extraite de : le Meuble en France.
La Bretagne offre moins d’intéiêt. « A part quelques
rares exceptions, le meuble breton est une imitation assez
grossière du meuble normand. »
L’école la plus féconde et la plus brillante est celle de
l’Ile-de-France (comprenant l’Orléanais, l’Anjou, le Maine,
la Touraine et le Berry). C’est elle qui tient la tête. Elle
subit la domination des artistes les meilleurs, depuis
Michel Colomb, jusqu’à Primatice, jusqu’à Goujon. C’est
par l’influence de celui-ci que l’on rencontre, sur les
armoires, les chaires et les cabinets, ces nymphes debout
ou couchées, ces cygnes au col allongé, et toute cette
« décoration somptueuse et discrète à la fois, pleine de
grâce, de jeunesse et de distinction ». Après la disparition
de Goujon, de Du Cerceau et de Germain Pilon, l’école
est en décadence.
La Champagne et la Lorraine forment aussi un groupe
intéressant. Troyes est le centre principal de cette activité.
Parmi les maîtres dignes d’étude, l’auteur cite François