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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Troubat, Jules: Un Hoffmann français
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0015

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UN HOFFMANN FRANÇAIS1

« Je serai long à arriver, mais j'arriverai; je
soulèverai contre moi des inimitiés, des haines,
des calomnies, je le sais, et c'est ce qui fait ma
force. Ce que je dis tout haut, je l'imprimerai ;
jHjjf, je ne crains guère mes ennemis, mais je crains
encore moins mes amis. »

Ces fières lignes, par lesquelles Champfleury
préludait, dans les Aventures de Mademoiselle
Mariette, à une esthétique nouvelle, d'où est
sorti le Réalisme, ont été l'épigraphe de sa vie
entière. Il en a même tiré la devise de ses feuil-
letons du Messager de l'Assemblée, en tête des-
quels il écrivait : « Ne craindre ni amis ni enne-
mis » ; et où, en effet, il disait tout.

Champfleury ne relèvera donc que de lui-
même dans ces Salons précurseurs et révolu-
tionnaires, où il fait preuve, à vingt-cinq ans,
de maturité et de convictions acquises. Son œil
fin, parfois excessif, devance les temps. La viva-
cité de certaines attaques tient à un milieu libre,
où l'on cherchait des voies en dehors des sen-

tiers battus, des conventions, des vieilles écoles
et du poncif.

Il n'écrivait pas dans l'antichambre de
l'Académie. La bohème, dont Champfleury a
redressé les côtés véridiques, enjolivés par
Murger, avait un côté innocent et naïf, pré-
servatif de toute corruption profonde, mal-
gré ses apparences rouées, qui ressort même
de la lecture de ces récits, arrangés par tran-
ches, romans, souvenirs et portraits de jeu-
nesse. Elle était en mal d'invention et de créa-
tion, et ne connaissait véritablement d'autres
intérêts — sauf la poursuite de la pièce de
cent sous, indispensable à certaines heures —
que ceux de l'Art. On y proclamait, comme
le peuple qui salue la gloire, en dehors de
toute coterie, Hugo, Balzac, Delacroix, dans
le temps où ils étaient en pleine lutte et le plus
contestés. Naturellement, on y conspuait
leurs antipodes.

Champfleury protestait encore, à soixante
et un ans, contre la réponse de Célestin
Nanteuil : « Il n'y a plus de jeunes gens ! »
pour venir à la défense des Burgraves,
« aussi malmenés que Tancrède, de
Voltaire, par les polissons des petits
journaux, qui tiraient sans respect
leurs barbes blanches ».
« Autant dire, s'écrie
amant de Mllc Ma-
riette, que ce coup
d'éperon

Encadrement composé et dessiné pour « l'Art » r a r j. Habert-Dys.
 
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