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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Troubat, Jules: Un Hoffmann français
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0017

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UN HOFFMANN FRANÇAIS.

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s'en est chargé, et a fait revivre, l'hiver dernier, avec de la
musique d'Adolphe David, le nom de Champfleury sur
un théâtre ■— non des Funambules (il n'y en a plus) —
mais où l'on joue la pantomime accommodée au goût du
jour. Le succès dura toute la saison dramatique.

La jeunesse n'a qu'un temps. De nouvelles préoccupa-
tions assaillirent l'esprit inquiet de Champfleury ; ses
instincts de collectionneur le poussèrent vers d'autres
études. Il se sentait attiré, a-t-il écrit, par le grotesque,
mais il le personnifiait dans ce génie de si vigoureuse
portée, qui a le mieux prouvé en notre siècle que la plume
n'est pas tout, Daumier, auquel est consacrée presque tout
entière l'Histoire de la Caricature moderne, — au point
que Cham s'en plaignit !

Ces diverses Histoires de la Caricature aux époques
caractéristiques où elle a pris toute licence et VHistoire
des Faïences patriotiques — dédaignées par un rédacteur

la porcelaine officielle. Là encore il a montré son esprit de
précision et de classification dans l'arrangement de ce
Musée, non moins méthodique, parlant et vivant que ses
livres, et dont il suffit de suivre les rayons et les étiquettes
pour lire dans l'histoire de la civilisation d'âge en âge et
chez tous les peuples.

Il mourut à Sèvres le 6 décembre 1889, entouré des
soins de deux amis, M. Albert Troude et M.Vogt, aujour-
d'hui l'un des administrateurs de la Manufacture. Il était
né à Laon, qu'il a si souvent mis à contribution dans ses
romans et nouvelles, le 10 septembre 1821.

Paul Eudel accepta d'organiser la vente de ses collec-
tions après décès, et il en fit précéder les catalogues de
notices qui, tirées à part et rapprochées, forment une
Biographie complète et bien renseignée. La page de la fin,
celle des funérailles, cause une impression mélancolique
et touchante, bien digne du cadre où l'on se trouvait.

de la Revue des Deux- Champfleury avait dé-

Mondes, qui n'a pas ^sg^«&- signé le lieu de sa sépul-

compris l'importance ^KjSiWj ture.

de ces documents his- -jÉsaP^^^^^^^lii. En bronze, en mar-

toriques, témoignages -i^fEEr^--. jjHHpb bre ou sous la pierre,

irréfutables de l'esprit ^^^jgSg^- ^^^^^^^B^Aêçû.^^P' '^^^ï; ^ Sr0UPe ^e ^a rLle c'es

d'un temps,—■ attestent --^^^^^^^^^Jfl^liSi,^^- '*fH^^§PSsiP*p Canettes dort un peu

au^moins qu'il y^plu- -.?3g " ^ N partout ; —^ des ^ois

ques^ ^ - prè^

bien triés, étiquetés, ^^^^-/^ Le bonheur ne lui

méthodiquement pré- k/f, sourit pas longtemps,

semés, forment autant Lui qui avait l'esprit si

de branches de con- Portrait de Champfleury. ga^ [[ n'éprouva que

naissances humaines, des deuils de famille.

Sainte-Beuve fit cette observation sur notre ami, que bien
qu'il n'aimât pas Proudhon à cause de ses paradoxes sur

qui profitent à l'histoire et à la physiologie générale des
races.

Que de contemporains célèbres n'ont eu et n'auront de
chance de revivre que par la caricature !

Champfleury atteignit en quinze ans le but qu'il s'était
proposé. Son œuvre d'érudition artistique, commencée en
1865 par Y Histoire de la Caricature antique, se terminait
en 1880 par Y Histoire de la Caricature sous la Réforme
et la Ligue. —Louis XIIIà Louis XVI. Dans l'intervalle,
avaient paru la Caricature au Moyen-Age, — la Cari-
cature au Moyen-Age et sous la Renaissance, — la Cari-
cature sous la République, l'Empire et la Restauration, —
la Caricature moderne.— En tout six volumes, qui curent
plusieurs éditions.

On arriverait à l'Institut avec moins que cela.

Champfleury leur donna un complément et une fin en
1 888 par le Musée secret de la Caricature, histoire de la
Caricature à Constantinople et au Japon, où la Danse de
la pluie est une des plus jolies choses qui puissent se
montrer... au Japon.

Il a laissé plus d'oeuvres durables qu'il n'a tenu de
place encombrante. Il put, sans apostasie, transporter la
faïence en plein Musée de Sèvres et mourir au milieu de

la littérature et les arts, il avait plus d'un point commun
avec le démolisseur franc-comtois: notamment l'amour de
la famille. Champfleury crut trouver la félicité dans le
mariage : il n'en jouit pour ainsi dire pas. La catastrophe,
la mort, d'autres infortunes créèrent de bonne heure l'iso-
lement dans son foyer. Il semble qu'une providence, —
celle des artistes, — en le privant successivement de toute
joie d'intérieur, ait voulu lui faire expier ses autres dons,
et le condamner à la vocation littéraire, sans partage. Il
me prévint, dans la jeunesse, que « la littérature est
un sacerdoce ». Il entendait par là qu'elle exigeait un
absolu détachement de tout ce qui fait le bonheur de la
vie bourgeoise. Elle le redevint pour lui, quand sa maison
se trouva vide.

Si l'humeur réglait la destinée, il eût mérité d'être
heureux, — car il n'était pas de ceux dont on est tenté
de regarder au chapeau s'ils ont un crêpe. Ses farces
funambulesques, inoffensives ou piquantes, renaissaient
sans cesse, à propos de tout. Il se rencontre encore des
esprits moroses pour méconnaître cette nature joyeuse. Il
était plutôt bon, tendre, humain, compatissant, avec
 
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