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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Leymarie, Camille: J. F. Millet en Auvergne
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0105

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J. F. MILLET EN AUVERGNE.

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un de ses fils, ne fit guère que deux études d'arbres dans
toute sa vie 1.

Une anecdote, qui m'a été racontée autrefois par mon
excellent ami E. Landesque, fera bien comprendre ce
que Millet pouvait tirer d'un simple croquis, d'une
impression rapidement ressentie, mais demeurée néan-
moins très intense. Un jour, Millet faisant avec sa femme
une promenade en voiture, dans les environs de Barbizon,
fut tout à coup frappé par la pose, le type et l'expression
caractéristique d'un paysan qui, suspendant son travail,

les regardait passer, courbé sur sa houe; Millet arrêta sa
voiture, traça un rapide croquis. Pour exécuter son
admirable Homme à la houe, le maître ne fit pas d'autres
études.

Millet, chez lui, reprenait ses croquis — les redessinait
dix fois, cent fois — cherchant la ligne générale et surtout
le mouvement; ce mouvement vrai, naturel, absolument
dénué d'exagération, un croquis en quelques coups de
crayon le lui avait donné très juste ; de longues études
d'après le modèle lui en eussent peut-être fait perdre le

Glaneuses.
Tableau de J. F. Millet.

sentiment, car un modèle qui fait semblant de bêcher ne
ressemble guère à un paysan qui bêche. Millet, se défiant
du modèle, ne s'en servait donc que pour quelques rensei-
gnements. Il dessinait même à table,m'a dit M. Landesque;
presque toujours il avait son album près de son assiette
et, dès qu'un souvenir ou une idée lui venait à la mémoire
ou à l'esprit, il se mettait à crayonner.

Les soins à donner à la santé de Mmc Millet rame-
nèrent plusieurs fois J. F. Millet à Vichy; il reprenait
volontiers ses excursions en Auvergne, car il aimait beau-
coup ce beau pays, où tout est robuste et sain, les hommes,
les animaux et les plantes; comme je l'ai dit plus haut, il

i. J. F. Millet, par Charles Yriarte, Librairie de l'Art, i885.

faisait là-bas un grand nombre de croquis de paysages,
mais il étudiait aussi les types du pays, les femmes notam-
ment, dont le costume et la coiffure lui ont parfois fourni
une note originale

Cependant, dans les figures de Millet, on ne remarque
guère l'influence des impressions qu'il put ressentir en
Auvergne. A cela il y a deux causes, d'abord les voyages
auxquels sont consacrées ces simples notes furent effectués
assez tard ; en 1866 l'artiste avait cinquante et un ans; son
talent depuis longtemps formé était en pleine maturité, et
ce n'est généralement pas lorsqu'il est dans ces conditions

1. Un des meilleurs'tableaux de Millet est habituellement désigne
ainsi : Paysanne d'Auvergne filant.
 
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