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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Leroi, Paul: Le cent-onzième Salon de Paris et Le cent-vingt-cinquième Salon de Londres, [4]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0131

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LE CENT-ONZIÈME SALON DE PARIS

ET ' '

LE CENT-VINGT-CINQUIÈME SALON DE LONDRES1

(suite)

XXV

Les lithographes abondent, mais la lithographie
demeure très inférieure à la gravure sur bois dont les pro-
grès sont constants. Seul, M. Étienne Corpet est vraiment
hors de pair; son Bouquet de roses, d'après M. Georges
Jeannin, lui fait grand honneur. Après lui, il y a à citer
MM. Henri Dillon, P. A. Audebert, C. P. F.Richard,
Jules Léonard et Eugène Juillerat.

Mlles J. P. A. Leluc, qui a gravé Diane au bain, de
Corot, Clémentine Simon, à qui l'on doit une Tête d'étude,
et Jeanne Vintraut, auteur d'un bois original : Étude de
paysage, MM. E. L. Derbier, qui a si bien traduit le Por-
trait de jeune fille, de Charles Chaplin, du Musée du
Luxembourg, Joseph Gilardi, l'habile interprète de la
Lauretta, de M. Jules Lefebvre, Léon Ruffe, qui a très
consciencieusement rendu un des Rubens du Musée de
Bruxelles : Portrait d'homme, F. G. Vintraut, qui a tiré
très bon parti du Portrait de M. Français, membre de
l'Institut, J. J. Puyplat, E. J. Crosbie, F. C. Horrie et
L. E. Vincent, pour ne citer que ceux-là, parmi tant
d'autres, sont des graveurs doués d'un sentiment artis-
tique bien autrement sérieux que n'en témoignent la
plupart des lithographes.

XXVI

Le 6 mai dernier, le Journal des Débats publiait, dans
son édition du soir, une correspondance de Londres dans
laquelle on lisait :

« Tous les ans, les critiques déplorent l'absence
d'œuvres remarquables et se plaignent que l'art anglais
reste stationnaire. Cette fois, leurs doléances sont plus
justifiées qu'elles ne l'ont été depuis bien des années.

« En 1892, le brouillard avait empêché les peintres de
travailler; en 1891, c'était l'influenza.

« En 1893, il n'y a ni influenza, ni brouillard, de sorte
qu'il est difficile de dire pourquoi les tableaux exposés à
l'Académie et à la New Gallery sont si peu intéressants.

« Il se peut que l'art anglais contemporain ait donné
sa mesure, qu'il ait atteint son apogée, il est possible qu'il
soit arrivé à une période de transition, à un moment où la
vieille école est lasse et où la nouvelle n'est pas encore en
mesure de s'affirmer.

« Mais il est un fait certain, c'est que les deux Salons
de Londres, le Salon officiel et le Salon indépendant,sont
médiocres, très médiocres. »

Voilà qui, certes, n'était pas encourageant. Nous n'en
avons pas moins fait le voyage de Londres, nous souve-
nant qu'en dépit de l'une ou l'autre épidémie, et malgré
les brouillards les plus intenses, nous avions, plus d'une
fois, vu d'excellente peinture à Burlington House.

Notre respect de la vérité nous oblige à constater que
le Salon de la Royal Academy a été pour nous une pro-
fonde déception. En revanche, la New Gallery ne nous a
nullement déçu ; elle devient de plus en plus une quantité
négligeable ; après le mauvais, le pire.

La fâcheuse impression produite par le Salon officiel
et par le pseudo-Salon qui n'est en réalité qu'une pauvre

1. Voir l'Art, 19° année, tome I", pages 200, 233 et 252, et
tome II, pages 23, 33 et 52.
Tome LV.

dilution des exhibitions de la défunte Grosvenor Gallery,
les étrangers n'ont pas été les seuls à la ressentir.

La foule n'a d'aucun des deux côtés envahi les porti-
ques; elle ne s'est même pas laissé séduire par l'attrait des
entrées à moitié prix durant les soirées de l'a dernière
semaine de l'exposition de la Royal Academy of Arts.

Un de nos amis de Londres,— c'est un des rares criti-
ques très compétents, — à qui nous avions écrit les vifs
regrets que nous causait une telle abondance de mauvaises
peintures, nous a très franchement répondu :

Our Exhibitions do not corne up to a high standard
but there is one comfort the painters have been taught a
lessonfor people have not bought indiscriminately.

Ce qui signifie clairement que si ces expositions n'ont
pas témoigné d'un niveau élevé, le goût public est certai-
nement en progrès, car on est en droit de se réjouir de la
leçon infligée aux peintres à qui l'on s'est gardé cette fois
d'acheter sans discernement. Tout comme à Paris.

L'extrait suivant de The Sussex Daily Post, du 2 août,
prouve du reste que notre éminent correspondant était
tout à fait dans le vrai lorsqu'il ajoutait que The Sixpenny
Patrons are keeping away from Burlington House1 :

This is the last week of the Academy and during the
past fortnight the attendance lias been very melancholy.
I looked in one night, and found the whole place almost
deserted, a few sad-looking excursionists alone relieving
the dismal scène. The question is fairly asked now, Have
the pictures sold? But the answer is as unsatisfactory as
it was six weeks ago. There never was a year when so
many painters in the front rank have had to take their
pictures home again, and the really genuine sales from
the walls have been scarcely worth noticing. This dulness
will enrich coming provincial exhibitions, but it is quite
unappreciated by the painters, who are hurrying off to
the country with the déclaration that ail art is going to
the dogs.

Notre confrère constate qu'on est arrivé à la dernière
semaine du Salon de la Royal Academy et que durant la
quinzaine écoulée, l'assistance a été des plus mélanco-
liques. «Je suis entré là un soir et ai trouvé presque toutes
les salles désertes, dit-il; quelques pauvres excursionistes
rompaient seuls l'aspect lugubre du spectacle. » Il ajoute
que la question que l'on se pose franchement est celle-ci :
« Les tableaux se sont-ils vendus ? » Mais la réponse est
aussi peu satisfaisante qu'il y a six semaines. En aucune
année, il n'y eut autant de peintres parmi les plus en
vogue réduits à faire rentrer à l'atelier leurs œuvres expo-
sées, et c'est à peine si l'on peut citer quelques ventes
réellement faites au Salon. Ce fiasco enrichira les exposi-
tions de province, agrément que les artistes apprécient fort-
peu; aussi fuient-ils à la campagne en s'écriant que l'art
court à sa perte ! Tel que la plupart d'entre eux le pra-
tiquent, ces Messieurs n'ont que trop raison. Puisse cet
art-là être enterré au plus tôt !

(La fin prochainement ) PaUL LeROI.

1. Les Mécènes à six pence — c'est-à-dire ces visiteurs du soir
qui, pendant la dernière semaine, ne paient que la moitié du shil-
ling réglementaire — ces Mécènes-là désertent Burlington-House —
le palais de la Royal Academy.

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