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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Moureau, Adrien: La société vénitienne au XVIIIé siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0288

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tiques que par l'étendue de son érudition, et pour membres j vail qu'après avoir épuisé toutes les folies. Pour leur plus
les Magliabecchi, les Salvini, les Redi. Telle encore cette
compagnie des Granelleschi, moins sérieuse, mais non
moins active, formée sous les auspices des frères Gaspard
et Charles Gozzi, l'aîné, fervent admirateur du Dante et
de Pétrarque; le second, nature plus agressive, toujours
disposé à envisager les choses par leur côté comique.
Autour d'eux, Joseph et Daniel Farsetti, amateurs splen-
dides, dont le second bailli de l'ordre de Malte, tournait En réalité ces lourdes facéties n'empêchèrent pas cette

fort élégamment les vers ; l'abbé Natale Lastesio, l'un des compagnie de défendre avec ardeur les traditions de la
savants les plus universels de son temps ; Forcellini, les littérature vénitienne; elle se signala parla justesse de ses
deux patriciens Crotta et Balbi formaient un groupe j critiques, parfois entachées de malignité ou de violence,
d'élite dont tous les membres se distinguaient par la viva- ! Très soucieux pour son propre compte de l'élégance du
cité de leur esprit ou la profondeur de leur savoir. A leurs I style, Charles Gozzi combattit avec acharnement les succès
es singuliers académiciens n'abordaient le tra- de Chiari-1 et de Goldoni. Reprochant à ce dernier de

grande satisfaction, ils découvrirent un ridicule pédant
nommé Secchellari, lui dépêchèrent une députation et
le promurent à la présidence de leurs assemblées.

Dans ce mélange de bouffonnerie et de sérieuse besogne
apparaît précisément l'un des traits du caractère national
où l'épigramme, tantôt discrète, tantôt cynique, ne perd
jamais sa place.

séances, c

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L'Extrémité du Grand Canal,
Gravure d'Antonio Visentini, d'après le tableau d'Antonio Canal, dit Canaletto.

bouleverser le théâtre italien et de n'être point châtié dans
sa langue, il dirigea contre lui une mordante satire inti-
tulée : la Tartane chargée des influences de l'année; le
factum, publié en 1757, mit tous les plaisants du côté de
l'agresseur et contribua peut-être au départ de Goldoni
pour la France.

Si de semblables Académies s'ouvraient seulement
pour un petit nombre de lettrés, la passion du théâtre
était générale. Les maisons de quelque importance possé-
daient une petite scène et nous voyons le grand-père de

d'illustre origine, parce que son grand-père n'avait pas été inscrit
au livre d'or. N'ayant pu obtenir une place vacante à la Bibliothèque
de Saint-Marc, il accepta les offres de l'empereur Charles VI, se
rendit auprès de lui et obtint le titre de poète et d'historiographe
de la cour. Après avoir passé onze ans à Vienne, estimé pour son
earactère et son talent, il transmit sa place à Métastase et revint à
Venise en 1729: Il y vécut encore deux ans parmi ses amis, ses
livres et ses médailles, comblé d'honneurs, et entretenant une active
correspondance avec les savants étrangers. Il composa soixante-trois

Goldoni donner la comédie et l'opéra dans une maison de
campagne qu'il avait louée à six lieues de Venise;'de
même le père de Gozzi monte dans son palais diverses
pièces dans lesquelles figurent ses enfants des deux sexes,
tous heureusement doués. D'autre part, rien n'était moins
compliqué que les théâtres improvisés fonctionnant en
plein air d'une façon presque continue ; deux tréteaux
adossés à un mur et quelques planches en font tous les
frais, parfois l'estrade est surmontée d'un léger abri, une
unique toile peinte sert de décor. Aux dimensions près,
cela ressemble à nos guignols ; ce sont aussi les mêmes
fantoches que nous verrons s'y agiter. Canaletto et Ma-
rieschi ont figuré de ces baraques dressées au pied du

1. Chiari, poète comique, originaire de Brescia, fixa son séjour
à Venise et s'essaya, sans succès, dans le roman et la tragédie.
Comme Goldoni, dont il fut le rival parfois heureux, il avait adopté
le vers Martellien de quatorze syllabes. Le premier s'étant épris de
Térence, le second entreprit de mettre Plaute sur le théâtre; chacun

œuvres dramatiques affectant les formes les plus diverses. Beau- eut ses partisans fanatiques. Les soixantes comédies de Chiari,
coup ont été mises en musique par Caldara. L'Inganni Felici et le écrites dans un style dépourvu de nerf et de légèreté, font du moins
Lacio Vero furent particulièrement applaudis parmi les opéras. honneur à la fécondité de son imagination.
 
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