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L' art: revue hebdomadaire illustrée — 19.1893 (Teil 2)

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Moureau, Adrien: La société vénitienne au XVIIIé siècle, [2]
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https://doi.org/10.11588/diglit.22769#0291

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LA SOCIÉTÉ VÉNITIENNE AU XVIIIe SIÈCLE.

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Lazzarini, se groupent les Ricci, les Tiepolo, Canaletto,
Rotari et plusieurs petits maîtres, les Molinari, les Guardi,
les Longhi,tous méritant une part de souvenir et d'éloges.

Le mouvement artistique ne s'était guère ralenti ; Venise,
avec les ressources fournies par ses deux Académies, était
encore la ville du monde où les jeunes artistes trouvaient
le plus de facilité pour s'initier à leur technique. Recon-
naissons au gouvernement le mérite de n'avoir rien négligé
pour assurer la protection et la prospérité de l'industrie
ou de l'art local. C'est ainsi que Briati obtint le privilège
de fabriquer et de vendre, à l'exclusion de tout autre, des
cristaux à la façon de ceux de Bohême, dont l'importation
fut interdite; c'est ainsi qu'il put fabriquer ses lustres et
ses miroirs recherchés dans toute l'Europe1. En 1764,
fut décrétée l'institution d'une Académie des Beaux-Arts

substituée à l'ancienne Association des peintres ; elle fonc-
tionna en 1766, grâce au concours des patriciens qui
secondèrent généreusement les vues de la Seigneurie.

Le renom des artistes vénitiens était encore fort hono-
rable en dehors de leur patrie. Un jour, le représentant
du Doge auprès du Pape ayant proposé à Carlo Maratta
de peindre un tableau pour la salle d'examen, celui-ci s'en
excusa, surpris qu'on le cherchât à Rome alors que l'on
avait à Venise un Gregorio Lazzarini, considéré comme le
Raphaël de son école.

Bien que ce Lazzarini ait eu pour élève Gianbattista
Tiepolo, rien ne semble moins compatible avec la sagesse
du maître que l'allure désordonnée du disciple. Ce der-
nier avait plus d'affinités avec Piazzetta, ses compositions
allégoriques ou religieuses sont caractérisées par une fièvre

Eau-forte d'Antonio Canal, dit Canaletto.

de mouvement. Au milieu de croulantes architectures, il
éparpille des personnages aux attitudes tourmentées, aux
raccourcis audacieux, tandis qu'un vent violent soulève
les draperies et déchire les nuages. Sa voûte des Théré-
siens offre un beau spécimen de sa manière, l'on peut y
apprécier, avec une profonde entente de l'effet, la saveur
d'une rapide et fougueuse exécution merveilleusement
adaptée à la fresque. Peintes dans une gamme d'or pâle ou

1. Rappelons que l'industrie des verres de Venise était fort
ancienne et qu'en 63o, saint Benoît, évèque, appelait en Angleterre
des ouvriers ve'nitiens pour de'corer les fenêtres du monastère
de Yarmouth. Ses fabriques, placées sous l'étroite vigilance du
Conseil des Dix, étaient installées dans l'île de Murano. Cet art
reprit au xvmc siècle une nouvelle prospérité, grâce au patriotisme
de Briati, qui demeura trois ans portefaix dans une fabrique de
cristaux en Bohême pour surprendre les secrets de la fabrication.
Il vit sa persévérance couronnée d'un plein succès, obtint la per-
mission de reconstruire ses fours dans l'intérieur de Venise et mou-
rut le 17 janvier 1772.

d'argent fin, les vastes compositions où il aime à semer
les vols de génies parmi des flots de lumière enchantent
l'œil au point de faire oublier les incorrections du dessin,
et Tiepolo apparaît, en dépit des critiques, comme l'héri-
tier des grands décorateurs, l'un des plus splendides après
Véronèse.

En même temps fleurit une école de paysagistes dont
Canaletto est le chef suivi de loin par Marini, Luca
Carlevaris et Marco Ricci.

Si la peinture jette son dernier éclat, la musique est
florissante et fort goûtée. Née dans les églises, elle est
cultivée dès le xve siècle comme institution d'État, devient
profane et passe dans les moeurs. On voit en elle le com-
plément nécessaire de cette vie fastueuse, la compagne
ordinaire des festins où l'ouïe veut être charmée comme la
vue et le goût; les plus grands coloristes s'y adonnent
avec ardeur pour se distraire de la peinture et manient
 
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