COURRIER MUSICAL.
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tion sur le tard qui leur fait entrevoir un nouvel idéal
auquel ils s'efforcent d'atteindre avec plus ou moins de
bonheur selon que leur génie est plus ou moins grand.
Même pour celui qui n'atteint pas ce but, c'est un mérite
que de l'avoir aperçu.
Rien de semblable avec Gounod. Après le long temps
de repos qui suivit l'éclosion de ses meilleurs ouvrages,
de Faust à Roméo et Juliette, il est rentré dans la carrière
avec des idées absolument modifiées sur la musique dra-
matique ; il est retourné tout droit au vieux type de
l'opéra-comique et de l'opéra, découpant soigneusement
chaque acte en airs et récits, chaque romance ou mélodie
en périodes très courtes, très nettes, simplifiant autant que
possible l'orchestre et le subordonnant aux voix, qu'il lui
II™
!,i .'CilMv!
fflMÊiïSÈËÊË
Portrait de Charles Gounod,
peint par X. Carolus Duran.
fait souvent doubler. Il a écrit dans ce système rétrograde
ses derniers opéras : Cinq-Mars, Polyeucte et le Tribut
de Zatnora, tandis que tous les jeunes musiciens français,
prenant ses ouvrages antérieurs pour point de départ,
s'efforçaient de renchérir sur ses délicatesses d'orchestre
et de fondre chaque acte en une symphonie à la fois vocale
et orchestrale. C'est là que tend, à n'en pas douter, la
musique dramatique de nos jours et il était d'autant plus
étrange de voir Gounod aller contre ce mouvement irré-
sistible qu'il y avait aidé des premiers.
Il n'importe, et si regrettable que soit cette évolution
de Gounod sur ses vieux jours, quelque fâcheux que soient
ses derniers ouvrages, il n'en reste pas moins, grâce à
Faust, à Roméo, à Mireille, à Philémon, à Sapho même et à
plusieurs mélodies délicieuses, — ne parlons ni de sa
Messe à Jeanne d'Arc, ni de sa Messe à Sainte-Cécile, —
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tion sur le tard qui leur fait entrevoir un nouvel idéal
auquel ils s'efforcent d'atteindre avec plus ou moins de
bonheur selon que leur génie est plus ou moins grand.
Même pour celui qui n'atteint pas ce but, c'est un mérite
que de l'avoir aperçu.
Rien de semblable avec Gounod. Après le long temps
de repos qui suivit l'éclosion de ses meilleurs ouvrages,
de Faust à Roméo et Juliette, il est rentré dans la carrière
avec des idées absolument modifiées sur la musique dra-
matique ; il est retourné tout droit au vieux type de
l'opéra-comique et de l'opéra, découpant soigneusement
chaque acte en airs et récits, chaque romance ou mélodie
en périodes très courtes, très nettes, simplifiant autant que
possible l'orchestre et le subordonnant aux voix, qu'il lui
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Portrait de Charles Gounod,
peint par X. Carolus Duran.
fait souvent doubler. Il a écrit dans ce système rétrograde
ses derniers opéras : Cinq-Mars, Polyeucte et le Tribut
de Zatnora, tandis que tous les jeunes musiciens français,
prenant ses ouvrages antérieurs pour point de départ,
s'efforçaient de renchérir sur ses délicatesses d'orchestre
et de fondre chaque acte en une symphonie à la fois vocale
et orchestrale. C'est là que tend, à n'en pas douter, la
musique dramatique de nos jours et il était d'autant plus
étrange de voir Gounod aller contre ce mouvement irré-
sistible qu'il y avait aidé des premiers.
Il n'importe, et si regrettable que soit cette évolution
de Gounod sur ses vieux jours, quelque fâcheux que soient
ses derniers ouvrages, il n'en reste pas moins, grâce à
Faust, à Roméo, à Mireille, à Philémon, à Sapho même et à
plusieurs mélodies délicieuses, — ne parlons ni de sa
Messe à Jeanne d'Arc, ni de sa Messe à Sainte-Cécile, —