Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1902

DOI Heft:
Nr. 35 (15 Novembre)
DOI Seite / Zitierlink: 
https://doi.org/10.11588/diglit.19757#0292
Überblick
loading ...
Faksimile
0.5
1 cm
facsimile
Vollansicht
OCR-Volltext
282

LA CHRONIQUE DES ARTS

ble, sans que ces développements servent à en ac-
croître l'intensité, le but n'est pas atteint. Et l'au-
teur en est plus loin encore quand il met do côté
sa personnalité véritable pour emprunter à des
symphonistes, comme Mendelssohn, leurs procé-
dés, leurs rythmes et leurs tournures de phrase.
C'est malheureusement ce qui arrive trop souvent
à Schumann. L'esprit de ses morceaux, leur carac-
tère sont bien à lui; leur structure, leur instru-
mentation, les alourdissent, les vulgarisent, les
rendent étrangers et presque méconnaissables. Et
c'est grand dommage : la plupart de ces morceaux
de symphonie, condensés et allégés, eussent fait
de très belles pièces de musique de chambre ou de
charmants morceaux de piano.

M. Ghevillard nous a fait entendre pour la pre-
mière fois le Prélude à V « Après-midi d'un
Faune », de M. Claude Debussy. Toute la magie de
l'été se reflète en cette page précieuse ; les ombres
ensoleillées de la forêt, les ardeurs du désir, les ca
priées du songe s'y j ouent en analogies harmoniques
et sonores dont l'admirable liberté ne contredit en
rien, selon moi, un autre jeu nécessaire : celui
des formes musicales. C'est précisément par son
aptitude à construire un ensemble logique au
moyen de la seule fantaisie, que le talent de M. De-
bussy me semble incomparable. Le résultat, assu-
rément, n'est on rien susceptible d'assimilation aux j
structures traditionnelles. Mais il convient de rap-
peler, à ce propos, que celles-ci sont liées à l'ex-
pression d'un certain mode de pensée et que leur
forme, prise en elle-même, n'existe pas davantage
que celle, par exemple, d'une fugue. L'idée engendre
la forme, ici comme partout, et l'on ne saurait
blâmer un auteur de choisir celle que comportent
naturellement ses sensations particulières. L'essen-
tiel est qu'elles concordent parfaitement. Nous ve-
nons de voir, pour Schumann, que le grand défaut
de ses symphonies consistait en un tel manque de
concordance. Ce n'est pas faire preuve d'une bien
grande acuité de sens critique que d'épargner un tel
reproche au compositeur de l'Après-midi d'un
Faune.

M. David G. Henderson est un ténor anglais de
l'école italienne : sa voix, assez peu étoffée, mais
agréable et fraîche, se plie sans peine aux traditions
du bel canto. C'est dans un style un peu mièvre,
mais très expressif, qu'il a détaillé le voluptueux
« air du Sommeil » de l'Armide de Gluck. Il y a
été justement applaudi. L'autre morceau qu'il
avait choisi, lacavatine de Paulus lui fut moins
favorable. Mais on sait que Mendelssohn n'est pas
à la mode. Le Concerto en ré mineur de Haendel
— que M. Weingartner, si j'ai bonne mémoire,
fit exécuter pour la première fois au cours d'une
des saisons précédentes — n'est intéressant que
par places. C'est, à proprement parler, une «suite»
du style de celles qu'on écrivait au xvin0 siècle,
dont les idées et le facture ne sortent pas de l'ordi-
naire. On y trouve, pourtant, un « air » d'un senti-
ment large et noble, qui justifie cette remise en hon-
neur, et, dans les autres morceaux, des passages
de contrepoint ingénieux, dont l'allure tradition-
nelle n'efface pas l'intérêt. L'ouverture de Tann-
haûser, toujours admirable, terminait heureu-
sement la séance sur une impression plus humaine
et plus vibrante.

guré, le 4 novembre, ses séances par un concert
plein d'intérêt. Cette Société fonctionne, comme on
sait, grâce au concours des meilleurs artistes euro-
péens, qu'elle convie à tour de rôle à l'exécution de
programmes toujours soigneusement composés.
C'est ainsi que cette année on lit sur sa liste d'en-
gagement les noms de MM. Joachim, Heermann,
Risler, Ghevillard, Richard Strauss, Busoni. etc.,
tous interprètes renommés et dont la présence
seule est une sérieuse garantie artistique.

Pour sa réouverture, la Philharmonique a fait
appel au très remarquable quatuor Rosé, de Vienne,
et à un chanteur réputé, M. Mac-Innès. Pro-
gramme choisi : un quatuor de Haydn, un autre
de Mozart, un troisième de Beethoven; des mé-
lodies écossaises et des lieder de Beethoven et de
Brahms. Ce fut une très belle soirée. Le quatuor
Rosé possède une homogénéité de timbre, une
cohésion de rythme, une unanimité d'expression de
tout point admirables, et l'exécution des trois
œuvres célèbres qu'il nous lit entendre fut aussi
étroitement alliée que possible au style presque
identique et au caractère, très différent, de la mu-
sique des trois maîtres qui les signèrent. Le qua-
tuor do Mozart, en particulier, dont l'adagio est
pénétré d'un tel lyrisme, apparut dans toute sa
grâce harmonieuse, sans une ride. C'est que le
i quatuor viennois ne le joue pas le moins du monde
comme de la musique ancienne, erreur que com-
mettent tant d'exécutants, qui se croient obligés de
prendre un ton vieillot quand ils s'attaquent aux
oeuvres des maîtres du passé.

M. Mac-Innès chante avec goût et sentiment,
d'une voix plus expressive que naturellement belle,
quoique d'un timbre sympathique. Il a bien dit la
belle Prière de Beethoven et les agréables lieder
de Brahms. Et ses Chansons écossaises lui va-
lurent un triomphe.

P. D.

REVUE DES REVUES

0 Revue universelle (1« octobre,.— M. Robert
de Souza, dans un éloquent article sur La Protec-
tion, des paysages, expose les atteintes de toute
sorte portées sans cesse à Paris et en province,
ainsi que nous l'avons nous-même signalé, trop
souvent, contre la beauté des paysages, et il
signale les mesures à prendre contre ces vanda-
lismes, mesures dont la Société pour la protection
des paysages de France s'est faite l'initiatrice,
déjà avec succès.

0 A lire encore dans ce numéro un compte rendu,
par M. A. Chaumeix, des résultats des fouilles de
Suse, — et un article de M. le Dr Poirrier sur les
gravures et peintures préhistoriques récemment
découvertes dans des grottes du midi de la France
et en Afrique (1), article accompagné de plusieurs
reproductions de ces curieuses peintures et gra-
vures.

* Le Monde catholique illustré (15 octobre).
— Étude de M. M. Borgatti sur Les fresques de

La Nouvelle Société Philharmonique de Paris,
qui en est à sa seconde année d'existence, a inaa-

, (1) V. Chronique des Arts des 22 février, p. 61,
J 2 août, p. 217, et 13 septembre,, p. 23:).
 
Annotationen