DOI Heft:
Nr. 16 (18 Avril)
DOI Seite / Zitierlink: https://doi.org/10.11588/diglit.19758#0137
N» 16. —
L90S
BUREAUX : B, RU'È EAVÀRT (a» Àrr.)
18 Avril
LA
CHRONIQUE DES ARTS
ET DE LA CURIOSITÉ
SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS
PARAISSANT LE SAMEDI .MATIN
Les abonnés à la Gazette des Beaux-Arts reçoivent gratuitement la Chronique des Arts et de la Curiosité
Prix de l'abonnement pour un an
Paris, Seine et Seine-et-Oise. ... 10 fr.
Départements........... 12 fr.
Étranger (Etats faisant partie de
l'Union postale)......... 15 fi*.
Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
e grand marché annuel de pein-
ture et de sculpture vient de s'ou-
vrir au Grand Palais pour deux
mois. Sans doute, l'art sincère n'est
pas absent de ces brillantes exhibitions, et
la révélation d'un talent nouveau, la décou-
verte d'une œuvre rare, offrent de temps à
autre au visiteur des jouissances délicates et
reposantes. Mais, p'uo que pour les simples
amoureux d'art, c'est fête pour les artistes,
qui sourient au mirage des récompenses, des
achats ou des commandes.
De tous les suffrages qu'ils sollicitent, ceux
de l'État ou de la Ville sont les plus escomptés,
et. le plus souvent, moins pour la satisfaction
légitime d'assurer à l'œuvre enfantée dans
la peine le repos définitif d'une salle du
Luxembourg ou du Petit Palais, sous l'œil
admiratif d'un public confiant, que parce que
chacun croit avoir droit à une part, si minime
soit-elle,du gâteau dont les commissions offi-
cielles sont les trop bienveillantes distribu-
trices. Cependant, celles-ci, désireuses de
donner satisfaction à tous, facilement acces-
sibles aux influences les plus diverses, achè-
tent et achètent encore, et peintures et sculp-
tures continuent de s'acheminer vers l'oubli
des musées de province ou de quelque ma-
gasin, refuges naturels de la plupart d'entre
elles : tel ce dépôt d'Auteuil où la Ville de
Paris, pour garnir les murailles de son nou-
veau musée, eut tant de peine, parmi des mil-
liers d'œuvres, à en découvrir une centaine
d'intéressantes.
Il serait temps, enfin, d'endiguer ce flot
croissant et de cesser d'encourager la médio-
crité. La mission des délégués de l'État ou de
la Ville n'est aucunement de tenir office de
bienfaisance, mais de faire fonction de Mécè-
nes intelligents dont seul le souci do l'art
doit guider les choix. An lieu d'être éparpillés,
les modestes crédits dont ils disposent de-
vraient, en raison même de leur modicité,
être réservés uniquement à ces créations
significatives, assurées de l'avenir, dont la
jeune Société des Amis du Luxembourg rêve
d'enrichir les collections de l'État. Nos musées
n'en seraient plus réduits, alors, à reléguer de
temps à autre clans l'ombre des greniers des
œuvres trop rapidement vieillies, et dans
leurs salles moins encombrées se constitue-
rait peu à peu pour la postérité l'image fidèle
et caractéristique de notre art moderne.
NOUVELLES
*** Le 15 avril a été inauguré à Vallon (Ar-
dèche) un médaillon du publiciste Auguste
Sabatier, œuvre du sculpteur Prudhomme,
ornant un monument dont le dessin est dû à
M. Augustin Rey-Spitzer.
*** Le département des peintures du Louvre,
qui ne possédait jusqu'ici qu'un seul tableau de
Salomon Ruisdaël, vient d'acquérir deux pay-
sages de ce maître hollandais, représentant un
Bord de rivière et une Tour ronde sur une
rive dénudée.
Dans sa séance de la semaine dernière,
le conseil supérieur des musées nationaux a
accepté les dons suivants:
Pour le musée du Luxembourg, Sainte Cécile
sursonlit de mort, par Gauthier, don du comte
de Rambuteau ;
Pour le musée du Louvre, une réduction en
ivoire d'une corvette de 1820, don de M Clerc
Rampât; un siège dont le dossier et les bras
L90S
BUREAUX : B, RU'È EAVÀRT (a» Àrr.)
18 Avril
LA
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ET DE LA CURIOSITÉ
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Le ITuméro : O fr. 25
PROPOS DU JOUR
e grand marché annuel de pein-
ture et de sculpture vient de s'ou-
vrir au Grand Palais pour deux
mois. Sans doute, l'art sincère n'est
pas absent de ces brillantes exhibitions, et
la révélation d'un talent nouveau, la décou-
verte d'une œuvre rare, offrent de temps à
autre au visiteur des jouissances délicates et
reposantes. Mais, p'uo que pour les simples
amoureux d'art, c'est fête pour les artistes,
qui sourient au mirage des récompenses, des
achats ou des commandes.
De tous les suffrages qu'ils sollicitent, ceux
de l'État ou de la Ville sont les plus escomptés,
et. le plus souvent, moins pour la satisfaction
légitime d'assurer à l'œuvre enfantée dans
la peine le repos définitif d'une salle du
Luxembourg ou du Petit Palais, sous l'œil
admiratif d'un public confiant, que parce que
chacun croit avoir droit à une part, si minime
soit-elle,du gâteau dont les commissions offi-
cielles sont les trop bienveillantes distribu-
trices. Cependant, celles-ci, désireuses de
donner satisfaction à tous, facilement acces-
sibles aux influences les plus diverses, achè-
tent et achètent encore, et peintures et sculp-
tures continuent de s'acheminer vers l'oubli
des musées de province ou de quelque ma-
gasin, refuges naturels de la plupart d'entre
elles : tel ce dépôt d'Auteuil où la Ville de
Paris, pour garnir les murailles de son nou-
veau musée, eut tant de peine, parmi des mil-
liers d'œuvres, à en découvrir une centaine
d'intéressantes.
Il serait temps, enfin, d'endiguer ce flot
croissant et de cesser d'encourager la médio-
crité. La mission des délégués de l'État ou de
la Ville n'est aucunement de tenir office de
bienfaisance, mais de faire fonction de Mécè-
nes intelligents dont seul le souci do l'art
doit guider les choix. An lieu d'être éparpillés,
les modestes crédits dont ils disposent de-
vraient, en raison même de leur modicité,
être réservés uniquement à ces créations
significatives, assurées de l'avenir, dont la
jeune Société des Amis du Luxembourg rêve
d'enrichir les collections de l'État. Nos musées
n'en seraient plus réduits, alors, à reléguer de
temps à autre clans l'ombre des greniers des
œuvres trop rapidement vieillies, et dans
leurs salles moins encombrées se constitue-
rait peu à peu pour la postérité l'image fidèle
et caractéristique de notre art moderne.
NOUVELLES
*** Le 15 avril a été inauguré à Vallon (Ar-
dèche) un médaillon du publiciste Auguste
Sabatier, œuvre du sculpteur Prudhomme,
ornant un monument dont le dessin est dû à
M. Augustin Rey-Spitzer.
*** Le département des peintures du Louvre,
qui ne possédait jusqu'ici qu'un seul tableau de
Salomon Ruisdaël, vient d'acquérir deux pay-
sages de ce maître hollandais, représentant un
Bord de rivière et une Tour ronde sur une
rive dénudée.
Dans sa séance de la semaine dernière,
le conseil supérieur des musées nationaux a
accepté les dons suivants:
Pour le musée du Luxembourg, Sainte Cécile
sursonlit de mort, par Gauthier, don du comte
de Rambuteau ;
Pour le musée du Louvre, une réduction en
ivoire d'une corvette de 1820, don de M Clerc
Rampât; un siège dont le dossier et les bras