La chronique des arts et de la curiosité (1903)

N- 36. - 1903

BUREAUX : 8, RUE FAVARÏ (2e Arr.)

21 Novembre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

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I-.e USTnméiro : O fr. 25

PROPOS DU JOUR

e choix des conservateurs de mu-
sées a fait depuis quelque temps
l'objet d'observations sévères. A
■^£'v-,^-eA l'éclat de récentes erreurs, on a
pu connaître avec évidence les inconvénients
des pratiques admises par l'Administration.
Aussi le rapport sur les Beaux-Arts de la
Ville de Paris et le rapport sur le budget des
Beaux-Arts sontrils d'accord pour réclamer que
les nominations se fassent selon une méthode
plus sûre. L'un et l'autre s'inspirent des idées
exprimées par ce jeune « Comité de Défense
scientifique » qui pourrait par sa vigilance et
son impartialité rendre de si importants ser-
vices.

L'idée essentielle du Comité, celle aussi des
rapporteurs, est de n'appeler à la conservation
des musées nationaux que des hommes ayant
des titres scientifiques. Elle est irréprochable.
Les conservateurs ont une mission qui exige
des connaissances techniques : c'est à eux que
revient le [soin des achats ; c'est à eux qu'in-
combe le travail du catalogue ; c'est eux enfin
qui doivent entretenir des relations avec les
conservateurs étrangers, presque toujours
archéologues ou savants de grande réputation.
Pour suffire à cette tâche, il est besoin d'étu-
des préalables, d'une longue intimité avec les
œuvres, d'expérience studieuse, et de cette
vocation, faite de science et d'amour pur, où
se désigne le connaisseur. On cite des hom-
mes qui répondent à cet idéal ; mais on en cite
aussi, à rencontre, qui n'y répondent pas du
tout, et que les complaisances de la politique
et les bienfaits de l'intrigue ont placés là où
leur seul mérite ne les aurait point amenés.

Le Comité de Défense scientifique, pour

mettre fin à ces pratiques dangereuses, de-
mande que tous les musées de l'Etat soient
rattachés à la Direction des musées natio-
naux, et que les candidats justifient de cer-
tains diplômes (ancien élève des Écoles fran-
çaises de Rome ou d'Athènes, de l'Institut du
Caire, de l'Ecole des Chartes, de l'École des
HautesEtudes, etc.). Quant aux candidats qui
n'auraient aucun titre et qui pourraient se
croire dos droits, leurs mérites seraient soumis
par le ministre à l'examen de l'Académie com-
pétente. Cette mesure, dans l'esprit de son pro-
moteur, s'appliquerait non seulement aux
musées, mais aux bibliothèques et aux ar-
chives. Les arts, qui seuls nous occupent ici,
n'ont qu'à y gagner. Mais le Comité de Dé-
fense scientifique se parerait d'une singulière
illusion s'il pensait avoir assez fait en formu-
lant de justes critiques et en formulant des
vœux. L'intrigue, la servitude des jugements
et l'absence de caractère offrent de tels avan-
tages, que le Comité n'aura pas trop de toute
son énergie pour restaurer les mœurs admi-
nistratives et pour assurer le succès de sa
requête.

NOUVELLES

*** M. Chédanne, architecte des Bâtiments
civils et du ministère des Affaires étrangères,
vient d'être promu officier de la Légion d'hon-
neur.

*** Dimanche dernier a été inauguré à
Ligny-en-Barrois (Meuse), un monument à la
mémoire du général Barrois, né à Ligny, en
1774. Ce monument est l'œuvre du sculpteur
Jean Magron.

**# L'amphithéâtre Richelieu, à la nouvelle
Sorbonne, sera ouvert aujourd'hui samedi, 21
novembre, de dix à quatre heures, au public