La chronique des arts et de la curiosité (1903)

N* 33. - 1903 BUREAUX : 8, RUE FAVART (z« Arr.)

31 Octobre..

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

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Le Numéro : O fr. 25

PROPOS DU JOUR

ous possédons depuis peu une
pièce de vingt cinq centimes, et il
n'y a pas lieu de s'en réjouir. La
! nouvelle monnaie qui vient d'être

mise en circulation est pourvue de maints
défauts. Le plus évident peut-être est qu'elle
est mal commode; mais le plus regrettable,
et celui qui nous touche ici davantage, est
qu'elle manque de beauté.

Comparez l'effigie des pièces nouvelles à
l'effigie des récentes pièces de dix et de vingt
francs, et vous serez ému de la différence :
nul agrément dans le relief, nulle fermeté
dans la frappe, nulle distinction dans l'en-
semble. En vain l'on invoquera la qualité de
la matière : elle ne suffira jamais à expliquer
l'aspect de pacotille de la pièce. Le revers,
plus encore, atteste la mollesse de l'exécution
et le défaut de goût, et l'on dirait moins d'une
monnaie que de quelque jeton sans destina-
tion sérieuse.

La Monnaie avait jadis coutume, avant
d'entreprendre des travaux, de réclamer quel-
ques avis compétents. Elle a sans nul doute
dérogé à cet usage, et le résultat n'est pas
heureux. Il ne lui reste plus qu'à y revenir et
qu'à se souvenir de l'importance de sps fonc-
tions. Les monnaies portent en elles quelque
chose d'une nation ; celles des temps passés
font revivre pour nous des souvenirs de
beauté et de grandeur; elles sont évocatrices
et symboliques. Il est à craindre que la nou-
velle pièce ne donne pas grande idée du goût
français, et dès maintenant il est sûr qu'elle
n'ajoute rien à la somme de beauté qui envi-
ronne notre quotidienne existence.

NOUVELLES

Nous sommes heureux d'apprendre que
M. Henri Marcel, ancien conseiller d'État, mem-
bre du Conseil supérieur des Beaux-Arts, vient
d'être appelé à la succession de M. Henry Rou»
jon comme directeur des Beaux-Arts.

Mi Henri Marcel n'est pas seulement un ama-
teur et un connaisseur de haute valeur ; c'est
encore un écrivain détalent : nos lecteurs n'ont
pas oublié l'étude pénétrante qu'il publia l'an
dernier dans notre Gazette sur les Salons, et
son récent volume sur Millet est un modèle de
monographie artistique.

*** Ont été inaugurés pendant la dernière
quinzaine :

A Jussey (Haute-Saône), un monument à
M. Bontemps, sénateur ;

A Poncin (Ain), un monument à Bichat,
œuvre du sculpteur Alphonse Muscat et de
l'architecte Rochet.

*** Le chef de la maison Knœdler, M. Roland
F. Knœdler, a fait remettre à la direction des
Beaux-Arts une toile d'Alphonse de Neuville,
Le Cimetière de Saint-Privat, qui compte
parmi les plus célèbres du maître. En mémoire
de son père, M. Roland P. Knœdler fait hom-
mage de ce tableau au Louvre.

*** Le gouvernement français vient d'en-
voyer à la reine d'Italie, en souvenir de sa ré-
cente visite au Louvre, un choix d'épreuves de
la Chalcographie : les vingt-sept planches de la
Galerie de Médicis, tirées sur Japon, et une
épreuve sur satin du triptyque de La Passion
par Mantegna, gravé par M. Achille Jacquet.

Le musée Carnavalet va recevoir prochai-
nement toute une série de documents, établis
par la Commission du Vieux-Paris et concer-
nant les bâtiments actuels de la Pitié, qui sont
appelés à disparaître sous peu.
Citons parmi ces documents : la vue exté-