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La chronique des arts et de la curiosité — 1903

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Nr. 35 (14 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19758#0305
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N* 35. - 1903 BUREAUX : 8, RUE FAVART (2« Àrr.)

14 ftovemïtre.

LA

CHRONIQUE DES ARTS

ET DE LA CURIOSITÉ

SUPPLÉMENT A LA GAZETTE DES BEAUX-ARTS

PARAISSANT LE SAMEDI MATIN

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l'Union postale)....... . » 15 fr.

I_,e ITuméro : O fr. 25

PROPOS DU JOUR

^j^KjpL n'y a plus qu'une voix aujour-
3£fT?I}Y& d'hui, en France, pour réclamer la
Tfâ^Mf défense de nos paysages. Mais les
ek^&j&i mesures pratiques sont lentes à
venir. Une proposition de loi, déposée à la
Chambre il y a déjà quelques mois, est en-
core à examiner. Et, tandis que les amis du
paysage unissent leurs protestations et leurs
efforts, la Réclame, reine clinquante du
monde moderne, continue d'étaler ses ccri-
teaux, de barioler plaines et montagnes, et
d'entremêler aux sites les plus recueillis la
bizarrerie de ses affiches.

Voici pourtant un exemple bon à prouver
que la réclame n'est pas invincible. Il nous
vient delà Suisse, riche en paysages, et abon-
dante en biscuits, chocolats et confitures. A
l'expérience, elle a jugé ses beautés naturelles
plus dignes encore de protection que ses pro-
duits nationaux. Un citoyen zélé, habitant
les rives du lac Léman, a fait circuler dans
son canton une circulaire protestant contre
les abus de la réclame. Six mille signatures
ont attesté qu'elle exprimait l'opinion de
tous. Un projet de loi vient d'être voté en
première lecture au grand Conseil vaudois, et
l'on espère qu'il sera adopté dans un second
débat.

L'économie de la loi nouvelle est fort sim-
ple. Elle distingue entre les affiches sur pa-
pier et les affiches peintes. Les premières
sont soumises à un droit très modeste ; les
secondes paient un droit beaucoup plus fort;
les unes et les autres peuvent être apposées
sur les murs de clôture, sur les bâtiments,
sur les obstacles existant déjà. Mais si l'affi-
che est placée au-dessus des édifices, ou sur

des supports indépendants, l'autorité peut in-
terdire l'affichage, dans tous les cas où elle
juge qu'il est nuisible au paysage. Il y a là
Une initiative digne d'être notée, et il est à
souhaiter qu'elle éveille chez nos législateurs
le désir de mesures qui ne soient pas seulement
des manifestations platoniques.

Le violent amour des Allemands pour leurs
antiquités vient de s'en prendre, cette fois, à
la Belle Fontaine de Nuremberg; on lui a fait
subir le même traitement qu'à l'autel Paum-
garther de Durer : restaurée d'abord et mo-
difiée en 1587, puis en 1821, on l'a de nouveau
transformée pour lui rendre son aspect pri-
mitif, puis enluminée d'or, de rouge et de
bleu; elle apparaît maintenant rutilante et
neuve pour la plus grande joie des archéo-
logues allemands.

A Paris, d'ailleurs, nous n'entendons guère
mieux le respect des œuvres d'art. On sait
comment furent traitées, lors des fêtes russes
en 1897, les statues de bronze de nos places
publiques : on les badigeonna d'un enduit noir
et brillant en vue de leur conférer un éclat di-
gne des circonstances. La Ville de Paris est
restée fidèle à ces pratiques : les bas-reliefs
sculptés à la façade du palais de la Légion
d'Honneur viennent d'être revêtus d'une cou-
che de blanc de céruse destinée à leur don-
ner l'aspect du marbre. Et l'on s'indigne —
avec raison — quand on rencontre, dans une
église de campagne des sculptures du Moyen
âge encrassées par le badigeon. Le service
des Beaux-Arts de la Ville de Paris est aussi
barbare, en fait d'esthétique, que le dernier
Conseil de fabrique de village.
 
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