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La chronique des arts et de la curiosité — 1903

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Nr. 37 (28 Novembre)
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https://doi.org/10.11588/diglit.19758#0323
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ET DE LA CURIOSITE

311

une affiche spéciale fera connaître la date de la
première leçon.)

Histoire des arts appliqués à l'industrie en
France. — M. Gaston Migeon, professeur, étudiera
l'histoire de la tapisserie pendant le Moyen âge, la
Renaissance, le xvn" et le xvm" siècles, tous les
vendredis, à 2 h. 1/2 du soir, à partir du 11 dé-
cembre.

Au Collège de France, le cours d'Esthétique
sera professé par M. G. Lafenestre, qui fera
l'histoire do la beauté dans les arts et les
idées de l'antiquité orientale, tous les mardis à

2 heures, et tous les vendredis à 3 heures, à
partir du 8 décembre.

A la Faculté des Lettres, le cours d'Histoire
de l'art sera professé par M. H. Lemonnier, qui
étudiera le réalisme dans l'art à partir du
xiy° siècle, tous les jeudis à 3 heures, à partir du

3 décembre, et traitera de questions de biblio-
graphie et d'histoire de l'art ou dirigera des
exercices pratiques, tous les lundis, à 2 heures
et à 4 heures, à partir du 10 novembre.

Au nombre des œuvres d'art français
envoyées à la prochaine Exposition de Saint-
Louis figurera une épreuve en bronze du Pen-
seur de M. Rodin, qui doit couronner sa Porte
de l'Enfer. Cette statue assise, qui ne mesure
pas moins de 2 mètres de hauteur, offrira la
particularité d'être, malgré ses dimensions,
fondue à cire perdue. C'est M. A.-A. Hébrard,
dont les fontes d'art ont déjà été remarquées
aux Salons, qui va entreprendre ce difficile
travail.

Une Exposition de l'Art français du
xvm" siècle s'organise en ce moment à Bruxel-
les, sous le haut patronage de S. M. le Roi des
Belges, au profit de la Caisse de la Société de
bienfaisance française de Bruxelles et ouvrira
le 16 janvier 190i.

Le gouvernement français, pour s'associer à
cette généreuse manifestation, prête des tapis-
series des Gobelins, et nombre de collection-
neurs ont promis leur concours à cette exposi-
tion, où figureront des œuvres des plus grands
maîtres du xvm" siècle : peintures, sculptures,
meubles, bronzes, joyaux, livres, tapisseries,
broderies, etc. Des représentations et des
conférences compléteront cette évocation du
xvui" siècle.

Les fouilles opérées cette année en Algé-
rie sous la direction de M. Albert Battu, archi-
tecte en chef des Monuments historiques, ont
été très fructueuses. Nous avons déjà signalé
ici (1) les découvertes faites à Timgad ; il faut
ajouter à celles que nous avons dites les restes
de deux basiliques byzantines.

A Khamissa, M. Joly, adjoint au maire de
Guelma, a mis au jour une naumachie et un
vaste établissement de thermes dont le tiers
de la surface fut ultérieurement occupé par un
forum ; à Announa, une église de basse époque
avec son baptistère et de nombreuses inscrip-
tions.

A Lambôse, M. Courmontagne, directeur de

(l! V. la Chronique des 13 juin, 19 septembre et
3 octobre 1903, p. 186, 251 et 259.

la maison centrale, a trouvé dans le camp de
la 3« légion Auguste, la vaste salle où l'on remi-
sait les chariots de guerre.

PETITES EXPOSITIONS

EXPOSITION STEINLEN

Voici ouverte l'exposition que nous récla-
mions ici même, il y a tantôt une année, et
qui assigne sa véritable place à un des
meilleurs maîtres do l'école moderne. De fait,
chez Steinlen, tout est hors du commun : la
qualité de l'âme et du caractère, la richesse
de l'imagination et l'originalité d'un artiste
qui s'est formé seul et no doit rien qu'à lui-
même. Aussi, quelle rassénérante joie procure
le libre épanouissement do son talent, depuis
l'année déjà lointaine où Steinlen groupa ses
premiers ouvrages, à la Bodinière (1894),
jusqu'à l'exposition présente : clic montre le
maitro parvenu à la plénitude de sa personna-
lité, et par surcroît le révèle sous des espèces
ignorées !

Chacun savait Steinlen dessinateur, litho-
graphe, aquafortiste, et il n'a eu garde clo
renier son passé, do céler les créations qui
ont assuré sa suprématie d'illustrateur et de
graveur. On retrouve, place Saint-Georges,
ses plus célèbres estampes, nombre de por-
traits, d'études, et les compositions originales
qui ont enrichi de récentes éditions des Pau-
vres gens et des Soliloques du pauvre ; mais
l'intérêt primordial est dans une centaine do
paysages et de scènes de mœurs qui décou-
vrent en Steinlen un maître peintre de la
lignée do Carrière et de Daumier.

Tout d'abord, à ses débuts, Steinlen s'est
distrait au spectacle des animaux domesti-
ques, témoins placides de notre geste familier;
sa sympathie est ensuite allée à l'enfance, dont
il a surpris et noté l'amusante mimique ; de-
puis, on lui doit du trottin et de la « midi-
nette », de l'ouvrier et do l'artisan, des gueux
de la ville et des gueux des champs, maintes
définitions d'une tragique beauté. Il a su
incarner l'âme du peuple, l'âme de la rue, et
personne ne semble avoir exprimé plus élo-
quemment la détresse des pauvres hères, ni
rendu avec une pareille autorité le remous des
foules houleuses et frémissantes.

La philosophie de l'œuvre depuis vingt ans
réalisé, Anatole Franco l'a dégagée dans une
préface d'une inégalable beauté, — témoin ce
passage, digne do trouver place dans les an-
thologies de l'avenir :

« Jadis Watteau rassemblait dans l'ombre fine et
dorée d'un parc des compagnies qui, sous les fris-
sons du satin, parlaient d'amour. Aujourd'hui, les
arbres des parcs sont coupés et ce qui s'offre à
l'artiste ému, subtil, impatient d'exprimer la vie et
le rêve de son époque, c'est la rue, la rue populeuse.
Une sensibilité subtile, vive, attentive, une infail-
lible mémoire de l'œil, dos moyens rapides d'ex-
pression, destinaient Steinlen à devenir le dessina-
teur et le peintre de la vie qui passe, le maître de
 
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