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LA CHRONIQUE DES ARTS
lre EXPOSITION DES BEAUX-ARTS
DE L’ASSOCIATION GIRONDINE
(Cercle de la Librairie)
Encore une Association nouvelle. Le principe
n’en est pas mauvais, si le groupement régional
encourage les artistes à célébrer leur province na-
tale, et si, d’autre part, il peut fournir aux débu-
tants une première occasion de se faire connaître.
Plus qu’aux envois signés de noms déjà réputés
ou qu’enregistra souvent le catalogue des divers
Salons, Laparra, Guignard, Tournes, Vignal, Marcel
JBéronneau, Larrue, Smitli, on accordera une at-
tention sympathique à ceux d’artistes moins connus,
comme M. Jean Lefort, M. Jean-Gabriel Domer-
gue et M. Denisse.
EXPOSITION HENRI LEBASQUE
(Galerie Georges Petit)
Avec talent, et avec une fidélité qui n’a rien de ser-
vile, M. Henri Lebasque représente la deuxième gé-
nération issue des maîtres de 1870. Il doit beaucoup
aussi au néo-impressionnisme de Seurat, de M. Si-
gnac et de M. Cross. Les aquarelles, d’ailleurs très
savoureuses, auxquelles il a déjà été fait allusion
suffiraient pour en témoigner. L’affinité est aujour-
d’hui d’autant plus frappante que la présente
exposition ne comprend guère que des tableaux ou
des études provenant de ce délicieux pays des
Maures et de Saint-Tropez, cher à M. Signac comme
à M. Cross. Mais, en observant la discipline, il a
répudié toute intransigeance dans la pratique. Sa
facture semble de plus en plus libre et souple. Il
n’a gardé de la division du ton que ce qu’il en faut
pour mieux rendre les joies de la lumière dans ce
coin élu de Provence, qui ressemble tant à la
Grèce... Et cette manière renouvelée lui a valu des
bonheurs particuliers, soit qu’il peigne à l’ombre
verte des branches le corps criblé de soleil d'une
modeste et très moderne Ménade en chemise ou
nue, soit qu’il se contente des fêtes que la nature
lui offre, sur la mer étincelante qu’animent les
voiles tendrement blanches ou roses, ou sur les
terrains que midi brûle, jusqu’au golfe de saphir
serti de montagnes roses.
EXPOSITION MAXIMILIEN LUCE
(Galerie Bernheim)
M. Luce fut un des adeptes les plus résolus du
pointillisme; sans renier les amitiés ni les luttes
d’antan, il a eu le courage d’abandonner une mé-
thode dont il avait vérifié l’inutilité comme moyen
d’expression de son tempérament. D’une exposi-
tion très variée, où le paysagiste et le peintre de
fleurs montrent de pareilles vertus de sérieux et
de sincérité, l’humanité n’est pas absente. Elle ne
se signale pas seulement par les fumées dont le
suggestif nuage couronne les usines d’Issy-les-
Moulineaux ; elle apparaît d’une façon plus di-
recte, dans une page qui évoque, sobrement, les
drames de la guerre civile : Une rue de Paris en
mai 71. Tout en rendant justice à un bel effort, on
souhaiterait ici plus d’emportement, quelque chose
de plus rare dans la composition colorée. Et l’on
revient vers quelques-uns des paysages les plus
simples, où les verdures du plein été sont ren-
dues, au-dessus d’une eau courante, avec fran-
chise- et fraîcheur.
EXPOSITIONS HENRY PAILLARD,
GUSTAVE DENNERY,
ALBERT DAGNAUX, ETIENNE BOSCH
(Galeries Henry Graves
Georges Bernheim, Georges Petit, de l’Art décoratif)
M. Henry Paillard a été, lui aussi, à Saint-
Tropez ; il en a rapporté des images qui ne man-
quent ni d’éclat, ni d’agrément, bien qu’elles ne
prétendent à rien de révolutionnaire, ni par la
vision, ni par le procédé. Le réseau des mâtures
et des cordages devant les façades blanches des
Martigues et les couchers de soleil sur les étangs
voisins ne l’ont pas inspiré moins heureusement,
à l’huile, au pastel, à la détrempe. Mais c’est peut-
être le langage de la gravure qui se prête le mieux
à sa sensibilité : bois en couleurs, eaux -fortes en
couleurs ou en noir, paysages de Paris, de Bel-
gique ou de Hollande.
A Château-Gontier et au Choisie, sans ambi-
tions excessives, M. Gustave Dennery reproduit,
en bon descripteur local, ce qu’il voit ; et il y a
suffisamment de variété dans ses pastels, depuis
la lande déserte des marais salants jusqu’au
coin de petite ville qu’anime le papillotage d’un
marché ou d’une foire.
M. Albert Dagnaux a des visées plus hautes.
Ses baigneuses matinales, qui se dévêtent devant
la rivière, à l’abri des grands arbres, ont des airs
de nymphes dont la tradition remonte à Corot,
tandis que la nature est traitée en décor, comme
certaines plantations de théâtre. Des motifs plus
familiers, des effets de crépuscule, rappellent, les
uns la manière de M. Roll, les autres celle de
M. Billotte.
C’est encore un paysagiste que M. Étienne Bosch,
aquafortiste hollandais appartenant à la petite
phalange dont M. Bauer est le chef. Sans être
indifférent à la vie d’aujourd’hui, il aime surtout
le pittoresque des architectures que les siècles ont
revêtues comme d’une patine d’humanité, et aussi
la grandeur romantique de certains sites d'Italie,
ainsi qu’en témoignent ces planches très diverses :
Saint-Étienne-du-Mont (n° 12), Le Ponte-Vecclüo
de Florence (n° 3), S"int-Pierre de Rome (n° 124),
La Baie cle Salerne (n° 9).
Paul Jamot.
-----
Académie des Beaux-Arts
Séance du 16 février
Legs. — L’Académie a reçu notification du tes-
tament par lequel le baron Alphonse de Roth-
schild lègue à l’Académie une somme de 200.000
francs, dont les arrérages serviront à fonder un
prix. L’Académie spécifiera le genre de prix au-
quel cette donation sera attribuée.
Académie des Inscriptions
Séance du 15 février
Monuments cle l'Afrique. — Le capitaine Gon-
douin signale à l’Académie, par l’entremise du
service des Antiquités de la Tunisie, la découverte
LA CHRONIQUE DES ARTS
lre EXPOSITION DES BEAUX-ARTS
DE L’ASSOCIATION GIRONDINE
(Cercle de la Librairie)
Encore une Association nouvelle. Le principe
n’en est pas mauvais, si le groupement régional
encourage les artistes à célébrer leur province na-
tale, et si, d’autre part, il peut fournir aux débu-
tants une première occasion de se faire connaître.
Plus qu’aux envois signés de noms déjà réputés
ou qu’enregistra souvent le catalogue des divers
Salons, Laparra, Guignard, Tournes, Vignal, Marcel
JBéronneau, Larrue, Smitli, on accordera une at-
tention sympathique à ceux d’artistes moins connus,
comme M. Jean Lefort, M. Jean-Gabriel Domer-
gue et M. Denisse.
EXPOSITION HENRI LEBASQUE
(Galerie Georges Petit)
Avec talent, et avec une fidélité qui n’a rien de ser-
vile, M. Henri Lebasque représente la deuxième gé-
nération issue des maîtres de 1870. Il doit beaucoup
aussi au néo-impressionnisme de Seurat, de M. Si-
gnac et de M. Cross. Les aquarelles, d’ailleurs très
savoureuses, auxquelles il a déjà été fait allusion
suffiraient pour en témoigner. L’affinité est aujour-
d’hui d’autant plus frappante que la présente
exposition ne comprend guère que des tableaux ou
des études provenant de ce délicieux pays des
Maures et de Saint-Tropez, cher à M. Signac comme
à M. Cross. Mais, en observant la discipline, il a
répudié toute intransigeance dans la pratique. Sa
facture semble de plus en plus libre et souple. Il
n’a gardé de la division du ton que ce qu’il en faut
pour mieux rendre les joies de la lumière dans ce
coin élu de Provence, qui ressemble tant à la
Grèce... Et cette manière renouvelée lui a valu des
bonheurs particuliers, soit qu’il peigne à l’ombre
verte des branches le corps criblé de soleil d'une
modeste et très moderne Ménade en chemise ou
nue, soit qu’il se contente des fêtes que la nature
lui offre, sur la mer étincelante qu’animent les
voiles tendrement blanches ou roses, ou sur les
terrains que midi brûle, jusqu’au golfe de saphir
serti de montagnes roses.
EXPOSITION MAXIMILIEN LUCE
(Galerie Bernheim)
M. Luce fut un des adeptes les plus résolus du
pointillisme; sans renier les amitiés ni les luttes
d’antan, il a eu le courage d’abandonner une mé-
thode dont il avait vérifié l’inutilité comme moyen
d’expression de son tempérament. D’une exposi-
tion très variée, où le paysagiste et le peintre de
fleurs montrent de pareilles vertus de sérieux et
de sincérité, l’humanité n’est pas absente. Elle ne
se signale pas seulement par les fumées dont le
suggestif nuage couronne les usines d’Issy-les-
Moulineaux ; elle apparaît d’une façon plus di-
recte, dans une page qui évoque, sobrement, les
drames de la guerre civile : Une rue de Paris en
mai 71. Tout en rendant justice à un bel effort, on
souhaiterait ici plus d’emportement, quelque chose
de plus rare dans la composition colorée. Et l’on
revient vers quelques-uns des paysages les plus
simples, où les verdures du plein été sont ren-
dues, au-dessus d’une eau courante, avec fran-
chise- et fraîcheur.
EXPOSITIONS HENRY PAILLARD,
GUSTAVE DENNERY,
ALBERT DAGNAUX, ETIENNE BOSCH
(Galeries Henry Graves
Georges Bernheim, Georges Petit, de l’Art décoratif)
M. Henry Paillard a été, lui aussi, à Saint-
Tropez ; il en a rapporté des images qui ne man-
quent ni d’éclat, ni d’agrément, bien qu’elles ne
prétendent à rien de révolutionnaire, ni par la
vision, ni par le procédé. Le réseau des mâtures
et des cordages devant les façades blanches des
Martigues et les couchers de soleil sur les étangs
voisins ne l’ont pas inspiré moins heureusement,
à l’huile, au pastel, à la détrempe. Mais c’est peut-
être le langage de la gravure qui se prête le mieux
à sa sensibilité : bois en couleurs, eaux -fortes en
couleurs ou en noir, paysages de Paris, de Bel-
gique ou de Hollande.
A Château-Gontier et au Choisie, sans ambi-
tions excessives, M. Gustave Dennery reproduit,
en bon descripteur local, ce qu’il voit ; et il y a
suffisamment de variété dans ses pastels, depuis
la lande déserte des marais salants jusqu’au
coin de petite ville qu’anime le papillotage d’un
marché ou d’une foire.
M. Albert Dagnaux a des visées plus hautes.
Ses baigneuses matinales, qui se dévêtent devant
la rivière, à l’abri des grands arbres, ont des airs
de nymphes dont la tradition remonte à Corot,
tandis que la nature est traitée en décor, comme
certaines plantations de théâtre. Des motifs plus
familiers, des effets de crépuscule, rappellent, les
uns la manière de M. Roll, les autres celle de
M. Billotte.
C’est encore un paysagiste que M. Étienne Bosch,
aquafortiste hollandais appartenant à la petite
phalange dont M. Bauer est le chef. Sans être
indifférent à la vie d’aujourd’hui, il aime surtout
le pittoresque des architectures que les siècles ont
revêtues comme d’une patine d’humanité, et aussi
la grandeur romantique de certains sites d'Italie,
ainsi qu’en témoignent ces planches très diverses :
Saint-Étienne-du-Mont (n° 12), Le Ponte-Vecclüo
de Florence (n° 3), S"int-Pierre de Rome (n° 124),
La Baie cle Salerne (n° 9).
Paul Jamot.
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Académie des Beaux-Arts
Séance du 16 février
Legs. — L’Académie a reçu notification du tes-
tament par lequel le baron Alphonse de Roth-
schild lègue à l’Académie une somme de 200.000
francs, dont les arrérages serviront à fonder un
prix. L’Académie spécifiera le genre de prix au-
quel cette donation sera attribuée.
Académie des Inscriptions
Séance du 15 février
Monuments cle l'Afrique. — Le capitaine Gon-
douin signale à l’Académie, par l’entremise du
service des Antiquités de la Tunisie, la découverte