Universitätsbibliothek HeidelbergUniversitätsbibliothek Heidelberg
Metadaten

La chronique des arts et de la curiosité — 1907

DOI issue:
Nr. 21 (25 Mai)
DOI Page / Citation link:
https://doi.org/10.11588/diglit.19764#0197
Overview
Facsimile
0.5
1 cm
facsimile
Scroll
OCR fulltext
ET DE LA CURIOSITE

187

PETITES EXPOSITIONS

EXPOSITION DE PORTRAITS DE FEMMES

(1870-1900)

ORGANISÉE PAR LA SOCIÉTÉ NATIONALE
DES BEAUX-ARTS

(Château de Bagatelle)

Il est singulier que les diverses manifestations
artistiques qui furent, au cours de ces dernières
années, tentées pour utiliser les charmants pavil-
lons et le délicieux décor de Bagatelle, semblent
condamnées, même alors que le principe en est le
plus louable, à une réalisation incomplète, hâtive,
incohérente. Le projet conçu par la Société Natio-
nale des Beaux-Arts était particulièrement heureux
et nous promettait autant de plaisirs que d’ensei-
gnements. A quelle épreuve plus instructive est-il
possible, en effet, de soumettre l’art et la sensibilité
d’une époque? L’art, créé et jusqu’ici exclusive-
ment, ou presque, exercé par les hommes, ne re-
connaît-il pas pour un de ses objets principaux
d’évoquer le type de beauté féminine que chaque
génération construit pour son usage avec les débris
des rêves antérieurs? L’époque choisie est suffi-
samment longue, puisqu’elle mesure un tiers de
siècle, assez rapprochée pour que nous y trouvions
encore notre image, assez éloignée par ses débuts
pour que nous y cherchions déjà les sources d’in-
térêt du passé et de l’histoire.

Ce sont peut-être les œuvres appartenant aux
premières années de ce tiers de siècle qui piquent
ici le plus vivement notre curiosité. Celte préfé-
rence dut être aussi celle des organisateurs de
l’exposition. Car, à moins qu’ils n’aient, comme il
arrive trop souvent, cédé au désir de flatter cer-
tains collectionneurs en leur empruntant des toiles
dont ils sont justement fiers, comment, dans une
exposition à laquelle on a fixé pour dates extrêmes
les années 1870 et 1900, expliquer la présence de
mainte œuvre qui, antérieure ou non à 1870, se
rattache bien plutôt au second Empire qu’à la
troisième République? Aussi bien qu’aux fameux
et médiocres portraits de L’Impératrice Eugénie et
de La Duchesse de Morny par le Badois Win-
terhalter, je pense aux admirables bustes de Car-
peaux, Mxu Fiocre et Mm° Char don-Lagache, jeu-
nesse et vieillesse parées ou ennoblies par le même
amour et le même sens de la vie. Quant à Chas-
sériau, mort en 1856, on se demande, puisque ce
n’était même pas pour nous donner le plaisir de
revoir le Portrait de deux sœurs si admiré à
l'Exposition de 1900, pourquoi on a voulu que son
nom figurât au catalogue? Et, en goûtant la char-
mante petite figure de fillette romaine qui repré-
sente ici la divine bonhomie de Corot, n’éprouvera-
t-on pas le même étonnement? Un doute semblable
accueillera, malgré les plaisirs qu’ils nous causent,
les nerveux dessins d’Henri Régnault, les bustes
d'Aimée Desclée et de Mme Hortense Schneider
par Carrier-Belleuse, celui de Racket par Glé-
singer, et même les effigies raffinées de Ricard, La
Femme aux gants de Courbet, et la curieuse
Femme en noir qu’Édouard Manet peignit dans un
paysage et qui évoque le souvenir de Goya. Au
contraire, le Portrait de Mme Zola, œuvre des der-
nières années de Manet et exemple de sa manière
claire, a ici sa place et une place de la plus haute
importance.

Les peintres représentatifs, c’est, pour la pre-
mière moitié de la période embrassée par l’expo-
sition de Bagatelle, le scrupuleux et scrutateur
Delaunay, le mondain Cabanel avec son Portrait
de la marquise de Vallombrosa, c’est M. Carolus
Duran, avec un bon spécimen de sa vigueur d’au-
trefois, c’est Alfred Stevens, avec ses qualités
documentaires et sa verve d’exécutant. En même
temps s’accusent l’inconsistance des toiles jadis
vantées que signa Baudry, et la pauvreté de Meis-
sonier portraitiste. Puis vient une époque de
transition, où un certain réalisme un peu littéral
semble chercher un compromis entre les traditions
de l’école et les conquêtes encore contestées de
l’impressionnisme : avec des talents divers, Bas-
tien-Lepage, M.Roll, M. Dagnan-Bouveret y jouent
les rôles des protagonistes. L’imagination reprend
ses droits avec les génies fraternels et passionnés
de Carrière et de M. Rodin. A la même famille
appartiennent deux des grands virtuoses de notre
temps : M. Besnard et M. Sargent. Le premier de
ces deux artistes est utilement représenté par le
portrait de Mme Duruy, auquel vingt années écou-
lées et une noble patine ont laissé son charme en
lui conférant déjà une signification d’histoire. On
regrette qu’une toile de M. Zorn ne complète pas
un illustre trio. Un joli buste de jeune fille de
M. Lenoir, le Portrait de ma mère de M. Le-
rolle, les accompagnent heureusement. Enfin, des
renommées plus récentes se classent ici à leur
rang : M. Raffaëlli et Mlle Breslau, M. Lucien
Simon et M. Jacques Blanche, M. Aman Jean et
M. de La Gandara, M. Dampt et M. Bourdelle.

Pourquoi certains sont-ils ici, pourquoi d’autres
n’y sont-ils pas ? C’est une question que suggèrent
presque toutes les expositions. Celle-ci l’impose
avec force. Pourquoi, parmi les champions de
l’Académie, les noms de MM. Hébert, Bonnat,
Humbert, et, dans l’autre camp, ceux de Fantin-
Latour et de M. Ernest Laurent manquent-ils au
catalogue? Auraient-ils été jugés moins significa-
tifs que ceux de Chaplin, de Dubufe, de M. Bé-
raud et de M. Boldini? Dira-t-on que de telles
omissions sont justifiées par le fait que ces artistes
ne font pas ou n’ont pas fait partie de la Société
Nationale? Mais, pour accomplir une œuvre pré-
tendant à une portée historique, comme il eût été
nécessaire de s’élever au-dessus d’un protocole de
coterie ! L’excuse serait donc bien pauvre. Elle
n’est même pas valable. Puisque les organisateurs
de l’exposition ont « invité » des morts qui, s’ils
avaient survécu au schisme, seraient vraisembla-
blement restés fidèles à la vieille Société des Ar-
tistes français — Cabanel, Baudry, Delaunay, —
n’était-il pas logique de montrer pour les vivants
le même libéralisme ?

EXPOSITION d’art DÉCORATIF ANGLAIS
PAR MISS BIRKENRUTH, LES MISSES CASELLA,
MISS HALLE

(Galerie Shirleys)

Il y a plus de sport, de jeu, d’amusette, si l’on
veut, que d’art dans les tinsel pictures de Miss
Birkenruth. Mais l’amusette ne manque pas de
piquant. Avec des paillettes, de minuscules mor-
ceaux, ingénieusement découpés et agencés, de
soie, de velours et de dentelles, elle compose des
effigies de fantaisie : Philippe le Bel ou La Du-
chesse d’Aumale, ou bien elle imite des peintures
 
Annotationen