fcï DE LA CURIOSITE
311
concours cle ses élèves, il publiait une monographie
sur Orcliomène, où il avait exhumé des vestiges de
la vieille civilisation dont le centre paraît avoir
été la Crète de Minos.
Quand j’aurai rappelé son étude puissante, bien
que très discutée, sur la date du monument d’Adam
Klissi en Roumanie, son recueil d’essais intitulé
Intermezzi, ses Monuments de la Sculpture antique
(avec Urlichs), son mémoire sur quelques faux cé-
lèbres (entre autres la tiare dite d'Olbia), ses arti-
cles sur les temples de Délos, de Delphes, de
l’Acropole d’Athènes, sur les statues des Niobides
découvertes à Rome, sur les antiquités de ia
Russie méridionale, do la région du Rhin, des
collections particulières anglaises, des musées et
des collections des États-Unis, je serai loin d’avoir
épuisé la liste de ses écrits, d’avoir énuméré tous
ses titres à l’admiration. Je crois avoir lu presque
toute son œuvre; elle comprend beaucoup d’hypo-
thèses fragiles, d’affirmations mal autorisées ou
hâtives ; mais il n’y a pas tin article de lui,
même pas un compte rendu, où l’on ne recon-
naisse, au jaillissement d’idées personnelles, la
marque du génie. Pourquoi laisser à l’avenir
l’honneur de prononcer ce mot ? Comme Otfried
Millier, mort, jeune aussi et en pleine activité,
dans Athènes, Furtwaengler est du petit nombre
des archéologues de génie dont la postérité hono-
rera le souvenir, alors même que les découvertes
incessantes de la science auront permis de reviser
leurs opinions.
J’ai peu parlé de l’homme ; ce n’est pas faute de
l’avoir beaucoup connu. Furtwaengler était grand,
mince, d’aspect énergique ; il ressemblait au Gau-
lois blessé du Capitole. C’est dire qu’il n’avait
pas l’air aimable ; il ne l’était point. Mommsen
lui-même, qui maniait si volontiers le boutoir,
reprochait à Furtwaengler d’être peu courtois.
Mais ce bourru silencieux fut l’ami fidèle et
dévoué de quelques-uns de ses camarades et de
ses élèves; il se montra toujours plein de piété
pour la mémoire de son maître Brunn ; ses
haines mêmes, qui étaient tenaces, ne s’inspi-
rèrent jamais de motifs mesquins. Il m’est arrivé
un jour, dans la Revue critique, de rappeler à son
sujet le mot de Talleyrand sur Napoléon: « Quel
dommage qu’un si grand homme ait été si mal
élevé ! » Furtwaengler ne m’en voulut point ; il se
connaissait lui-même ; il savait que chez lui la
rudesse du lutteur était la rançon d’un génie de
conquérant.
Salomon Reinach.
Nous avons le regret d’apprendre la mort du
peintre Frédéric-Anselme Lottin, membre delà
Société Nationale des Beaux-Arts, né à Paris, décédé
à Ault (Somme), à l’âge de quarante-deux ans. Élève
de Gustave Moreau, Lottin était un professeur excel-
lent. Il fit partie de l’élite artistique qui se sépara
en 1890 de la Société des Artistes français pour
fonder la Société Nationale des Beaux-Arts.
On annonce la mort de ,M. Édouard Foudri-
gnier, antiquaire archéologue, décédé le 3 octobre
à Rilly-la-Montagne (Marne). Membre de la So-
ciété Nationale des Antiquaires de France, corres-
pondant ciu ministère de l’Instruction publique, il
s’était spécialement consacré à la recherche des
antiquités de la Champagne .et a publié d’intéres-
santes études sur des découvertes faites à Sillery
et Tliuizy, près de Reims. Sa découverte de la sé-
pulture à char de Somme-Bionne, près de Sainte-
Menehould, avait été trèsjremarquée dans le monde
savant. Il l’avait exposée au Trocadéro en 1878 et
l’avait ensuite cédée au musée de Saint-Germain.
On lui doit des observations judicieuses sur les
peintures de vases gaulois recueillis dans le dé-
partement de la Marne, ainsi que toute une série
de brochures sur l’anthropologie et l’archéologie.
A Jette Saint-Pierre, près Bruxelles, vient de
s’éteindre, âgé de quarante-deux ans à peine, le
baryton Gharles-Badouaille Badiali. Né à Paris,
il débuta dans Jocelyn, au théâtre lyrique du
Château-d’Eau ; engagé à la Monnaie, il fut applaudi,
de 1889 à 1892, dans Carmen, Don Juan, la Flûte
enchantée, la Basoche, le Barbier de Séville.
Rentré à l’Opéra-Comique, il créa divers rôles, avec
succès, notamment dans le Spahi, Madame Rose,
la Vivandière, Daphnis et Chloè, Fervaal. De-
puis 1900, Badiali était revenu à Bruxelles.
Le compositeur autrichien Ignaz Brüll est mort
le 17 septembre dernier, à Vienne, Son principal
opéra. Bas goldene Kreuz (La Croix d’or) lui
avait valu dans son pays une grande popularité.
_ ___
MOUVEMENT DES ARTS
Succession de Mme la Duchesse de Talleyrand
et Sagan
Vente faite en son hôtel, 57, rue Saint-Domi-
nique, les 19 et 20 juin, par M° Lair-Dubreuil,
MM. Mannheim et Féral.
TABLEAUX ANCIENS
1. Bega (Cornelis). Intérieur de cabaret : 3.300.
— 3. Bol. Portrait d’un savant : 3.300. — 4. Cham-
paigne (Philippe de). Portrait d’homme : 3.100. —
6. Fyt (Jean). Gibier sous la garde d’un chien :
9.500. — 9. Kauffmann (Angelica). Portrait de
Mrs. Robinson : 6.000. — 14. Roslin. Portrait de
femme : 3.100. — 16. Vos (Cornelis de). Une dame
de qualité et sa fille : 5.100. — 18. École française
(xvi° siècle). La Vierge et l’Enfant Jésus : 6.000.
OBJETS d’art ET d’aMEUBLEAIENT
Faïences et porcelaines. — 30. Deux jardinières
de Chine, émaillée violet. Montures bronze doré
2.350. — 33. — Vase en ancien céladon bleu tur-
quoise de la Chine, simulant un bambou, figurine
de Chinois : 2.600. — 34. Deux candélabres en
bronze doré à chimères en ancien céladon bleu
turquoise : 6.200. — 36. Deux tonnelets en céladon
gris de la Chine, surmontés d'une chimère : 4.100.
38. Vase formé de deux carpes accolées en céladon
vert de la Chine. Montures bronze à rocailles :
1.400. —39. Brûle-parfums Chine à décor d’usten-
siles sur fond rouge de fer; goi’ge ajourée, anses
feuillages, base à rocailles, bouton en bronze doré
du temps de L. XV : 19.650. — Écritoire L. XIV :
2.315 francs.
Bronzes, pendules. — 42. Buste, grandeur na-
ture, d'empereur romain, en bronze patiné pour la
tête, et bronze doré pour la cuirasse et la chia-
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concours cle ses élèves, il publiait une monographie
sur Orcliomène, où il avait exhumé des vestiges de
la vieille civilisation dont le centre paraît avoir
été la Crète de Minos.
Quand j’aurai rappelé son étude puissante, bien
que très discutée, sur la date du monument d’Adam
Klissi en Roumanie, son recueil d’essais intitulé
Intermezzi, ses Monuments de la Sculpture antique
(avec Urlichs), son mémoire sur quelques faux cé-
lèbres (entre autres la tiare dite d'Olbia), ses arti-
cles sur les temples de Délos, de Delphes, de
l’Acropole d’Athènes, sur les statues des Niobides
découvertes à Rome, sur les antiquités de ia
Russie méridionale, do la région du Rhin, des
collections particulières anglaises, des musées et
des collections des États-Unis, je serai loin d’avoir
épuisé la liste de ses écrits, d’avoir énuméré tous
ses titres à l’admiration. Je crois avoir lu presque
toute son œuvre; elle comprend beaucoup d’hypo-
thèses fragiles, d’affirmations mal autorisées ou
hâtives ; mais il n’y a pas tin article de lui,
même pas un compte rendu, où l’on ne recon-
naisse, au jaillissement d’idées personnelles, la
marque du génie. Pourquoi laisser à l’avenir
l’honneur de prononcer ce mot ? Comme Otfried
Millier, mort, jeune aussi et en pleine activité,
dans Athènes, Furtwaengler est du petit nombre
des archéologues de génie dont la postérité hono-
rera le souvenir, alors même que les découvertes
incessantes de la science auront permis de reviser
leurs opinions.
J’ai peu parlé de l’homme ; ce n’est pas faute de
l’avoir beaucoup connu. Furtwaengler était grand,
mince, d’aspect énergique ; il ressemblait au Gau-
lois blessé du Capitole. C’est dire qu’il n’avait
pas l’air aimable ; il ne l’était point. Mommsen
lui-même, qui maniait si volontiers le boutoir,
reprochait à Furtwaengler d’être peu courtois.
Mais ce bourru silencieux fut l’ami fidèle et
dévoué de quelques-uns de ses camarades et de
ses élèves; il se montra toujours plein de piété
pour la mémoire de son maître Brunn ; ses
haines mêmes, qui étaient tenaces, ne s’inspi-
rèrent jamais de motifs mesquins. Il m’est arrivé
un jour, dans la Revue critique, de rappeler à son
sujet le mot de Talleyrand sur Napoléon: « Quel
dommage qu’un si grand homme ait été si mal
élevé ! » Furtwaengler ne m’en voulut point ; il se
connaissait lui-même ; il savait que chez lui la
rudesse du lutteur était la rançon d’un génie de
conquérant.
Salomon Reinach.
Nous avons le regret d’apprendre la mort du
peintre Frédéric-Anselme Lottin, membre delà
Société Nationale des Beaux-Arts, né à Paris, décédé
à Ault (Somme), à l’âge de quarante-deux ans. Élève
de Gustave Moreau, Lottin était un professeur excel-
lent. Il fit partie de l’élite artistique qui se sépara
en 1890 de la Société des Artistes français pour
fonder la Société Nationale des Beaux-Arts.
On annonce la mort de ,M. Édouard Foudri-
gnier, antiquaire archéologue, décédé le 3 octobre
à Rilly-la-Montagne (Marne). Membre de la So-
ciété Nationale des Antiquaires de France, corres-
pondant ciu ministère de l’Instruction publique, il
s’était spécialement consacré à la recherche des
antiquités de la Champagne .et a publié d’intéres-
santes études sur des découvertes faites à Sillery
et Tliuizy, près de Reims. Sa découverte de la sé-
pulture à char de Somme-Bionne, près de Sainte-
Menehould, avait été trèsjremarquée dans le monde
savant. Il l’avait exposée au Trocadéro en 1878 et
l’avait ensuite cédée au musée de Saint-Germain.
On lui doit des observations judicieuses sur les
peintures de vases gaulois recueillis dans le dé-
partement de la Marne, ainsi que toute une série
de brochures sur l’anthropologie et l’archéologie.
A Jette Saint-Pierre, près Bruxelles, vient de
s’éteindre, âgé de quarante-deux ans à peine, le
baryton Gharles-Badouaille Badiali. Né à Paris,
il débuta dans Jocelyn, au théâtre lyrique du
Château-d’Eau ; engagé à la Monnaie, il fut applaudi,
de 1889 à 1892, dans Carmen, Don Juan, la Flûte
enchantée, la Basoche, le Barbier de Séville.
Rentré à l’Opéra-Comique, il créa divers rôles, avec
succès, notamment dans le Spahi, Madame Rose,
la Vivandière, Daphnis et Chloè, Fervaal. De-
puis 1900, Badiali était revenu à Bruxelles.
Le compositeur autrichien Ignaz Brüll est mort
le 17 septembre dernier, à Vienne, Son principal
opéra. Bas goldene Kreuz (La Croix d’or) lui
avait valu dans son pays une grande popularité.
_ ___
MOUVEMENT DES ARTS
Succession de Mme la Duchesse de Talleyrand
et Sagan
Vente faite en son hôtel, 57, rue Saint-Domi-
nique, les 19 et 20 juin, par M° Lair-Dubreuil,
MM. Mannheim et Féral.
TABLEAUX ANCIENS
1. Bega (Cornelis). Intérieur de cabaret : 3.300.
— 3. Bol. Portrait d’un savant : 3.300. — 4. Cham-
paigne (Philippe de). Portrait d’homme : 3.100. —
6. Fyt (Jean). Gibier sous la garde d’un chien :
9.500. — 9. Kauffmann (Angelica). Portrait de
Mrs. Robinson : 6.000. — 14. Roslin. Portrait de
femme : 3.100. — 16. Vos (Cornelis de). Une dame
de qualité et sa fille : 5.100. — 18. École française
(xvi° siècle). La Vierge et l’Enfant Jésus : 6.000.
OBJETS d’art ET d’aMEUBLEAIENT
Faïences et porcelaines. — 30. Deux jardinières
de Chine, émaillée violet. Montures bronze doré
2.350. — 33. — Vase en ancien céladon bleu tur-
quoise de la Chine, simulant un bambou, figurine
de Chinois : 2.600. — 34. Deux candélabres en
bronze doré à chimères en ancien céladon bleu
turquoise : 6.200. — 36. Deux tonnelets en céladon
gris de la Chine, surmontés d'une chimère : 4.100.
38. Vase formé de deux carpes accolées en céladon
vert de la Chine. Montures bronze à rocailles :
1.400. —39. Brûle-parfums Chine à décor d’usten-
siles sur fond rouge de fer; goi’ge ajourée, anses
feuillages, base à rocailles, bouton en bronze doré
du temps de L. XV : 19.650. — Écritoire L. XIV :
2.315 francs.
Bronzes, pendules. — 42. Buste, grandeur na-
ture, d'empereur romain, en bronze patiné pour la
tête, et bronze doré pour la cuirasse et la chia-