CHRONOLGGIE HISTORIQUE
Gilbert cle Mons, le Comté cle Valenciennes. Richilde
étoit niece du Pape Léon IX à la rnode de Bretagne.
Ce Pontife , après le Concile qu’il tint à Reims Pan
1049, s’étant mis en routc pour la venir voir, elle s’a-
vanca au-clevant de lui jusc]u’à Beaumont avec son
époux,et ramena dans son château de Mons. Herman,
étant mort l’annce suivaute, laissa d’elle un fds et une
fllle, tous cleux en bas âge , et le fils, ajoute Gilbert,
étoit, dit-on, boiteux. llichilde , tant en vertu cle sa
dot que comme tutrice cle ses enfans , prit en main le
gouvernement du Idainaut. Elle n’en jouit pas long-
tems en paix. Baudouin, surnoinmé de Lille, Comte
de Flandre, lui fit la guerre pour la contraindre d’é-
pouser Bauuouix son hls, et il y réussit. Mais ce jeune
Bauclouin , surnommé depuis le Bon et de Mons ,
étant parent de Richilde au troisieme degré, l’Evêque
cle Cambrai l’excommunia comine ayant fait un ma-
riage illicile. Les cleux époux appellerent de cette Sen-
tence au Pape Léon IX , qui rasolt le mai'iage, clit
Baudouin d’Avênes, et leur clèsendit le lit. II y a bien
de l’apparence que cette défense fut leyée dans la suite
etle inariage réhabilité ; car nous voyons que Richilde
ne cessa d’habiter avec Bauclouin, et que les enfans
qui sortirent de cette alliance passerent pour légitimes
sans contradiction. L’an io5y, l’Empereur Henri III,
par le Traité de paix qu’il fit avec Baudouin cle Lille,
unit au Hainaut le Tournaisis et le Cambresis. Bau-
douin de Mons eut l’honneur d’armer Chevalier le Roi
Philippe I. C’est son successeur qui l’atteste dans une
Charte cle l’an 1087 en ces termes : Ego Balduinus
Ealentianarum Co/ncs , fdius Balduini junioris qui
Philippum Bcgcm regalibus insignivit militiæ armis.
( Le Mire, Diplom. Bslg. T. I, p. 5 15. ) Baudouin de
Mons ayant fini ses jours le 17 Juillet 1070 à Oude-
narde, fut inliumé à l’Abbaye d’Hasnon. Richilde, sa
veuve, épousa, dit-on, en troisiemes noces Guillaume
Osbern, C te de Hereforcl en Angleterre. Celui-ci fut tué,
le 2,0 Février 1071, à la bataille de Cassel, et Richilcle
luisurvécut quinze à seize ans. Les deux enfans c]u’elle
avoit eus cle son premier époux,sontRoger,qui fut Evê-
que de Châlons-sur-Marne, et Gertrude, qu’elle fit Re-
ligieuse. Elle donna au second deux fils, Arnoul, qui
fut Comte de Flandre, et Baudouin , qui suit. ( Doy.
Baudouiii cle Mons, Arnoul et Robert le Frison , Com-
tes de Flandre. )
BAUDOUIN II, dit DE JÉRUSALEM.
1070. Baudouin II, seconcl fds de Baudouin de
Mons et de Ilichilde , étant mineur à la mort cle son
pere, luisuccéda, l’an 1070, dans le Hainaut sous la
tutele de sa mere. Cette Princesse le mena , l’année
suivante, à la bataille de Cassel qu’elle perdit avec Ar-
noul, son fils aîné, contre Robert le Frison, compéti-
teur de l’un et de l’autre. Le vainqueur étant devenu
par là maitre cle la Flanclre, Richilde et Baudouin prirent
ie parti de metlre le Hainaut sous la mouvance de
Théodouin, Evêque de Liége, pour avoir sa protec-
tion. Voici, d’après une ancienne Chronique qui n’a
pas encore vu le jour, quelles furent les charges aux-
quelles le Prélat et le Cornte s’obligerent l’un envers
l’autre. » Li Quens cle Hainaut doit servir li Evesque
3) de Liege à ses besoins de toute sa force aux dépens
33 de l’Evesque.... Se li Quens va àl’Evesque pour rele
33 ver son P'ief, li Evesque li doit ses dépens, puis qu’il
33 sera issus cle Haynaut. Encore li Evesque li doit ses
33 despens quand il le semont à sa Cort ou à Parlement.
33 Et si aucun voloit grever la Comté de Hainaut, li
33 Evesque le doit aydier à grant force au coust de PE-
33 vesque.... Avec l’ommaige le Comte doit avoir li
33 Evesque l’ommaige le Chastelain de Mons et le
33 Chastelain de Biaumont et le Chastelain de Valen-
33 ciennes. ’Li Evesque doit au Comte, à chascun
33 Noël, trois paires de robbes , de quoi chascune doit
33 valoir six marcs au marc de Liége ; et à chascun
33 Chastelain une robbe de six marcs_Ceste couve-
» nance fut faicte à Fosse en la présence de Godefroi
33 de Bouillon, le Comte Aubert de Namur, le Comte
33 de Chini, le Comte de Montagu en Ardennes, et
33 plusieurs aultres 33 ( 1 ). ( Bibl. de S. Germ.-des-
Prés , n° 13p. ) L’Empereur Henri IV confirma cette
transaction par Ses Lettres données, le 11 Mai 1071 ,
à Liége, où il s’étoit transporté à ce sujet. Les Princes
dénommés dans cet acte , comme présens , firent
soinmer Ilobert de restituer la Flandre au légitime hé-
ritier ; et sur son refus ils se rnirent en marche avec
une armée pour l’y contraindre. Mais, apprenant sur
la route que Robert avoit fait alliance avec le Roi de
France , iis revinrent sur leurs pas , n’osant avec rai-
son mesurer leurs forces avec celles d’un si puissant
Monarque. Voilà ce que raconte Lambert d’Aschaf-
fèmbourg. Gilbert de Mons dit au contraire, et Meier
d’après lui, que les deux armées s’étant rencontrées
dans la plaine de Broqueroie, à une lieue de Mons, il
y eut un combat d’où Robert sortit victorieux après
un carnage si grand, que le champ de bataille a retenu
le nom de haie des morts. Cô combat ne fut pas le
seul que Baudouin et Robert se livrerent. Le premier
fut vainqueur à son tour du second l’an 1076, dans les
champs de Denain.
Richilde, revenant de R.ome avec Baudouin l’an 1084?
apprend , comine elle approche d’une de ses terres,
qu’Arnoul, Comte de Chini, se dispose à l’enlever.
Elle se détourne et va se réfugier à S. Hubert, dont
l’Abbé Thierri engage le Comte de Namur à la recon-
duire en sûreté chez elle. (Plist. Andagin.) Baudouin,
l’an 1087 (N. S. ), perdsamere, décédée , le i5 Mars,
à l’Abbaye de Messines près d’Ipres , où elle s’étoit re-
tirée depuis deux ans. Cilbert de Mons nous apprend
que cette Princesse , de concert avec Baudouin son
fils, avoit rendu héréditaires à la Cour de Hainaut les
osfices d’Echanson , de Pannetier, de Queux , de
Chambrier, de Portier; qu’elle en avoit donné quel-
ques uns à des Flamands qui s’étoient retirés en Hai-
naut après qu’elle eut perdu la Flandre, et qu’elle avoit
dédommagé par divers bénéfices tous les Flamands
qui s’étoient expatriés pour elle. (Bouquet, T. XIII,
p. 545.)
L’an 1091 , Robert le Frison , au retour de la Terre-
Sainte, rend à Baudouin, par ordre de son confesseur,
la Châtellenie de Douai au lieu de la Flandre entiere
qu’il s’étoit engagé à lui restituer , suivant Ipérius et
André de Marchienne.
Baudouin, l’an 1096, se croisa pour la Terre-Sainte.
Mais les fonds lui manquant pour cette expédition, il
vendit ou hypothéqua, pour se les procurer, son châ-
teau de Couvin, par acte du 14 Juin 1096 , à l’Evêque
de Liége. L’an 1098, après la prise d’Antioche , où il
signala sa valeur, ii fut député avec Flugues le Crand
pouraller annoncer cette nouvelle à l’Empereur Alexis
Comnene et l’inviter à venir se joindre aux Croisés pour
la conquête de Jérusalem. Sur la route ils tomberent
près de Nicée, suivant Cilbert de Mons, dans une etn-
buscade de Turcs, où Baudouin fut pris avec une par-
tie de ceux qui l’accompagnoient ( on 11’a jamais su
depuis ce qu’il étoit devenu ). Hugues le Grand fut du
, nombre de ceux qui eurent le bonheur de s’échapper.
Baudouin avoit ëpousé, l’an 1084, Ioe ou Alix ,
fdle de Henri II, Comte de Louvain. Cette Princesse
s’étant rendue à Rome, l’an 1099, pour apprendre
des nouvelles de son époux , le Pape 11e put lui en
rien dire de certain , et ia renvoya , après avoir fait de
son mieux pour la consoler, dans le Hainaut, où elle
mourut en 1139. Elle eut de son mariage Baudouin ,
qui suit; Arnoui , Seigneur de Pioeux en Flainaut par
sa femine, fille et héritiere de Gauthier de Roeux ;
( 1 ) C.es charges réciproques se trouvent aussi dans Bau douin d’Avênes.
Ide,
Gilbert cle Mons, le Comté cle Valenciennes. Richilde
étoit niece du Pape Léon IX à la rnode de Bretagne.
Ce Pontife , après le Concile qu’il tint à Reims Pan
1049, s’étant mis en routc pour la venir voir, elle s’a-
vanca au-clevant de lui jusc]u’à Beaumont avec son
époux,et ramena dans son château de Mons. Herman,
étant mort l’annce suivaute, laissa d’elle un fds et une
fllle, tous cleux en bas âge , et le fils, ajoute Gilbert,
étoit, dit-on, boiteux. llichilde , tant en vertu cle sa
dot que comme tutrice cle ses enfans , prit en main le
gouvernement du Idainaut. Elle n’en jouit pas long-
tems en paix. Baudouin, surnoinmé de Lille, Comte
de Flandre, lui fit la guerre pour la contraindre d’é-
pouser Bauuouix son hls, et il y réussit. Mais ce jeune
Bauclouin , surnommé depuis le Bon et de Mons ,
étant parent de Richilde au troisieme degré, l’Evêque
cle Cambrai l’excommunia comine ayant fait un ma-
riage illicile. Les cleux époux appellerent de cette Sen-
tence au Pape Léon IX , qui rasolt le mai'iage, clit
Baudouin d’Avênes, et leur clèsendit le lit. II y a bien
de l’apparence que cette défense fut leyée dans la suite
etle inariage réhabilité ; car nous voyons que Richilde
ne cessa d’habiter avec Bauclouin, et que les enfans
qui sortirent de cette alliance passerent pour légitimes
sans contradiction. L’an io5y, l’Empereur Henri III,
par le Traité de paix qu’il fit avec Baudouin cle Lille,
unit au Hainaut le Tournaisis et le Cambresis. Bau-
douin de Mons eut l’honneur d’armer Chevalier le Roi
Philippe I. C’est son successeur qui l’atteste dans une
Charte cle l’an 1087 en ces termes : Ego Balduinus
Ealentianarum Co/ncs , fdius Balduini junioris qui
Philippum Bcgcm regalibus insignivit militiæ armis.
( Le Mire, Diplom. Bslg. T. I, p. 5 15. ) Baudouin de
Mons ayant fini ses jours le 17 Juillet 1070 à Oude-
narde, fut inliumé à l’Abbaye d’Hasnon. Richilde, sa
veuve, épousa, dit-on, en troisiemes noces Guillaume
Osbern, C te de Hereforcl en Angleterre. Celui-ci fut tué,
le 2,0 Février 1071, à la bataille de Cassel, et Richilcle
luisurvécut quinze à seize ans. Les deux enfans c]u’elle
avoit eus cle son premier époux,sontRoger,qui fut Evê-
que de Châlons-sur-Marne, et Gertrude, qu’elle fit Re-
ligieuse. Elle donna au second deux fils, Arnoul, qui
fut Comte de Flandre, et Baudouin , qui suit. ( Doy.
Baudouiii cle Mons, Arnoul et Robert le Frison , Com-
tes de Flandre. )
BAUDOUIN II, dit DE JÉRUSALEM.
1070. Baudouin II, seconcl fds de Baudouin de
Mons et de Ilichilde , étant mineur à la mort cle son
pere, luisuccéda, l’an 1070, dans le Hainaut sous la
tutele de sa mere. Cette Princesse le mena , l’année
suivante, à la bataille de Cassel qu’elle perdit avec Ar-
noul, son fils aîné, contre Robert le Frison, compéti-
teur de l’un et de l’autre. Le vainqueur étant devenu
par là maitre cle la Flanclre, Richilde et Baudouin prirent
ie parti de metlre le Hainaut sous la mouvance de
Théodouin, Evêque de Liége, pour avoir sa protec-
tion. Voici, d’après une ancienne Chronique qui n’a
pas encore vu le jour, quelles furent les charges aux-
quelles le Prélat et le Cornte s’obligerent l’un envers
l’autre. » Li Quens cle Hainaut doit servir li Evesque
3) de Liege à ses besoins de toute sa force aux dépens
33 de l’Evesque.... Se li Quens va àl’Evesque pour rele
33 ver son P'ief, li Evesque li doit ses dépens, puis qu’il
33 sera issus cle Haynaut. Encore li Evesque li doit ses
33 despens quand il le semont à sa Cort ou à Parlement.
33 Et si aucun voloit grever la Comté de Hainaut, li
33 Evesque le doit aydier à grant force au coust de PE-
33 vesque.... Avec l’ommaige le Comte doit avoir li
33 Evesque l’ommaige le Chastelain de Mons et le
33 Chastelain de Biaumont et le Chastelain de Valen-
33 ciennes. ’Li Evesque doit au Comte, à chascun
33 Noël, trois paires de robbes , de quoi chascune doit
33 valoir six marcs au marc de Liége ; et à chascun
33 Chastelain une robbe de six marcs_Ceste couve-
» nance fut faicte à Fosse en la présence de Godefroi
33 de Bouillon, le Comte Aubert de Namur, le Comte
33 de Chini, le Comte de Montagu en Ardennes, et
33 plusieurs aultres 33 ( 1 ). ( Bibl. de S. Germ.-des-
Prés , n° 13p. ) L’Empereur Henri IV confirma cette
transaction par Ses Lettres données, le 11 Mai 1071 ,
à Liége, où il s’étoit transporté à ce sujet. Les Princes
dénommés dans cet acte , comme présens , firent
soinmer Ilobert de restituer la Flandre au légitime hé-
ritier ; et sur son refus ils se rnirent en marche avec
une armée pour l’y contraindre. Mais, apprenant sur
la route que Robert avoit fait alliance avec le Roi de
France , iis revinrent sur leurs pas , n’osant avec rai-
son mesurer leurs forces avec celles d’un si puissant
Monarque. Voilà ce que raconte Lambert d’Aschaf-
fèmbourg. Gilbert de Mons dit au contraire, et Meier
d’après lui, que les deux armées s’étant rencontrées
dans la plaine de Broqueroie, à une lieue de Mons, il
y eut un combat d’où Robert sortit victorieux après
un carnage si grand, que le champ de bataille a retenu
le nom de haie des morts. Cô combat ne fut pas le
seul que Baudouin et Robert se livrerent. Le premier
fut vainqueur à son tour du second l’an 1076, dans les
champs de Denain.
Richilde, revenant de R.ome avec Baudouin l’an 1084?
apprend , comine elle approche d’une de ses terres,
qu’Arnoul, Comte de Chini, se dispose à l’enlever.
Elle se détourne et va se réfugier à S. Hubert, dont
l’Abbé Thierri engage le Comte de Namur à la recon-
duire en sûreté chez elle. (Plist. Andagin.) Baudouin,
l’an 1087 (N. S. ), perdsamere, décédée , le i5 Mars,
à l’Abbaye de Messines près d’Ipres , où elle s’étoit re-
tirée depuis deux ans. Cilbert de Mons nous apprend
que cette Princesse , de concert avec Baudouin son
fils, avoit rendu héréditaires à la Cour de Hainaut les
osfices d’Echanson , de Pannetier, de Queux , de
Chambrier, de Portier; qu’elle en avoit donné quel-
ques uns à des Flamands qui s’étoient retirés en Hai-
naut après qu’elle eut perdu la Flandre, et qu’elle avoit
dédommagé par divers bénéfices tous les Flamands
qui s’étoient expatriés pour elle. (Bouquet, T. XIII,
p. 545.)
L’an 1091 , Robert le Frison , au retour de la Terre-
Sainte, rend à Baudouin, par ordre de son confesseur,
la Châtellenie de Douai au lieu de la Flandre entiere
qu’il s’étoit engagé à lui restituer , suivant Ipérius et
André de Marchienne.
Baudouin, l’an 1096, se croisa pour la Terre-Sainte.
Mais les fonds lui manquant pour cette expédition, il
vendit ou hypothéqua, pour se les procurer, son châ-
teau de Couvin, par acte du 14 Juin 1096 , à l’Evêque
de Liége. L’an 1098, après la prise d’Antioche , où il
signala sa valeur, ii fut député avec Flugues le Crand
pouraller annoncer cette nouvelle à l’Empereur Alexis
Comnene et l’inviter à venir se joindre aux Croisés pour
la conquête de Jérusalem. Sur la route ils tomberent
près de Nicée, suivant Cilbert de Mons, dans une etn-
buscade de Turcs, où Baudouin fut pris avec une par-
tie de ceux qui l’accompagnoient ( on 11’a jamais su
depuis ce qu’il étoit devenu ). Hugues le Grand fut du
, nombre de ceux qui eurent le bonheur de s’échapper.
Baudouin avoit ëpousé, l’an 1084, Ioe ou Alix ,
fdle de Henri II, Comte de Louvain. Cette Princesse
s’étant rendue à Rome, l’an 1099, pour apprendre
des nouvelles de son époux , le Pape 11e put lui en
rien dire de certain , et ia renvoya , après avoir fait de
son mieux pour la consoler, dans le Hainaut, où elle
mourut en 1139. Elle eut de son mariage Baudouin ,
qui suit; Arnoui , Seigneur de Pioeux en Flainaut par
sa femine, fille et héritiere de Gauthier de Roeux ;
( 1 ) C.es charges réciproques se trouvent aussi dans Bau douin d’Avênes.
Ide,