J
S6 CHRONOLOGIE HISTORIQUE
CHRONOLOGIE HISTORIQÜE
D E S
ARCHEYÊQUES ET ÉLECTEURS DE TREYES.
Article , ainsi que ceux des Archevêques de Mayence et de Cologne , rem et amplemeiu
corrigépar M. Ernst, Chanoine Régulier de ïAbbaye de Bolduc au Duclié de Limbourg ( 1 ).
La ville de Treves , Augusta Treçirorum , dont l’origine se perd dans la nuit des tems, antérieure à l’entrée
des Romains dans les Gaules, est la capitale d’un pays qui autrefois avoit pour limites le Rhin à l’Orient,
la Meuse au Couchant, le pays des Médiomatrices, ou des Messins, au Midi, et au Septentrion le pavs
des Pemans , Cereses, Segniens, Condrosiens, qui s’étendoit depuis la Meuse et le voisinage des Nerviens
jusqu’au Rhin. Les Trévirois , Germains d’origine , étoient le peuple le plus célebre de la Belgique. Cla-
rissimi Belgarum Treviri, urbesquein Treviris opulentissimce Augusta, etc. dit Pomponius Mela, L. III,
c. 2. L’an 58 avant J. C., voyant César vainqueur des Helvétiens, ils recherchent son amitié, moins par in-
clination que par crainte, et l’avertissent que les Sueves, placés sur la rive gauche du Iihin, se disposent à
passer ce fleuve pour envahir leur pays et ceux de leurs voisins : mais l’événement prouva bientôt le peu de
solidité de cette alliance. L’année suivante, presque toutes les Gaules ayant conspiré contre le Général ro-
main, il marche à l’ennemi, campé dans le Rémois, et, l’ayant battu sur les bords de l’Aîne, il le poursuit
jusques dans les pays des Nerviens. L’ennemi se releve presque aussitôt de ce revers, et, fortifîé par la jonc-
tion des Vermandois et des Atrébates, il livre une seconde bataille où César est obligé de prendre la fuite.
A cette nouvelle les Trévirois, qui venoient au secours des Pvomains ,rebroussent cliemin et retournent dans
leurs foyers. César, l’an 56 avant J. C., apprenant que les Belges excitent les Germains à venir se joindre
à eux,envoie son Lieutenant T. Labienus à Treves, avec un corps de cavalerie pour les contenir dans le de-
voir. II arrive lui-même deux ans après dans ce pays avec quatre légions et huit cens cavaliers , sur ce qu’il
avoit appris que non seulernent les Trévirois refusoient de se trouver aux Assemblées générales qu’il avoit
convoquées , mais qu’ils pratiquoient des intelligences avec les Germains situés au-delà du Rhin, pour les
engager à faire irruption dans les Gaules. Ce qui occasionnoit ces mouvemens, c’étoit la querelle d’Indutio-
mare et de Cingetorix son gendre, qui se disputoient la Principauté dansTreves, etdontle premier, ayant
prévalu sur le second, avoit fait mettre ses biens à l’encan. Indutiomare, après s’être esforcé de mettre le
Général romain dans ses intérêts par de feintes soumissions, voyant qu’il se défioit de lui, leve le masque,
et, à la tête d’un corps de troupes , il ne cesse cle harceler le camp de Labienus. Mais , au rnilieu de ces hos-
tilités , il fut tué, Pan 54 avant J. C. dans un gué de la Meuse. La perte de leur Chef ne rendit pas cependant
les Trévirois plus soumis ; ils continuerent la guerre qu’il avoit commencée, et ne mirent bas les armes qu’a-
près avoir été terrassés par un stratagême de Labienus, qui, peu de jours après , étant entré dans Treves, en
chassa les parens d’Indutiomare et rétablit Cingetorix dans sa Principauté sous la dépendaiice des Romains.
(DeHontheim, Prodrom. Hist. Trevir. p. 38.)
En se soumettant à Rorne , les Trévirois en adopterent la langue au lieu du Celte qu’ils avoient parlé jus-
qu’alors, suivant le témoignage de S. Jérôme. Auguste en établissant à Treves une colonie romaine, lui
donnale titre à'Augusta Trevirorum. Plusieurs Empereurs y firent un séjour plus ou mcins long, tels que
Constance Chlore, Maximien Herculius, Constantin le Grand . ses fils Constance et Constant, Magnence,
Décentius, Julien, les freres Valentinien et Valens, Gratien, Valentinien le Jeune, Maxime avec Victor son
fils, Théodose le Grand et Avitus ; sans parler des tyrans plus anciens, Posthume sous Gallien, Yictorin et
deux Tétriques sous Aurélien, etc. Dès le tems de ce dernier Empereur, et même auparavant, il y avoit un
Sénat illustre à Treves, un Ordre équestre , et des Pontifes sur le môdele des Romains. Les scienccs , les
arts et le commerce sseurirent également dans Treves. L’Empereur Valentinien , qui aimoit les sciences et
les protégeoit, accorda des salaires considérables aux Professeurs des écoles de Treves. II fit venir de Bor-
deaux en cette ville le célebre Ausone, qui ne l’illustra pas moins par son savoir que les deux Professeurs
d’éloquence, Harmonius et Ursulcas , dont ce même Ausone sait un grand éloge. Enfin Treves, dans le
iv e siécle , étoit regardée comme la Métropole des Gaules , tant à cause de la résidence qu’y faisoient ordi-
nairement les Empereurs, que parcequelle devint le Siége des Préfets du Prétoire des Gaules.
(i) C’est par distractiou qu’à la fin de i’article des Comtes d.eLoss
ci-dessus (p. i5o, col. 2), en faisant l’énumération des articlesque
nous ayions imprimés jusqu’alors d’après les nombreuses correc-
tions de M. Ernst, on a omis ceux des Rois et Ducs de la haute
Lorraine pour les premiers tems, des Comles de Louvain et de
Hollande. Nous ajouterons qu’outre les Comtes et Ducs de Gueldre,
nous avons rédigé presque entièrement sur ses Mémoires les articies
de Chini, de Juliers, deBerg, de Cieves et de ia Marcx. II rious
avoit de plus envoyé, dès 1781 , une ample Dissertation sur les
Comtes d’Ardennes, dont nous avons fait usage pour les Comtes de
Verdun. En un mot, ce Savant ne cesse depuis dix ans de nous
fournir des Mémoires sur les grands Feudataires des Pavs-Bas et sur
l’Allemagne. Nous prions le Lecteur de ne pas lui imputer quelques
noms allemands que nous avons estropiés et qui seront corrigés
dans l’errata.
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Article , ainsi que ceux des Archevêques de Mayence et de Cologne , rem et amplemeiu
corrigépar M. Ernst, Chanoine Régulier de ïAbbaye de Bolduc au Duclié de Limbourg ( 1 ).
La ville de Treves , Augusta Treçirorum , dont l’origine se perd dans la nuit des tems, antérieure à l’entrée
des Romains dans les Gaules, est la capitale d’un pays qui autrefois avoit pour limites le Rhin à l’Orient,
la Meuse au Couchant, le pays des Médiomatrices, ou des Messins, au Midi, et au Septentrion le pavs
des Pemans , Cereses, Segniens, Condrosiens, qui s’étendoit depuis la Meuse et le voisinage des Nerviens
jusqu’au Rhin. Les Trévirois , Germains d’origine , étoient le peuple le plus célebre de la Belgique. Cla-
rissimi Belgarum Treviri, urbesquein Treviris opulentissimce Augusta, etc. dit Pomponius Mela, L. III,
c. 2. L’an 58 avant J. C., voyant César vainqueur des Helvétiens, ils recherchent son amitié, moins par in-
clination que par crainte, et l’avertissent que les Sueves, placés sur la rive gauche du Iihin, se disposent à
passer ce fleuve pour envahir leur pays et ceux de leurs voisins : mais l’événement prouva bientôt le peu de
solidité de cette alliance. L’année suivante, presque toutes les Gaules ayant conspiré contre le Général ro-
main, il marche à l’ennemi, campé dans le Rémois, et, l’ayant battu sur les bords de l’Aîne, il le poursuit
jusques dans les pays des Nerviens. L’ennemi se releve presque aussitôt de ce revers, et, fortifîé par la jonc-
tion des Vermandois et des Atrébates, il livre une seconde bataille où César est obligé de prendre la fuite.
A cette nouvelle les Trévirois, qui venoient au secours des Pvomains ,rebroussent cliemin et retournent dans
leurs foyers. César, l’an 56 avant J. C., apprenant que les Belges excitent les Germains à venir se joindre
à eux,envoie son Lieutenant T. Labienus à Treves, avec un corps de cavalerie pour les contenir dans le de-
voir. II arrive lui-même deux ans après dans ce pays avec quatre légions et huit cens cavaliers , sur ce qu’il
avoit appris que non seulernent les Trévirois refusoient de se trouver aux Assemblées générales qu’il avoit
convoquées , mais qu’ils pratiquoient des intelligences avec les Germains situés au-delà du Rhin, pour les
engager à faire irruption dans les Gaules. Ce qui occasionnoit ces mouvemens, c’étoit la querelle d’Indutio-
mare et de Cingetorix son gendre, qui se disputoient la Principauté dansTreves, etdontle premier, ayant
prévalu sur le second, avoit fait mettre ses biens à l’encan. Indutiomare, après s’être esforcé de mettre le
Général romain dans ses intérêts par de feintes soumissions, voyant qu’il se défioit de lui, leve le masque,
et, à la tête d’un corps de troupes , il ne cesse cle harceler le camp de Labienus. Mais , au rnilieu de ces hos-
tilités , il fut tué, Pan 54 avant J. C. dans un gué de la Meuse. La perte de leur Chef ne rendit pas cependant
les Trévirois plus soumis ; ils continuerent la guerre qu’il avoit commencée, et ne mirent bas les armes qu’a-
près avoir été terrassés par un stratagême de Labienus, qui, peu de jours après , étant entré dans Treves, en
chassa les parens d’Indutiomare et rétablit Cingetorix dans sa Principauté sous la dépendaiice des Romains.
(DeHontheim, Prodrom. Hist. Trevir. p. 38.)
En se soumettant à Rorne , les Trévirois en adopterent la langue au lieu du Celte qu’ils avoient parlé jus-
qu’alors, suivant le témoignage de S. Jérôme. Auguste en établissant à Treves une colonie romaine, lui
donnale titre à'Augusta Trevirorum. Plusieurs Empereurs y firent un séjour plus ou mcins long, tels que
Constance Chlore, Maximien Herculius, Constantin le Grand . ses fils Constance et Constant, Magnence,
Décentius, Julien, les freres Valentinien et Valens, Gratien, Valentinien le Jeune, Maxime avec Victor son
fils, Théodose le Grand et Avitus ; sans parler des tyrans plus anciens, Posthume sous Gallien, Yictorin et
deux Tétriques sous Aurélien, etc. Dès le tems de ce dernier Empereur, et même auparavant, il y avoit un
Sénat illustre à Treves, un Ordre équestre , et des Pontifes sur le môdele des Romains. Les scienccs , les
arts et le commerce sseurirent également dans Treves. L’Empereur Valentinien , qui aimoit les sciences et
les protégeoit, accorda des salaires considérables aux Professeurs des écoles de Treves. II fit venir de Bor-
deaux en cette ville le célebre Ausone, qui ne l’illustra pas moins par son savoir que les deux Professeurs
d’éloquence, Harmonius et Ursulcas , dont ce même Ausone sait un grand éloge. Enfin Treves, dans le
iv e siécle , étoit regardée comme la Métropole des Gaules , tant à cause de la résidence qu’y faisoient ordi-
nairement les Empereurs, que parcequelle devint le Siége des Préfets du Prétoire des Gaules.
(i) C’est par distractiou qu’à la fin de i’article des Comtes d.eLoss
ci-dessus (p. i5o, col. 2), en faisant l’énumération des articlesque
nous ayions imprimés jusqu’alors d’après les nombreuses correc-
tions de M. Ernst, on a omis ceux des Rois et Ducs de la haute
Lorraine pour les premiers tems, des Comles de Louvain et de
Hollande. Nous ajouterons qu’outre les Comtes et Ducs de Gueldre,
nous avons rédigé presque entièrement sur ses Mémoires les articies
de Chini, de Juliers, deBerg, de Cieves et de ia Marcx. II rious
avoit de plus envoyé, dès 1781 , une ample Dissertation sur les
Comtes d’Ardennes, dont nous avons fait usage pour les Comtes de
Verdun. En un mot, ce Savant ne cesse depuis dix ans de nous
fournir des Mémoires sur les grands Feudataires des Pavs-Bas et sur
l’Allemagne. Nous prions le Lecteur de ne pas lui imputer quelques
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