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https://doi.org/10.11588/diglit.29076#0717
DES DUCS DE MODENE ET DE REGGIO.
de Commacchio et de son district comme d’un Fief
impérial usurpé sous le Pontificat de Clément VIII;
il étendit inême ses prétentions sur tout le Ferrarois.
Clément XI, sans s’effrayer , fait partir vingt mille
hoimnes , sous les ordres du Comte Marsigli , pour
aller s’opposer aux Impériaux , qui s’éloient déja
rendus maîtres de Coinrnacchio et d’autres places.
Mais, le i5 Janvier de l’année suivante, il fait avec
l’Enrpereur un Traité de paix, dont un des articles
porte que le disférend entre le Pape et le Duc de Mo-
dene seroit mis en arbitrage , que Commacchio res-
teroit entre les mains de l’Empereur jusqu’à ce qu’on
en fût autrement convenn , et qu’on nommeroit, de
part et d’autre , des Commissaires pour régler les
prétentions de S. M. Impériale sur ce Fief. » Le Duc
}) de Modene , dit M. l’Abbé de Mably , ne pouvant
» se déguiser, malgré ce qu’on sembloit avoir stipulé
« en sa faveurj que ses intérêts étoient sacrifiés à l’a-
« vidité de Joseph , et que ce Prince ne cherchoit
» qu’à cacher son usurpation sous le nom honnête
5) d’un séquestre, protesta contre le Traité^e 1709“.
Le Pape Benoit XIII obtintde PEmpereurCharles VI,
au coinmencement de 1725 , la restitution de Com-
macchio. L’Empereur, l’an 1710, pour punir Ie Duc
François-Marie Pic d’avoir pris le parti de la France
et de l’Espagne , confisque, sans avoir égard aux pré-
tentions bien fondées de la Maison Torelli, le Duché
de la Mirandole , le Marquisat de Concordia , et les
met, pour ainsi dire , à l’encan. Le Duc de Modene
en fait i’acquisition , au mois de Mai, pour 200 mille
pistoles. II perd, le 28 Septembre de la inême année ,
la Duchesse Charlotte-Félicii’É son épouse , morte
à Modene. L’an 1784 il est encore oblîgé de se re-
tirer à Bologne, après que les François et lesEspagnols
se furent empares de ses Etats dans la guerre qu’ils
faisoient à l’Einpereur. Les ennemis ayant évacué le
Duché de Modene au mois de Mai iy36 , le Duc y
rentre sur la hn du même mois. Le 12 Octobre de
l’année suivante il reçoit de l’Empereur Charles VI
l’investiture du Comté de Novellara , vacant par la
mort du dernier Comte, Philippe de Gonzague , dé-
cédé sans enfans. Le Duc Renaud étoit malade alors,
et mourut le 26 du même mois , laissant de son épouse
un fils , qui suit ; et trois Princesses , Bénédicte-
Erneste ( morte dans le célibat le 19 Sept. 1777);
Amelie-Josephine; et Flenriette-Marie , alîiée , i°, le
5 Février 1728 , à Antoine, Duc de Parme , dontelle
n’a point eu d’enfans ; 2 0, l’an 1740 , à Léopold ,
Prince de Flesse-Darmstadt, dont elie est demeurée
veuve en 1764, morte le 29 Janvier 1777.
FRANÇOIS III.
1787. François-Maiue III, Jflls du Duô Pienaud ,
et de Charlotte-Félicité, né le 2 Juillet 1698, marié ,
le 21 Juin 1720, à Charlotte-Aglaé, fille de Philippe,
Duc d’Orléans et Rëgent de France , succéda , le
26 Octobre , à son pere. II étoit alors en Hongrie oc-
cupé à coinbattre dans l’armée de l’Empereur contre
les Turcs. La campagne finie, il se rend , Ie 1 No-
vembre, à Vienne, où PEmpereurle nomme Général
de son artillerie. Le 4 Décembre suivant, il arrive
dans sa capitale , où il reçoit magnifiquement, l’an
1789, le Grand-Duc François de Lorraine et son
épouse Marie-Thérese, qui se rendoient dans leurs
Etats de Toscane. L’an 174 2) pressé d’un cote par
les Autrichiens et de l’autre par les Espagnols, dans
la guerre qui s’étoit renouvellee entre la Maison d Au-
triche et celle de Bourbon, le Duc de Modene prend
d’abord le parti de la neutralité ; rnais les Autrichiens
veulentqu’il se déclare pour eux. Surson refus,IeRoi
de Sardaigne, allié de la Reine de Hongrie, entre , à
la tête d’une armée, dans les Etats de Modene., Le
Duc quitte alors son palais de Sassuolo , où il étoit
avec sa Cour , et se retire, le 6 Juin , à Ferrare ,
7°3
d’où il passe ensuite à Venise. La ville de Modene se
rend aux alliés sans résistance ; mais la citadelie se
défend avec vigueur sous les ordres du Général Pa-
ludi, et ne capitule que le 28 du même mois. Ces .
hostilités des aîliés obligent le Duc à se déclarer pour *
la Maison de Bourbon. L’an 1743 le Roi d’FJspagne
le nomme Gënéralissime de ses troupes en Italie. Le
Duc s’étant rendu à Rimini , où étoit l’arrnée du
Gointe de Gages, prend possession , le 9 Mai, de sa
charge. Au rnois de Novembre suivant il décampe
de Rimini devant l’armée du Prince Lobxowitz , ct
se replie du côté du Iloyaume de Naples. Un déta-
chement des Autrichiens , le 11 Août de l’année sui-
vante , surprend le Roi de Sicile et le Duc de Mod,ene
à Vélétri. Mais ces Princes ayant rallié leurs troupes
qui avoient pris la fuite , tombent sur l’ennemi, qui
ne s’occupoit qu’à piller la ville, et mettent en fuite
les troupes qui échappereni à la premiere fureur du
soldat. L'e 29 Décembre de la même année , Marie-
Thérese-Félicité, lilie du Duc et de la Duchesse de
Modene, néeled Octobre 1726, épouse , à Versailles,
Louis-Jean-Marie de Bourbon , Duc de Penthievre.
LeDuc de Modene, ayant passé lePanaro, entre dans
la Garfagnana, province de ses Etats, occupée par
les alliés , et se rend maitre, le 24 Avril 1745,
de Castel-Nuovo, puis du Fort Mont-Alfonso. La
prise de ces deux places lui facilite la réunion de son
armée avec celle tîe l’Infant Don Philippe, qu’il re-
joint en esfet dans l’Etat de Gênes au mois de Mai
suivant. La nuit du 7 au 8 Août le Duc de Modene
fait ouvrir la tranchée devant Tortone, qu’il oblige à
capituler, le 3 Septembre, après une vigoureuse dé-
fense. Dans le imême inois, la nuit du 21 au 22, il
entre , par unaqueduc, avec un détachement, dans
Pavie, dont il se rend maitre. Le Marquis de Las-Mi-
nasétant venu, l’an 1746, en Italie avec la Patentede
Général, expédiée de la part de Ferdinand , nouveau
Roi d’Espagne, l’Infant Don Philippe et le Duc de
Modene, voyant qu’il ne reconnoissoit leur autorité
qu’en apparence , et agissoit despotiquement, suivant
les ordres secrets dont il étoit muni, prennent le parti
de se retirer en Provence. Le Duc de Modene est réta-
bli, l’an 1748 , dans ses Etats par la paix d’Aix-la-Cha-
pelle. L’année d’après il faitun voyage en Angleterre,
et arrive, le 19 Avril, à Londres. 11 en part le 1 Juin
suivant, et se rend à Cologne, d’où, ayant pris le
lendemain sa route par Francfort et Ie Tirol, il fait
son entrée à Venise le 3i Août ; enfin, après une
absence de sept ans, il rentre à Modene , le 28 Sep-
tembre iy52s et y estreçu avec l^s marques de joie
les plus éclatantes.
L’Impératrice-Reine ayant nommé, au mois de Dé-
cembre 1753, l’Archiduc I’ierre-Léopold, son second
fils, Gouverneur de tous lespays qu’elle possede en
Lombardie, envoie au Duc de Modene la Patente de
Vice-Gouverneur de ces pays. Ce Prince, en consé-
quence , arrive à Milan le 9 Janyier 1754, et lelen-
demain prend possession du Gouvernement au nom de
l’Archiduc. Etantpardde cettevillele4Février, ilyre-
vient le 22 Aout suivant pour reprendre l’administra-
tionduDuchédeMilan.CHARLOTTE-AGLAèD'ORLÉANS,
femme du Duc François-Marie, qui l’avoit épousée le
21 Juin 1720 , meurt le 19 Janyier 1761, âgée de 60
ans : son épouxlui survécut l’espace ae 19 ans , et fmit
sa carriere à Varese le 23 Février 1780, à l’âge de 82
ans, laissant de son mariage un fils, qui suit ; Ma-
thilde, existante aujourd’hui, née le 7 Février 1729;
et Marie-Fortunée, née le 24 Novembre 1731, mariée,
le 27 Février iy5ç, à Louis-François-Joseph deBour-
bon, Comte de la Marche, depuisPrince de Conti.
HERCULE-RENAUD.
1780. Hercule-Renaud , fds et héritier de Fran-
çois-Marie, né le 22 Novembre 1727 , lui a succédé
de Commacchio et de son district comme d’un Fief
impérial usurpé sous le Pontificat de Clément VIII;
il étendit inême ses prétentions sur tout le Ferrarois.
Clément XI, sans s’effrayer , fait partir vingt mille
hoimnes , sous les ordres du Comte Marsigli , pour
aller s’opposer aux Impériaux , qui s’éloient déja
rendus maîtres de Coinrnacchio et d’autres places.
Mais, le i5 Janvier de l’année suivante, il fait avec
l’Enrpereur un Traité de paix, dont un des articles
porte que le disférend entre le Pape et le Duc de Mo-
dene seroit mis en arbitrage , que Commacchio res-
teroit entre les mains de l’Empereur jusqu’à ce qu’on
en fût autrement convenn , et qu’on nommeroit, de
part et d’autre , des Commissaires pour régler les
prétentions de S. M. Impériale sur ce Fief. » Le Duc
}) de Modene , dit M. l’Abbé de Mably , ne pouvant
» se déguiser, malgré ce qu’on sembloit avoir stipulé
« en sa faveurj que ses intérêts étoient sacrifiés à l’a-
« vidité de Joseph , et que ce Prince ne cherchoit
» qu’à cacher son usurpation sous le nom honnête
5) d’un séquestre, protesta contre le Traité^e 1709“.
Le Pape Benoit XIII obtintde PEmpereurCharles VI,
au coinmencement de 1725 , la restitution de Com-
macchio. L’Empereur, l’an 1710, pour punir Ie Duc
François-Marie Pic d’avoir pris le parti de la France
et de l’Espagne , confisque, sans avoir égard aux pré-
tentions bien fondées de la Maison Torelli, le Duché
de la Mirandole , le Marquisat de Concordia , et les
met, pour ainsi dire , à l’encan. Le Duc de Modene
en fait i’acquisition , au mois de Mai, pour 200 mille
pistoles. II perd, le 28 Septembre de la inême année ,
la Duchesse Charlotte-Félicii’É son épouse , morte
à Modene. L’an 1784 il est encore oblîgé de se re-
tirer à Bologne, après que les François et lesEspagnols
se furent empares de ses Etats dans la guerre qu’ils
faisoient à l’Einpereur. Les ennemis ayant évacué le
Duché de Modene au mois de Mai iy36 , le Duc y
rentre sur la hn du même mois. Le 12 Octobre de
l’année suivante il reçoit de l’Empereur Charles VI
l’investiture du Comté de Novellara , vacant par la
mort du dernier Comte, Philippe de Gonzague , dé-
cédé sans enfans. Le Duc Renaud étoit malade alors,
et mourut le 26 du même mois , laissant de son épouse
un fils , qui suit ; et trois Princesses , Bénédicte-
Erneste ( morte dans le célibat le 19 Sept. 1777);
Amelie-Josephine; et Flenriette-Marie , alîiée , i°, le
5 Février 1728 , à Antoine, Duc de Parme , dontelle
n’a point eu d’enfans ; 2 0, l’an 1740 , à Léopold ,
Prince de Flesse-Darmstadt, dont elie est demeurée
veuve en 1764, morte le 29 Janvier 1777.
FRANÇOIS III.
1787. François-Maiue III, Jflls du Duô Pienaud ,
et de Charlotte-Félicité, né le 2 Juillet 1698, marié ,
le 21 Juin 1720, à Charlotte-Aglaé, fille de Philippe,
Duc d’Orléans et Rëgent de France , succéda , le
26 Octobre , à son pere. II étoit alors en Hongrie oc-
cupé à coinbattre dans l’armée de l’Empereur contre
les Turcs. La campagne finie, il se rend , Ie 1 No-
vembre, à Vienne, où PEmpereurle nomme Général
de son artillerie. Le 4 Décembre suivant, il arrive
dans sa capitale , où il reçoit magnifiquement, l’an
1789, le Grand-Duc François de Lorraine et son
épouse Marie-Thérese, qui se rendoient dans leurs
Etats de Toscane. L’an 174 2) pressé d’un cote par
les Autrichiens et de l’autre par les Espagnols, dans
la guerre qui s’étoit renouvellee entre la Maison d Au-
triche et celle de Bourbon, le Duc de Modene prend
d’abord le parti de la neutralité ; rnais les Autrichiens
veulentqu’il se déclare pour eux. Surson refus,IeRoi
de Sardaigne, allié de la Reine de Hongrie, entre , à
la tête d’une armée, dans les Etats de Modene., Le
Duc quitte alors son palais de Sassuolo , où il étoit
avec sa Cour , et se retire, le 6 Juin , à Ferrare ,
7°3
d’où il passe ensuite à Venise. La ville de Modene se
rend aux alliés sans résistance ; mais la citadelie se
défend avec vigueur sous les ordres du Général Pa-
ludi, et ne capitule que le 28 du même mois. Ces .
hostilités des aîliés obligent le Duc à se déclarer pour *
la Maison de Bourbon. L’an 1743 le Roi d’FJspagne
le nomme Gënéralissime de ses troupes en Italie. Le
Duc s’étant rendu à Rimini , où étoit l’arrnée du
Gointe de Gages, prend possession , le 9 Mai, de sa
charge. Au rnois de Novembre suivant il décampe
de Rimini devant l’armée du Prince Lobxowitz , ct
se replie du côté du Iloyaume de Naples. Un déta-
chement des Autrichiens , le 11 Août de l’année sui-
vante , surprend le Roi de Sicile et le Duc de Mod,ene
à Vélétri. Mais ces Princes ayant rallié leurs troupes
qui avoient pris la fuite , tombent sur l’ennemi, qui
ne s’occupoit qu’à piller la ville, et mettent en fuite
les troupes qui échappereni à la premiere fureur du
soldat. L'e 29 Décembre de la même année , Marie-
Thérese-Félicité, lilie du Duc et de la Duchesse de
Modene, néeled Octobre 1726, épouse , à Versailles,
Louis-Jean-Marie de Bourbon , Duc de Penthievre.
LeDuc de Modene, ayant passé lePanaro, entre dans
la Garfagnana, province de ses Etats, occupée par
les alliés , et se rend maitre, le 24 Avril 1745,
de Castel-Nuovo, puis du Fort Mont-Alfonso. La
prise de ces deux places lui facilite la réunion de son
armée avec celle tîe l’Infant Don Philippe, qu’il re-
joint en esfet dans l’Etat de Gênes au mois de Mai
suivant. La nuit du 7 au 8 Août le Duc de Modene
fait ouvrir la tranchée devant Tortone, qu’il oblige à
capituler, le 3 Septembre, après une vigoureuse dé-
fense. Dans le imême inois, la nuit du 21 au 22, il
entre , par unaqueduc, avec un détachement, dans
Pavie, dont il se rend maitre. Le Marquis de Las-Mi-
nasétant venu, l’an 1746, en Italie avec la Patentede
Général, expédiée de la part de Ferdinand , nouveau
Roi d’Espagne, l’Infant Don Philippe et le Duc de
Modene, voyant qu’il ne reconnoissoit leur autorité
qu’en apparence , et agissoit despotiquement, suivant
les ordres secrets dont il étoit muni, prennent le parti
de se retirer en Provence. Le Duc de Modene est réta-
bli, l’an 1748 , dans ses Etats par la paix d’Aix-la-Cha-
pelle. L’année d’après il faitun voyage en Angleterre,
et arrive, le 19 Avril, à Londres. 11 en part le 1 Juin
suivant, et se rend à Cologne, d’où, ayant pris le
lendemain sa route par Francfort et Ie Tirol, il fait
son entrée à Venise le 3i Août ; enfin, après une
absence de sept ans, il rentre à Modene , le 28 Sep-
tembre iy52s et y estreçu avec l^s marques de joie
les plus éclatantes.
L’Impératrice-Reine ayant nommé, au mois de Dé-
cembre 1753, l’Archiduc I’ierre-Léopold, son second
fils, Gouverneur de tous lespays qu’elle possede en
Lombardie, envoie au Duc de Modene la Patente de
Vice-Gouverneur de ces pays. Ce Prince, en consé-
quence , arrive à Milan le 9 Janyier 1754, et lelen-
demain prend possession du Gouvernement au nom de
l’Archiduc. Etantpardde cettevillele4Février, ilyre-
vient le 22 Aout suivant pour reprendre l’administra-
tionduDuchédeMilan.CHARLOTTE-AGLAèD'ORLÉANS,
femme du Duc François-Marie, qui l’avoit épousée le
21 Juin 1720 , meurt le 19 Janyier 1761, âgée de 60
ans : son épouxlui survécut l’espace ae 19 ans , et fmit
sa carriere à Varese le 23 Février 1780, à l’âge de 82
ans, laissant de son mariage un fils, qui suit ; Ma-
thilde, existante aujourd’hui, née le 7 Février 1729;
et Marie-Fortunée, née le 24 Novembre 1731, mariée,
le 27 Février iy5ç, à Louis-François-Joseph deBour-
bon, Comte de la Marche, depuisPrince de Conti.
HERCULE-RENAUD.
1780. Hercule-Renaud , fds et héritier de Fran-
çois-Marie, né le 22 Novembre 1727 , lui a succédé