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Gazette archéologique: revue des Musées Nationaux — 9.1884

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Berger, Philippe: Stèles trouvées à Hadruméte, [1]
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https://doi.org/10.11588/diglit.25357#0064

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— 56 —

artistique très délicat, et de même que le disque s'est détaché du croissantpour
devenir la tète de la déesse, de même le cône sacré s’est transformé en
une colonne élancée, qui rappelle la colonne lumineuse que produit le
rayonnement des astres dans la mer, dans ces régions où l’atmosphère est
transparente et l’imagination naïve 1.

Quoi qu’il en soit, la persistance de ce type divin, non seulement à Hadru-
mète, mais à Carthage, prouve que nous ne sommes pas en présence d’un
simpie caprice artistique ; les trois monuments que nous avons étudiés forment
une série, qui nous permet de fîxer avec une précision sufïisante les traits
de la déesse qu’ils représentent. Quelle était cette déesse? La façon dont est
traitée sa chevelure, le globe qui surmonte sa tête, rappellent la déesse Hathor.
Mais il ne faut pas se presser d’établir, sur cette ressemhlance, une identifica-
tion entre notre déesse et ia déesse égyptienne. Au contraire, le geste de la
déesse d’Hadrumète, ie croissant et le disque qu’elle porte sur son sein, son
aspect tout entier, ont un caractère proprement phénicien, qui nous obiige à
y voir une divinité nationaie et locale. Déjà l’examen de iafigure ailée m’avait
conduit 2 à y reconnaître l’image du génie tutélaire de Carthage,ladéesseTanit;
la ressemhlance des deux autres figures avec la déesse égyptienne Hathor ne
contredit en rien cette hypothèse. Tanit pouvait être, tout comme la déesse de
Byblos, représentée sous les traits d’une divinité égyptienne, et Hathor se prô-
tait d’autant mieux à cette identifîcation , qu’elle était elle-même une divinité
lunaire. On est confirmé dans cette manière de voir par ie fait que la stèle àla
colonne de Carthage portait une dédicace à Tanit'. Je crois donc qu’il faut
considérer ces images comme représentant le type traditionnel de la grande
Vierge céleste, de la déesse lunaire à laquelle le disque et le croissant sont
constamment associés sur les monuments de Carthage.

( La suite proc/iainemenl.)

Philippe BERGER.

2. La Trinité carthaginoise, Gazelle archéolo-
gique, 1880, p. 18 et s. ; tirage à part, p. 19.

1. Ce phénomène a étéadmirablementdécritparM.

E. Guillaume, Revuepolilique, 3 e série, t. IV, p. 749.
 
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