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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Tardieu, Charles: M. John W. Wilson, 4: les grandes collections étrangères II
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0048

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M. JOHN W. WILSON.

1)3

paraît, à côté de son maître, singulièrement gris et flasque. Ses Plaisirs
champêtres sont, dit-on, une toile fort prisée. Affaire de mode. Rien ne
tient dans ce tableau, ni le paysage, qui n’a pas même un aspect de décor
acceptable, ni les personnages, absolument exsangues. Il suffirait d’une
chiquenaude pour les renverser et réduire en poussière la fontaine monu-
mentale près de laquelle sont assis le jeune premier et la jeune première.
Cela est peint d’une brosse anémique, impuissante à relever par quelque
verve d’exécution ou par .le piquant des détails la pauvreté du sujet. La
scène n’est pas champêtre et elle ne fait aucun plaisir. Va pour les Plai-
sirs du Camp, dont les dimensions sont moins ambitieuses, et dont la
couleur maigre et le dessin débraillé sont rachetés par du mouvement et
de l’esprit: amusante vignette qui pourrait aider à illustrer une histoire
militaire du règne de Louis XV et servir de préface à la guerre de Sept-
Ans. Ce camp est un tripot en plein air où l’on mène joyeuse vie, où l’on
boit, joue et chante et fait l’amour. Les figures, très-nombreuses, sont
lestement croquées et groupées avec beaucoup de brio.

Toutes les traductions ne sont point des trahisons, ou du moins il en
est qui ne trahissent que par politesse, qui ne mentent qu’à bon escient, et
qui ont le mérite de prêter au modèle quelque chose en échange de ce
qu’elles lui enlèvent. Ainsi de la gravure de M. Nicolas Martinez d’après
la Maréchale de Luxembourg, de Nicolas Lancret, une trahison flatteuse,
une galanterie faite au peintre des fêtes galantes, et peut-être inspirée par
le patron commun aux deux artistes. Il y a dans la gravure un charme
et un éclat qu’on cherche vainement dans le tableau et que sert l’absence
des tons crus et criards de la peinture. C’est là, au surplus, un Lancret
quasi officiel, une manière de portrait qui emprunte à la dignité de la
maréchale une roideur que le peintre épargne d’ordinaire à ses favorites.
Dans sa robe rayée de blanc et de rose, la maréchale se tient droite
comme un piquet; elle pêche à la ligne avec solennité, en rêvant appa-
remment à l’illustre famille des Montmorency. La figure la plus originale
du tableau est ce berger qui, assis auprès d’elle, se prépare à jouer de la
cornemuse, sans doute pour attirer les poissons mélomanes qu’une petite
fille, à droite, se dispose à recevoir dans un panier d’osier. Cette toile
offre un intérêt historique qui en fait le principal attrait.

Dans la Naumachie de Monceau, petit panneau d’un peintre peu
connu du siècle dernier, Nicolas Lavreince, on constate une certaine
grâce d’arrangement, un certain esprit, plus d’esprit que de peinture, ce
qu’il fallait pour illustrer agréablement les contes en vers et les romans
du temps, mais pas davantage.

Sébastien Le Clerc, desGobelins, nous ramène à Watteau, dont voici,
 
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