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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 1
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Jacquemart, Albert: L' Extrême Orient au Palais de l'Industrie
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0064

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GAZE TT E DES BEAUX-ARTS.

son fier regard sur les plaines inférieures pour y chercher une proie
digne de lui? Ce bœuf couché n’est-il pas étudié avec le même soin, la
même largeur de compréhension que les Apis les plus admirés des
Égyptiens? Quel mouvement et quelle verve dans ces deux chiens de Fo
qui roulent entrelacés dans une lutte surnaturelle! Mais ce n’est rien
encore, et la figure humaine va s’offrir à nous sous un aspect aussi
imposant que celui des bronzes. C’est d’abord un personnage du daïri-ou
de la Cour, assis et tenant un rouleau ; puis un guerrier accroupi couvert
de sa cuirasse, et semblant se reposer après une victoire; ailleurs, une
figurine debout sur un rocher nous montre sans doute l’une des puis-
sances multiples de l’enfer japonais : des yeux farouches, une barbe
élargie et comme hérissée, se joignent à l’énergie de la pose pour indi-
quer l’implacable sévérité d’un juge surnaturel. Parmi les autres dieux
ou kamis l’imagination s’égare quelque peu, à cause de la multiplicité
des emblèmes et. de la singularité des actes. Est-ce bien Cheou-lao qu’il
faut reconnaître dans ce personnage accroupi près du cerf blanc et qui
semble se complaire à tirer d’une flûte des sons harmonieux? N’importe,
l’expression de la physionomie est telle, la satisfaction se lit si bien sur
tous les traits, que l’on se sent prêt à applaudir la mélodie imaginaire
produite par le souille de cet immortel.

On pourrait multiplier ces exemples, car vingt groupes ou figures de
même importance se suivent en se disputant l’attention; mais nous
voulons nous arrêter plus particulièrement sur deux spécimens des plus
curieux. L’un est une figure assez grande coiffée d’un bonnet et tenant le
long du corps une de ces armes puissantes, sorte de fauchard cà lame
forte, se séparant vers le haut en deux courbes tranchantes. Par une
exception singulière, l’artiste a voulu animer cette figure par une sorte
de polychromie; le visage est recouvert d’une engobe blanchâtre; les
yeux ont des prunelles noires qui, trop convergentes, donnent au regard
une expression louche et menaçante; l’arme est du même ton blanchâtre
que la face et les mains; mais les vêtements, parcimonieusement enduits
d’une sorte de céladon bleuâtre qui s’est contracté au feu en cédant la
place au vernis silico—ai câlin, se trouvent rehaussés de reflets singuliers
qui les font chatoyer comme un métal poli.

Cet essai de l’emploi du céladon sur une poterie dure semblerait faire
remonter la pièce à une époque fort reculée, car, nous le verrons bientôt,
les couvertes céladon sont une des pratiques habituelles des céramistes
de Nippon.

L’autre figurine représente Jébisu assis et tenant le poisson, symbole
de la puissance maritime. Une chose assez remarquable c’est qu’ici,
 
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