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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Aquarone, J.: Prétendues découvertes de l'enfant sculpté par Raphae͏̈l
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0089

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82

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

sauf certaines faiblesses qu’il impute à Lorenzetto. D’après M. de Guédéonow : « le
style éminemment raphaélesque de la composition, la beauté presque antique des
lignes, la morbidesse des chairs, la finesse du modelé dans les détails, font tle cette
œuvre le digne pendant du Jonas sculpté par Raphaël pour la chapelle d’Agostino Cbigi
à Santa Maria de! Popolo. «

Pour nous, qui connaissons seulement les deux photographies jointes à sa disser-
tation, nous avons, en les voyant, éprouvé une répugnance absolue à y reconnaître la
main de Raphaël, ou de Lorenzetto, ou d’un artiste quelconque du xvic siècle. Natu-
rellement nous avons consulté autour de nous, nous avons demandé l’avis de plusieurs
artistes, notamment de trois sculpteurs bien connus. Ils ont été unanimes : « Ce n’est
pas tout à fait sans mérite; mais cela porte l’empreinte du xvme siècle italien. Raphaël
n’a pu ni faire, ni inspirer à un de ses contemporains celte sculpture un peu ronde, un
peu molle, bien éloignée du grand style, de la fermeté, de la liberté du xvic. »

Au moment où j’achevais les pages que Ton vient de lire, j’appris de M. Duplessis,
l’homme du monde le mieux renseigné en ces matières, qu’un nouveau prétendant
venait d’entrer en lice et trouvait des parrains pour soutenir son identité avec l’enfant
de Raphaël. Je ne fus nullement étonné, la même chose doit être arrivée plus d’une
fois, sans qu’il en soit resté de traces, avant ce grand développement du journalisme
moderne qui livre toutes choses à la publicité. Cette fois, c’était à Florence que se
trouvait l’heureux possesseur du chef-d’œuvre, M. Molini. R le tenait d’un marchand
qui ne se serait douté de rien à cause d’une couche de plâtre dont le marbre était
couvert. Une brochure1 avait paru, accompagnée de photographies. Malheureusement
cette rochure a été tirée à très-peu d’exemplaires; elle n’a pas été mise en vente, et
c’est à grand’peine que nous avons pu nous la procurer pour quelques heures.

L’auteur, M. Rembadi, s’est principalement appliqué à combattre les avocats du
groupe de Saint-Pétersbourg. 11 insiste un peu trop peut-être sur ce que Castiglione a
parlé d’un enfant et non d’un groupe; mais, comme nous sommes d’accord sur le fond,
je ne puis qu’approuver cette partie de son travail. Quant à la paternité de Raphaël,
il s’est borné à affirmer sa conviction personnelle, et je crois, en effet, que c’est ce
qu’il pouvait faire de mieux. On peut seulement regretter que les deux silhouettes pho-
tographiées n’aient pas été mises à la disposition du public, de façon que chacun puisse
voir si sa propre façon de sentir coïncide ou non avec celle de l’auteur.

Quelques mois plus tard, M. Achille Gennarelli, professeur d’archéologie à Florence,
a essayé, dans une brochure d’un ton oratoire, de tirer un peu la discussion de cet
terrain monotone où l’on finit par se quitter en s’adressant l’antique maxime De gusli-
bus non est dispulandum2.

Selon lui, Balthasar Castiglione, peu en fonds au moment où il écrivait sa lettre,
n’a pas dû acheter la statue. Elle est donc restée entre les mains de Jules Romain, qui
fut une des victimes du sac de Rome en \ 527. Le pillage fut pratiqué sur une vaste
échelle par les soldats du connétable de Bourbon, gens brutaux, comme on sait, peu
habitués à manier les objets d’art. Or la statue est cassée à la hauteur de la cheville,
précisément à l’endroit où se trouvait un de ces défauts que les sculpteurs appellent,
je crois, un fil, comme si une main ignorante l’avait saisie par les jambes. Si elle était
tombée, elle se fût brisée autrement. Pourquoi l’auteur de l’accident ne serait-il pas

]. Un pulto in marmo di Raffciello Sanzio di Urbino. Firenze, tipografia di Giuseppe Mariani, br. de
16 pages in-4°.

2. Soprci una scollura di Raffacllo Sanzio, poche osservazioni dell’ avvocato Achille Gennarelli,
Firenze, 1873.
 
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