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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Aquarone, J.: Prétendues découvertes de l'enfant sculpté par Raphae͏̈l
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0090

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SCULPTURE ATTRIBUÉE A RAPHAËL.

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un reitre de 1327? Le mauvais choix du marbre prouverait que l’auteur n’était pas
sculpteur, mais peintre; même conclusion à tirer d’une certaine maladresse dans le
maniement de l’outil.

Cette dernière idée était déjà venue à Passavant et à M. de Guédéonow, à propos
du groupe de Pétersbourg. Le professeur florentin a encore emprunté au critique russe
l’idée de faire valoir, au profit de la figure qu’il patronne, l’absence d’une œuvre
authentique qui ait des droits certains à être considérée comme l’enfant de Raphaël. Il
eût mieux fait de laisser où il l’avait trouvé cet argument, dont le seul mérite est de
pouvoir être employé par tout le monde sans servir à personne.

Tout cela avance fort peu la question, et nous sommes réduit à répéter ce que nous
avons dit déjà : nous aimerions mieux que M. Gennarelli s’en fût tenu à exprimer
l’admiration profonde que paraît lui avoir causée la statuette de M. Molini, et à vanter
« cette physionomie parlante, cette morbidesse des chairs, cette étude parfaite du corps
« humain. » Il a bien raison de dire, puisqu’il le pense, que Raphaël « a mis dans
« cette figure la vie qu’il savait communiquer à ses œuvres, et y a imprimé ce type
« spécial qui ne peut se confondre avec nul autre ». Mais il doit le reconnaître en
même temps, en dehors de l’autorité qui peut s’attacher à son opinion personnelle, il a
peu contribué à établir la thèse qu’il soutient. Pourquoi s’exclamer alors : « Je sais
bien qui va crier à l’encontre de ce jugement : ceux qui ont vu, pendant deux ou trois
ans, cette œuvre d’art sans deviner, sous la couche qui la recouvrait, les sublimes
beautés dont elle est parée; les marchands, qui trouvent détestables les objets-qu’ils
ne possèdent pas; les envieux, les détracteurs de profession crieront au blasphème, ne
sachant trouver beau que ce qu’ils ont envie de vendre. » Eh! pourquoi ne pas ajouter
à cette liste fâcheuse, qui, elle, rappelle trop le xvic siècle, les simples curieux qui
voudraient bien, mais ne peuvent pas trouver ici l’occasion d’admirer une merveille
de plus de cet art italien si riche en merveilles?

A vrai dire, les photographies de Florence ne m’ont pas plus satisfait que celles de
Pétersbourg. Elles représentent un enfant nu, tout jeune encore, et la tête dépourvue
de cheveux; la main droite est posée sur la poitrine, le bras gauche est étendu le long
du corps. L’ensemble est d’un aspect désagréable; la jambe droite paraît courte, le
bras gauche semble maladroit. Je ne puis avoir un instant l’idée d’associer à ce bam-
bin le nom de Raphaël; je ne crierai pourtant pas au blasphème, pensant qu’il convient
toujours de respecter la conviction d’autrui; seulement je dirai à l’amateur qui croit
avoir fait une si magnifique trouvaille, aux défenseurs enthousiastes de l’illustre ori-
gine de son trésor, qu’ils seraient simplement logiques en conviant le public à venir
le voir, en mettant à la disposition de tous les reproductions photographiques qui
permettent de s’en faire une idée. Le grand jour et la pleine lumière ne peuvent
que convenir à une œuvre comme celle dont ils prétendent avoir fait la découverte.

Les pages qui précèdent étaient déjà écrites et livrées à l’imprimeur, lorsque nous
fut remis un poëme sério-burlesque, en vers italiens, signé d’un nom de fantaisie,
intitulé : « L’Enfant en marbre de Raphaël Sanzio d’Urbino et les dix membres de
« l’Académie des arts du dessin de Florence. » Ce petit ouvrage raconte, dans le style
badin cher aux compatriotes de Berni, « que l’Académie n’a pas voulu même poser la
« question de savoir si l’enfant peut être attribué au peintre d’Urbin, de peur de man-
« quer à sa gloire. » Vient ensuite une grande protestation contre ce jugement, au
nom de l’opinion publique, qui, s’il en est ainsi, est tout à fait contraire à la nôtre.

J. AQUARONE.
 
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