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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Ménard, René: Pan et les satyres
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0094

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PAN ET LES SATYRES.

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il forma cetle sorte d’instrument qui porte le nom de Syrinx et qui est la flûte aux
sept tuyaux devenue l’attribut ordinaire de Pan.

Dans une composition pleine de vie et de mouvement, Rubens a représenté le dieu
Pan poursuivant Syrinx. Antoine Coypel à son tour nous montre le dieu tenant en
main l’instrument qu’il vient de fabriquer, tandis que le malin Cupidon lui annonce
que les sons amoureux qu’il en tirera sauront bien, malgré sa laideur, amener près de
lui les beautés qui le dédaignent. Bientôt, en effet, ses accords mélodieux font accourir
de toutes parts les nymphes qui viennent danser en rond autour du dieu cornu. La
nymphe Pitvs surtout semblait si attendrie, que Pan renaît à l’espérance et croît que
son talent lui fait pardonner son visage. Toujours jouant de sa flûte aux sept tuyaux,
il s’en va cherchant les lieux solitaires et avise enfin un rocher escarpé au haut duquel
il s’assied; Pitys l’avait suivi. Pour le mieux entendre, elle se rapprochait toujours
davantage, si bien que Pan, se voyant tout près d’elle, crut le moment opportun pour
lui adresser la parole. Il ne savait pas, le malheureux, que Pitys était aimée de Borée,
le terrible vent du nord, qui soufflait en ce moment avec une grande violence.
Voyant son amante près d’un dieu étranger, Borée fut pris d’un accès de jalousie
furieuse, et, ne se contenant plus, il souffla avec une telle impétuosité que la nymphe
tomba dans le précipice, et brisa contre les rochers son beau corps, que les dieux
aussitôt métamorphosèrent en pin. C’est depuis ce jour que cet arbre, qui porte le
même nom que la nymphe, a été consacré à Pan, et c’est pour cela que dans les repré-
sentations figurées la tête de Pan est souvent couronnée de branches de pin.

La destinée de Pan était d’aimer toujours sans pouvoir s’unir à celle qu’il aimait.
Comme il continuait à faire de la musique dans la montagne, il entendit au fond du
vallon une voix tendre qui semblait répéter ses accords. C’était la voix de la nymphe
Écho, fille de l’Air et de la Terre. Il descendit à la recherche de celle qui lui avait
répondu, sans pouvoir l’atteindre, bien qu’elle lui répondît toujours; la cruelle nym-
phe semblait même se jouer de lui. Mais, franchement, on ne peut lui en vouloir de
sa dureté: quand on aime le beau Narcisse, comment pourrait-on regarder en face le
vieux Pan? Car Pan est toujours vieux, bien qu’il ait eu pour père Mercure, qui est
éternellement jeune et passablement vain de sa personne.

Un jour le père et le fils se rencontrèrent :

Pan. Bonjour, Mercure, mon père !

Mercure. Bonjour aussi, mais comment suis-je ton père?

Pan. N’es-tu pas Mercure, le dieu de Cyliène?

Mercure. Oui, mais comment es-tu mon fils?... Ah! par Jupiter ! je me souviens de
l’aventure ! Il faudra donc que moi, qui suis si fier de ma beauté et qui n’ai pas de barbe,
je sois appelé ton père! Tout le monde va rire de moi, d’avoir pour fils un si joli garçon.

Pan. Mais je ne vous déshonore pas, mon père ; je suis musicien, et je joue fort
agréablement de la flûte. Bacchus ne peut faire un pas sans moi; il m’a choisi pour
ami et compagnon de ses danses, et j’en conduis les chœurs.

Mercure. Eh bien, Pan (car je crois que c’est là ton nom), sais-tu de quelle
manière tu peux m’être agréable? Et veux-tu m’accorder ce que je te demanderai?

. Pan. Ordonnez, mon père, et nous verrons.

Mercure. Viens et embrasse-moi ; mais aie bien soin de ne m’appeler ton père
devant personne E

1. Lucien, Dialogues des dieux.
 
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