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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 4
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Colas, M.: Les aquarellistes anglais: Cattermole
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0370

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GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

et c’est parmi ses ouvrages un de ceux dont l’impression est le plus sai-
sissante. Néanmoins, ce que Cattermole préfère peut-être encore aux pay-
sages, ce sont les intérieurs de manoirs ou de châteaux, dans lesquels
l’antique architecture anglaise joue un rôle prépondérant. U Arrestation
de lord Strafford est sous ce rapport une de ses compositions les plus
célèbres.

L’exposition de 1855 a été pour le public français une véritable révé-
lation, parce que l’école anglaise contemporaine était à cette époque abso-
lument inconnue chez nous. Cattermole avait envoyé une brillante série
d’aquarelles.

Les Pèlerins à la porte du monastère, la Lecture de la Bible au temps
de la Réforme, le Traître trahi, le Prêche, montraient son talent sous une
forme aussi séduisante que variée. Mais Sir Biorn aux yeux étincelants
fut, croyons-nous, le plus remarqué parmi ses ouvrages. Le genre anec-
dotique est complètement démodé en France, mais en Angleterre il se
fait peu de tableaux qui ne répondent par le sujet à up récit célèbre ou à
une antique légende. Sir Biorn est un mécontent, qui croit à la dégéné-
rescence de l’espèce humaine, et s’indigne de rabaissement des caractères.
Bien se battre et festoyer ensuite, voilà la vie d’un vrai gentilhomme, et
toute autre occupation est un outrage fait aux ancêtres. Mais sir Biorn est
venu au monde trop tard et le monde a changé. Il s’est trompé de siècle,
et, ne trouvant plus de convives dignes de lui, il veut vivre dans le passé.

Voilà pourquoi, seul dans la grande salle de son manoir, et ne pou-
vant ressusciter ses aïeux, il a fait asseoir autour de sa table, les antiques
armures de ceux qui ne sont plus. Mais ces armures, il leur a donné le
mouvement qu’elles avaient quand un corps les habitait. Voici un gan-
telet de fer qui verse dans son casque une terrible rasade,- et une men-
tonnière de fer qui s’ouvre démesurément pour avaler un morceau for-
midable. Plus loin voici une armure de fer qui, debout et chancelante,
porte encore un toast aux antiques prouesses, et une autre qui déjà ivre-
morte a roulé sous la tab]e. Seul vivant au milieu des fantômes qu’il
évoque, Sir Biorn aux yeux étincelants prétend pouvoir leur tenir tête, et
trouverait indigne de lui d’avoir d’autres compagnons. Trinquer avec de
vieilles ferrailles rouillées, c’est une occupation qui, pour un vrai gentil-
homme, n’a rien de déshonorant; en tout cas, Cattermole a trouvé dans
ce thème bizarre un prétexte pour peindre une aquarelle d’une saisissante
originalité.

Qu’il représente Ilamilton de Botivel Ilaugh, s’apprêtant cl tirer sur le
régent Murray, ou Macbeth reprochant aux meurtriers de Banquo d’avoir
laissé échapper Flcance, l’artiste anglais montre partout sa personnalité,
 
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