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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 5
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Rayet, Olivier: Métope trouvée à Ilion par M. Heinrich Schliemann
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0501

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MÉTOPE TROUVÉE A ÏLION.

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y faire des découvertes du plus haut intérêt. Au point de vue de l’histoire, ils ont plei-
nement démontré que la lutte qui forme le thème des épopées homériques n’est pas un
conflit mythologique entre les nuages, mais une guerre bien réelle entre des hommes de
chair et d’os. Ils ont mis fin aux discussions des géographes sur l’emplacement de
Troie, prouvé qu’il fallait en revenir à l’opinion de tous les écrivains de l’antiquité,
sauf Démétrios de Skepsis et Strabon, opinion reprise d’ailleurs plusieurs fois parmi
les modernes, et, sans aller bien loin, soutenue avec une grande force dans le diction-
naire classique de Smith. Nul doute maintenant que les restes de l’Uion d’Homère
n’existent, et n’existent précisément sous les ruines de l’Ilion d’Alexandre, à His-
sarlik.

Quant aux objets très-nombreux, sinon très-variés, qui ont été trouvés dans ces
fouilles, M. Schliemann en a donné, dans l’allas qui fait suite au journal, aussi confus
que sincère, de ses travaux, les reproductions photographiques, malheureusement trop
souvent faites d’après des dessins. Les lecteurs de la Gazette me permettront de n’en
dire aujourd’hui que quelques mots. Presque tous ces objets, qu’ils soient de pierre, de
métal ou de terre cuite, appartiennent évidemment à une époque très-ancienne et de
civilisation encore assez barbare, époque dont les limites chronologiques sont, cela va
sans dire, impossibles à établir, mais que rien n’empêche de reculer jusqu’à la date assi-
gnée d’ordinaire à la guerre de Troie, sinon plus loin encore. Les plus importants à tous
égards de ces objets, les coupes, vases, diadèmes, colliers et pendants d’oreilles, aux-
quels M. Schliemann a donné, avec une confiance qui ne peut surprendre chez un
explorateur, le nom de Trésor de Priant, n’ont point d’analogues dans l’antiquité clas-
sique; et, en l’absence de tout point de comparaison, il serait fort téméraire de pré-
tendre en déterminer la date; mais il est impossible de ne pas être frappé de leur aspect
archaïque et éminemment barbare. Ils rappellent bien moins les œuvres de l’art grec
que certains ornements figurés sur les bas-reliefs de Ninive et de la Phrygie. Ils rap-
pellent encore davantage les parures trouvées à Dirschau près de Dantzik, et à Ballstadt
en Autriche. Le système d’ornementation est le même; l’exécution seulement en est
plus habile. Rien, par suite, qui nous empêche d’y voir des restes de la civilisation
troyenne, sans que, bien entendu, aucun indice permette de les attribuer à Priam
plutôt qu’à quelque chef inconnu. Quant aux centaines de vases où MM. Burnouf et
Schliemann ont cru voir des têtes de chouettes, et dont ils ont fait, je demande pardon
pour la bizarrerie de l’expression, des ustensiles-idoles, des Palladiums de ménage,
ce sont des pots fort grossiers, gauchement modelés dans une terre mal pétrie, et qui
se rattachent tout simplement à la nombreuse série de vases à organes féminins1,
que l’on a rencontrés un peu partout, dans les deux nécropoles que je citais tout à
l’heure, en Champagne, enfin, pour ne pas trop nous éloigner de Troie, à Chypre et dans
les îles méridionales de l’Archipel. Si dans ces vases l’habitude de ne figurer la tète
que d’une façon fort abrégée, de n’indiquer l’œil que par la courbe très-exagérée de
l’arcade sourcilière, de modeler le nez en forme de bec crochu en pinçant entre les
doigts l’argile encore molle, si l’inhabileté du travail enfin permettait quelque hésita-
tion, d’autres organes, représentés avec une précision naïve, ne laissent subsister
aucun doute. Les vases de la Troade se placent à côté de ceux trouvés par MM. Gor-
ceix et Mamet auprès d’Acrotiri (île de Santorin) sous la couche épaisse de pierre
ponce qui constitue l’île actuelle, dans les ruines d’un village détruit, par conséquent,

1. C’est aussi l’opinion émise par M. Rhangabé, dans une lettre pleine de sens adressée à l’Académie des
inscriptions.

IX.

2e PÉRIODE.

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