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Gazette des beaux-arts: la doyenne des revues d'art — 2.Pér. 9.1874

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Nr. 5
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Sédille, Paul: Victor Baltard, architecte
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https://doi.org/10.11588/diglit.21838#0515

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494

GAZETTE DES BEAUX-ARTS.

Mais enfin Victor Baltard allait pouvoir réaliser son rêve suprême : élever un temple
à Dieu. 11 lui fut offert de construire une des nouvelles églises de Paris; il choisit par
sentiment celle qui devait être placée sous le vocable de Saint-Augustin.

Le fer et la fonte avaient si bien servi l’architecte des Halles, qu’il crut trouver en
eux les éléments nécessaires au vaste monument qu’il méditait. Obligé de compter avec
les ressources dont il disposait, son esprit hardi et inventif espérait résoudre le pro-
blème des temps modernes : l’économie, tout en inaugurant une architecture nouvelle
qui lui semblait devoir être la caractéristique de l’époque. Nous ne croyons pas que
Victor Baltard ait complètement réussi dans sa généreuse tentative. Malgré la beauté du
plan, malgré la noble ordonnance des ensembles, le monument, appuyé sur ses piliers et
sur ses fermes de fer et de fonte, semble à l’intérieur tout à la fois grêle et énorme ; on
sent ce cube immense du dôme central enveloppé de murs minces, et le vide perd son
effet imposant, parce que des masses pleines suffisantes ne lui sont pas opposées. C’est
qu’en effet, si la raison s’accommode d’équilibres savamment calculés, les yeux sont
rebelles aux renversements de la pondération naturelle. Et, par les yeux, les choses
vont à l’âme, seule digne et capable de recevoir entières les puissantes sensations pro-
duites par l’art spiritualisé. C’est donc à l’âme tout d’abord que doit parler le monu-
ment religieux, et si l’art peut ennoblir les formes et les parer de sa beauté, il faut
encore que la matière soit digne et que sa mise en œuvre contribue au grandiose de
l’ensemble. L’œil est aujourd’hui trop habitué aux grands espaces aisément franchis par
le fer pour être frappé d’un dôme dont l’ossature en métal s’accuse honnêtement, et on
ne saurait attendre de cet élément nouveau le grand effet des vastes coupoles qui, par
leur merveilleux appareil, soutiennent dans l’espace tout un monde de pierres. Si cet
effort gigantesque de l’homme pour agrandir la maison de Dieu impressionne vivement,
on ne saurait se sentir réellement ému par une conception analogue mais réalisée faci-
lement et économiquement par le fer devenu en ce temps le serviteur docile de tous les
travaux utilitaires modernes.

Malgré ces réserves, il faut louer dans cette grande œuvre de Victor Baltard de nom-
breuses parties très-réussies, et particulièrement la disposition générale du chœur. Il
faut aussi étudier les belles portes en bronze de la façade, portes sans doute inspirées
par le souvenir de celles que, trente années auparavant, il relevait à Trani et à Monte
Santangelo dans la Calabre. Il faut aussi de l’extérieur admirer le bel effet du grand
dôme dont la courbe harmonieuse s’élève superbe au milieu des quatre dômes inférieurs
des campaniles latéraux. S’il n’a pas été donné à Victor Baltard d’atteindre entièrement
le but qu’il se proposait : l’association du fer et de la pierre comme expression d’un
nouvel art monumental, il a du moins l’honneur d’avoir tenté une voie nouvelle qu’à
l’avenir seul il appartient de déclarer sans issue ou de révéler ouverte sur des horizons
nouveaux.

Tant de travaux divers ne suffirent pas cependant à l’activité laborieuse de Baltard;
on lui doit encore la construction d’un temple à Nérac, monument obtenu au concours;
la restauration du temple de l’Oratoire à Paris ; celle, rue de Grenelle, de l’église de
Panthemont, appropriée au culte réformé; la transformation de l’hôtel du Châtelet pour
y installer l’archevêché; la construction du petit corps de garde, boulevard Bonne-
Nouvelle; à Troyes, la décoration de la chapelle où fut placée la Vierge de Simart; dans
les Landes, la restauration du château de Sestat; puis des projets approuvés pour la
réédification de l’Hôtel de ville d’Amiens et ceux plus anciens pour l’érection d’une
tour d’horloge et de beffroi et d’une chapelle des catéchismes placées sur les faces
 
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